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“Le Flâneur” Chapelle Vidéo # 4
au musée d’art et d’histoire, Saint-Denis

du 15 février au 15 avril 2013



www.musee-saint-denis.fr

 

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 15 février 2013.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Boris Achour, Actions-Peu, 1995-1997 capture vidéo. © Boris Achour, Coll. Centre Pompidou.
2/  Halida Boughriet, Action, 2003 capture numérique. © Halida Boughriet, Coll. Centre Pompidou.
3/  Beat Streuli, USA 95 II, 1995 installation multimédia. © Beat Streuli, Coll. Centre Pompidou.


extrait du communiqué de presse

 

Commissariat : Christine Van Assche, Conservatrice en chef du service Nouveaux médias du Musée national d’art moderne, Centre Pompidou
Exposition réalisée par le Département de la Seine-Saint-Denis, le musée d’art et d’histoire de la Ville de Saint-Denis et le Centre Pompidou

 

Cette exposition met en relation trois regards différents, trois artistes appartenant à deux générations, explorant notre monde environnant, notre monde en mouvement, composé de mythes du quotidien. Elle fait écho à Chemins faisant, proposée à l’automne 2012 avec des oeuvres de la Collection départementale d’art contemporain.
Les images en mouvement, qu’elles soient des projections de photographies ou des bandes vidéo présentées sur moniteurs, sont des media privilégiés pour les artistes travaillant dans le cadre de l’environnement urbain. Le studio n’est plus, depuis longtemps, le lieu réservé de la création, qui s’est déplacé dans l’espace public.
« Observateur, flâneur, philosophe, (…), l’artiste est le peintre de la circonstance et de tout ce qu’elle suggère d’éternel », affirme Baudelaire dans les Écrits esthétiques. Évidemment les balades poétiques du XIXe siècle ont quelque peu évolué. Les artistes du XXIe siècle investissent la ville, s’emparent du contexte urbain, explorent les mythes du quotidien, observent les passants. Ils gardent leurs distances comme Beat Streuli, interagissent avec les gens, comme Halida Boughriet, inspectent les objets anodins de la rue, comme Boris Achour.

L’oeuvre de Beat Streuli, USA 95 II, 1995, est une installation composée d’un ensemble de photographies projetées et synchronisées dans un vaste espace. L’artiste propose une fresque de passants photographiés à distance, captant ainsi des expressions, des attitudes, des relations, mais aussi ce quotidien d’une foule « globalisée » captés à New York en 1995. Les projections d’images fixes sont organisées selon un rythme spatio-temporel décidé par Beat Streuli. Le spectateur deviendra lui-même l’observateur attentif d’un monde multiculturel en mouvement.
Avec Action, 2003, Halida Boughriet, réalise ici une «performance» dans le milieu urbain. L’artiste, préoccupée par les croisements des cultures occidentale et orientale, propose aux passants de la rue une interaction tactile.
Boris Achour se positionne, dans cette performance Actions-peu, 1995-1997, comme observateur avisé, interprétant le sens des signes anodins que propose le contexte urbain. Il y interagit de façon minimale en perturbant quelque peu l’ordre des choses.

Boris Achour
1966, Marseille (France) / Vit et travaille à Paris
Actions-peu, 1995-1997 Vidéo, PAL, couleur, son, 8’ Collection du Musée national d’art moderne, Centre Pompidou, Paris, France
Cette vidéo est constituée de huit courtes séquences. L’artiste français Boris Achour y est filmé intervenant dans l’espace urbain. Ses interventions sont minimales : il modifie ou perturbe le mobilier urbain en introduisant un matériau ou un objet incongru, éphémère et pauvre : pain d’épice, scotch, bouchées au chocolat, sacs plastiques, etc. L’action est toujours brève : sitôt faite, sitôt enregistrée. Ce qui s’y produit est amené à disparaître presque aussitôt. Pour Boris Achour, il ne s’agit pas d’embellir, de mettre en valeur : plutôt de jouer ironiquement avec les codes d’urbanisme. Ainsi, rendre conscient de ce qu’une ville impose, et inciter à la transgression ludique des règles. La suite de séquences pourrait continuer à l’infini. De ce fait, elle se présente moins comme une oeuvre achevée que comme un mode d’emploi.

Halida Boughriet
1980, Lens (France) / vit et travaille à Choisy-le-Roi
Action, 2003 Vidéo, PAL, noir et blanc, son 6’ Collection du Musée national d’art moderne,Centre Pompidou, Paris, France
Cette vidéo est la trace, l’enregistrement d’une performance réalisée dans les rues de Paris. Le principe en est simple : l’artiste française Halida Boughriet cherche à établir ou à provoquer un contact avec les passants, en les touchant avec la main. La caméra qui suit l’action est proche, mobile, rappelle certains reportages de télévision. Mais l’usage du noir et blanc contredit cette sensation d’urgence, esthétise et instaure une légère distance. De même, la bande son électronique ne cherche pas à illustrer, ni à dramatiser. Les visages sont invisibles : seuls comptent les gestes, les déplacements, les rythmes. Dans Action, l’artiste transgresse un interdit social, celui du toucher, et rend manifeste la soumission de chacun aux règles sociales.

Beat Streuli
1957, Altdorf (Suisse) / vit et travaille à Bruxelles
USA 95 II, 1995 Installation multimédia Édition 1/13 projecteurs HD 2010 avec carte mémoire 163 diapositives numérisées, couleur, silencieux Collection du Musée national d’art moderne,Centre Pompidou, Paris, France
Depuis le début des années 1990, l’artiste suisse Beat Streuli photographie les êtres anonymes, ceux qui déambulent dans les foules des grandes villes. Pas d’histoire, pas de psychologie, pas de sociologie : ce qui intéresse l’artiste, ce qu’il observe de loin, au téléobjectif, ce sont les gestes, les expressions et les mouvements de sujets singuliers, photographiés à leur insu. Le dispositif utilisé est proche du cinéma : dans l’obscurité, trois écrans alignés sur lesquels les images se suivent ou se superposent, se contaminent les unes les autres selon des principes de montage formels. Le silence, l’obscurité génèrent un calme qui contraste avec l’agitation urbaine montrée dans les photos. Au spectateur, ainsi rendu distant, s’il le souhaite, de rêver son propre récit.