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“sous influences” arts plastiques et produits psychotropes
à la maison rouge, Paris

du 15 février au 19 mai 2013



www.lamaisonrouge.org

 

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 14 février 2013.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Youssef Nabil, Natacha fume le narguilé, Cairo 2000, Photographie, courtesy Galerie Nathalie Obadia.
2/  Arnulf Rainer, Pfifff!!!, 1970-1975, Peinture, Technique mixte sur photographie N&B, 60 x 50 cm, série des Faces Farces, courtesy collection Wachsmann.
3/  Lucien Clergue, Le poète exhale. Carrières des Baux-de-Provence, 1959, courtesy Galerie Bert, Paris.


extrait du communiqué de presse

 

Commissaire : Antoine Perpère

 

« Il n’y a pas de problème de drogues, il n’y a que ses mystères et c’est l’espoir de les résoudre qui fait des mystères un problème » Georges Khal

La maison rouge présente, du 15 février au 19 mai 2013, Sous influences, une grande exposition sur les rapports entretenus par les artistes avec les produits psychotropes.
Depuis la nuit des temps ou plutôt l’aube de l’humanité, nos semblables ont croisé sur leurs chemins des substances psychoactives, plantes, champignons, macérations diverses et ces rencontres ont entrainé stupéfaction, intoxication, dépendance, accès mystique, soulagement, mort, voire illumination.
Les artistes, toujours à la recherche d’accès à la création, de passages, de déclencheurs, de transgressions, de stimulations, de routes vers des imaginaires transmissibles, ne pouvaient guère éviter d’en tenter les effets.
Hors de tout jugement moral, de prises de position socio-juridique, d’interprétation psychologique ou de choix esthétiques prédéterminés, l’exposition proposera des exemples, évidemment non-exhaustifs, de rapprochements entre les processus créatifs et l’utilisation de produits à effets psycho-dynamiques.
L’aspect le plus directement accessible est celui de la représentation plastique de produits ou de leur usage. Cette iconographie dépend beaucoup de l’état des moeurs et des rapports de force entre les expériences transgressives et les législations adoptées par la société. La grille de lecture des oeuvres varie donc entre le documentaire historique et le critère esthétique. On y joindra les affiches psychédéliques américaines des concerts de pop-musique, la publicité et une sélection de livres et publications sur ce sujet.
Un deuxième champ sera celui d’oeuvres, qui, sans ou avec l’intention de leurs concepteurs, produisent pour les spectateurs des effets approchant ceux des psychotropes (installations, environnements, dispositifs psycho-sensoriels).
Le troisième corpus, au coeur de cette problématique, est celui des oeuvres réalisées de façon volontariste ou en concomitance avec des prises de produits psychoactifs : usagers de drogues produisant des œuvres plastiques ou artistes expérimentant des modificateurs de la pensée à des fins de recherches créatives.
Films et vidéos prennent une part importante dans l’exposition, car ils semblent permettre, par la prise en compte du temps dans l’expression plastique, des tentatives originales de transcription et de documentation des modifications de pensée ou de perception.
Anciennes et nouvelles substances psychotropes ont de fait servi à certains artistes de déclencheurs de créativité, de vecteurs de voyage vers des « folies » qu’elles aient été parfois non maîtrisables ou productrices de souffrances. Leur traduction dans le champ esthétique ici présenté permettra à chacun d’en ressentir la constante complexité des effets.
Antoine Perpère

« Quand je buvais, je croyais que j’étais génial. Maintenant que je ne bois plus, je sais que je suis génial » Salvador Dalí

Formes sous Influences d’Antoine Perpère [extraits]
La drogue – des drogues
On s’accorde à distinguer les psychotropes en trois grandes catégories selon l'effet qu'ils produisent sur la conscience :

- Les psycholeptiques, qui abaissent le niveau de conscience et d’activité et qui procurent un apaisement des sensations douloureuses, physiques et psychiques, associé à une composante onirique importante. Ces substances, principalement de la famille pharmaceutique des dérivés opiacés (opium, morphine, héroïne,…) sont très addictogènes et le surdosage peut entraîner le décès.
- Les psychoanaleptiques, qui stimulent le niveau de conscience sans en modifier la qualité (cocaïne, crack, amphétamines, café…). Produits de la performance, du dopage, de l’excitation psychique et physique, ils sont eux aussi très addictogènes, plus sur un plan psychologique que somatique, et leur usage régulier entraîne un épuisement psychosomatique caractérisé.
- Les psychodysleptiques, qui perturbent qualitativement la conscience. Quasiment synonymes d’« hallucinogènes », ils entraînent des « états modifiés de conscience » (plantes et champignons hallucinogènes, cannabis, molécules de synthèse, LSD,…). Ils ne sont que très peu addictogènes, mais peuvent révéler des troubles mentaux sous-jacents.
La plupart des drogues n'ont pas de caractéristiques aussi tranchées. L’alcool en est le plus évident exemple, qui peut être tour à tour et selon le dosage, désinhibiteur, excitant, calmant, onirogène voire hypnotique. L'effet de tel ou tel psychotrope est étroitement lié à la personnalité de l’usager, à son état physique, à ce qu’il attend ou présume pouvoir attendre de son absorption, au contexte historique et social et, bien sûr, aux éventuelles autres substances associées.
(…)
Alors que le toxicomane a souvent recours à une drogue pour s’isoler des rapports de langage et, à tout le moins, ne cherche pas à rendre compte de l'altération de son état (si ce n’est à un thérapeute, et dans l’espoir alors de sortir de sa souffrance ou de sa dépendance), l'artiste – et c'est ce qui le distingue a priori du premier – vise à mettre en forme ce qu’il aperçoit de la réalité autre à laquelle un psychotrope lui ouvre l'accès ; si les drogues sont des clefs, encore faut-il trouver les serrures et portes correspondantes, et surtout avoir l'ambition de sortir, ou d'entrer, en tout cas le désir d'ouvrir. Tous les problèmes ont leur source là, mais aussi toutes les solutions, aussi diverses qu'elles seront, imparfaites, magiques, traîtresses, incroyables, dérangeantes ou merveilleuses. Les oeuvres que présente l'exposition Sous influences exemplifient trois positions de l'artiste face à la drogue ou aux drogues, trois tactiques de création que l'on peut caractériser par trois mots : Traduire / Simuler / Représenter.

Antoine Perpère, commissaire de l’exposition
Antoine Perpère est né en 1949 à Saïgon au Vietnam. À 30 ans, il devient cadre infirmier au Centre Médical Marmottan à Paris, dans le service d’hospitalisation d’usagers de drogues. Depuis 1991, il est chef de service éducatif au Centre de Soins, d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie de l’association Charonne à Paris.
Il a commencé une carrière d’artiste plasticien en 1980 et a été commissaire de l’exposition, Arts psychoactifs à la galerie Artcade de Marseille, en 2011.