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“Chagall” entre guerre et paix
au Musée du Luxembourg, Paris

du 21 février au 21 juillet 2013



museeduluxembourg.fr

 

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 19 février 2013.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Marc CHAGALL, Couple de paysans, départ pour la guerre, 1914, crayon, encre, gouache blanche sur papier beige, 18,5x22 cm. Paris, Centre Georges Pompidou, Musée national d’Art moderne / Centre de création industrielle, dation en 1988. © ADAGP, Paris 2013 / CHAGALL ® , © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN / Philippe Migeat.
2/  Marc CHAGALL, Le Cheval rouge, 1938-1944 , huile sur toile, 114 x 103 cm. Paris, Centre Georges Pompidou, Musée national d’Art moderne / Centre de création industrielle, dation en 1988, en dépôt au musée des Beaux-Arts de Nantes. © ADAGP, Paris 2013 / CHAGALL ® , © RMN-Grand Palais / Gérard Blot.


extrait du communiqué de presse

 

commissariat :
Jean-Michel Foray (1942-2012), conservateur général honoraire du patrimoine.
Julia Garimorth-Foray, conservateur au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris
Exposition est organisée par la Réunion des musées nationaux - Grand Palais

 

Chagall meurt en 1985, presque centenaire. Il a traversé le XXe siècle, connu une révolution, deux guerres et l’exil, côtoyé quelques-uns des artistes les plus novateurs, produit une oeuvre dans laquelle peuvent se lire son expérience intime de l’Histoire, le souvenir de ses rencontres, de ses voyages et de sa patrie.
Le XXe siècle a, pour une large part, refoulé l’allégorie et le narratif dans les oeuvres d’art. Et c’est parce que Chagall a su s’affranchir des règles et des codes – voire des diktats – de la pensée moderniste tout en s’en nourrissant, qu’il a pu rester figuratif et témoigner de son temps. Il emprunte aux mouvements d’avant-garde (cubisme, suprématisme, surréalisme) quelques-unes de leurs formes, semble parfois s’en rapprocher, mais demeure toujours indépendant. Le parallèle entre les images de guerre et les images de paix révèle la complexité d’une oeuvre qui ne se réduit jamais à un genre donné, mais intègre les événements, les situations et les émotions de l’artiste. Ainsi, selon les circonstances, Chagall visite et revisite certains thèmes, les enrichissant à chaque fois d’une dimension personnelle : sa ville natale de Vitebsk, les traditions juives de son enfance, les épisodes bibliques dont la Crucifixion, ainsi que le couple et la famille.

L’exposition qui commence avec la déclaration de la Première Guerre mondiale, s’attache à illustrer quatre moments clés de la vie et de l’oeuvre de Chagall:
La Russie en temps de guerre
Après un séjour de trois ans à Paris, Chagall part à Vitebsk retrouver sa fiancée Bella qu’il épousera en 1915. Il y est surpris par la déclaration de guerre. Bien que loin du front, il rend compte d’une réalité brute : les mouvements de troupes, les soldats blessés, les populations juives chassées de leurs villages. De la même façon, il s’attache à représenter l’environnement de son enfance dont il pressent la disparition et évoque, dans une série de tableaux, son intimité avec Bella.
• L’entre-deux-guerres à Paris
En 1922, Chagall quitte définitivement la Russie. Après une étape à Berlin, il revient à Paris où il doit à nouveau se forger une identité artistique. Il se consacre, à la demande de l’éditeur Ambroise Vollard, à l’illustration de différents livres dont la Bible – un texte dont il est si familier depuis l’enfance qu’il dira « Je ne voyais pas la Bible, je la rêvais ». Parallèlement aux oeuvres consacrées aux paysages, aux portraits et aux scènes de cirque, il réalise des peintures où figurent des personnages hybrides mi-animaux, mi-humains – parfaites illustrations du bestiaire chagallien – ainsi que de nombreuses images du couple comme autant de représentations métaphoriques de son amour de la vie.
L’exil aux États-Unis
En 1937, les autorités nazies saisissent les oeuvres de Chagall dans les collections publiques allemandes et trois de ses toiles sont présentées dans l’exposition « Art dégénéré » à Munich. Les événements politiques obligent Chagall à quitter la France et à s’exiler aux Etats-Unis en 1941. Installé avec Bella et Ida à New York, il retrouve plusieurs artistes et poètes juifs exilés comme lui. Bien qu’éloigné des lieux du conflit, Chagall n’ignore pas les actes de barbarie qui dévastent l’Europe et son pays natal. Guerre, persécutions, exode, villages en flammes hantent alors ses tableaux : désormais, une tonalité sombre envahit sa peinture. Le thème de la Crucifixion s’impose à lui comme symbole universel de la souffrance humaine. Son oeuvre, particulièrement créative durant cette période, reflète encore le besoin de revenir à ses racines. Il rend hommage à son épouse Bella, disparue en 1944.
L’après-guerre dans le sud de la France
Chagall rentre définitivement en France en 1949 et s’installe à Orgeval, puis à Vence. Il prend alors de la distance avec le passé. L’artiste se consacre désormais à de grands cycles comme la série des monuments de Paris et explore d’autres techniques (vitrail, sculpture, céramique, mosaïque, techniques diverses de gravure...). Son usage de la couleur se modifie sensiblement et donne naissance à des tableaux où se mêlent à la fois des tonalités expressives et une étonnante luminosité.

Cette dialectique de la guerre et de la paix, prise dans son sens le plus large, permet de mettre en relief des aspects essentiels de l’oeuvre de Chagall. Elle aide à comprendre, au gré des épisodes qui ont marqué sa vie, le lien entre le regard qu’il porte sur la condition humaine et cette technique picturale sincère et sensible dont la nouveauté demeure, trente ans après sa mort, toujours aussi saisissante.
L’exposition comporte une centaine d’oeuvres, provenant de musées en France et à l’étranger : Centre Georges Pompidou, Musée national d’art moderne /Centre de création industrielle, Paris ; Musée d’Art moderne de la Ville de Paris ; Musée national Marc Chagall, Nice ; Museum of Modern Art, New-York, Philadelphia Museum of Art ; Moderna Museet, Stockholm, State Tretyakov Gallery, Moscou, Folkwang Museum, Essen, et l’Albertina de Vienne ainsi que de collections particulières.