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“Paul Jacoulet” Un artiste voyageur en Micronésie
au musée du quai Branly, Paris

du 26 février au 19 mai 2013



www.quaibranly.fr

 

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 25 février 2013.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Paul Jacoulet, Vieil Aïno, Octobre 1950, Ethnie : Aïnou. Gravure sur bois en couleurs, 39,2x30 cm. © musée du quai Branly, photo Claude Germain, © ADAGP, Paris 2012.
2/  Paul Jacoulet, Flocons de neige, Avril 1956. Gravure sur bois en couleurs, 39,2x30 cm. © musée du quai Branly, photo Claude Germain, © ADAGP, Paris 2012.
3/  Paul Jacoulet, Le nautilus, 1958. Gravure sur bois en couleurs, 39,2x30 cm. © musée du quai Branly, photo Claude Germain, © ADAGP, Paris 2012.

 


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Interview de Christian Polak, commissaire de l'exposition Paul Jacoulet,
par Pierre Normann Granier, au Musée du quai Branly, le 25 février 2013, © FranceFineArt.

 

 


extrait du communiqué de presse

 

Commissaire
Christian Polak, Docteur en droit, spécialiste de l’histoire des relations franco-japonaises, spécialiste de l’oeuvre de Paul Jacoulet
avec la collaboration de Julien Rousseau, responsable des collections Asie au musée du quai Branly

Conseillers scientifiques
Kiyoko Sawatari, conservateur au Yokohama Museum of Art, Japon, spécialiste de l’oeuvre de Paul Jacoulet
Sébastien Galliot, spécialiste du tatouage en Micronésie

 

Parcours de l’exposition
Artiste voyageur, formé aux arts japonais, Paul Jacoulet a produit une oeuvre surprenante d’originalité. Estampes, aquarelles, dessins et objets personnels de l’artiste rassemblés dans l’exposition traduisent une fascination pour la diversité des hommes et des espèces naturelles. Le monde, vu par Paul Jacoulet, consacre une beauté idéale et éphémère, captée sur l’instant par le dessin et la couleur. Dans son oeuvre transparaît alors, de manière constante, l’esthétique japonaise de l’impermanence, une certaine poésie de la fragilité de l’homme et du monde.

L’artiste voyageur
Paul Jacoulet demeure, avant tout, un artiste japonais dans sa formation et dans sa sensibilité. Né fils unique et élevé dans la haute société de Tokyo, il reçoit une solide éducation artistique qui fera naître son intérêt pour la peinture, la calligraphie et le récit chanté (gidayu). Cet artiste complet est guidé, durant toute sa carrière, par sa passion pour les modes d’expression artistiques japonais, sous toutes leurs formes.
Son admiration pour ses professeurs de dessin et pour les grands maîtres de l’estampe, dont Utamaro, transparaît nettement dans son oeuvre mais ne prend jamais la forme de la copie. Elle le conduit très vite vers un style personnel, inspiré de ses voyages.
Dans ses séries d’aquarelles et d’estampes asiatiques, consacrées à la Corée, à la Chine et au Japon, Paul Jacoulet porte toujours un regard façonné par sa culture artistique japonaise. Quels que soient les lieux dont elles s’inspirent, ses compositions restent avant tout fidèles aux conventions de la gravure sur bois avec des portraits ou des représentations de la vie quotidienne, dans lesquels le rendu des costumes joue souvent un rôle essentiel.
L’exposition débute par un espace biographique sur Paul Jacoulet et rend compte de l’originalité de sa vie, un artiste français vivant au Japon au début du 20e siècle. Une sélection de gravures sur bois et d'aquarelles asiatiques, consacrées aux voyages réalisés par l’artiste en Corée ou en Chine introduisent le visiteur à son œuvre hors de Micronésie.

Vers la lumière des îles de la Micronésie
Durant la première moitié du 20e siècle, les archipels de Micronésie passent de la tutelle de l’Allemagne à celle du Japon, qui en garde le contrôle de 1914 jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale. C’est durant cette période, en 1929, que Paul Jacoulet visite pour la première fois ces îles. Ébloui par la nature et les cultures locales qu’il y découvre, l’artiste parcourt régulièrement la région jusqu’en 1932. Il ramène de chacun de ses voyages une production abondante d’aquarelles et de dessins, qu’il fait graver et imprimer par ses collaborateurs. Avec un sens de l’observation presque monographique, ces séries micronésiennes magnifient la diversité des espèces naturelles et des sociétés rencontrées. Elles parviennent toujours à rendre sensible la lumière si intense des îles du Pacifique. Particulièrement novatrices dans leurs sujets, ces oeuvres inspirées de la Micronésie sont aussi représentatives d’un style qui trouve, dès lors, sa pleine maturité. Grâce à elles, Paul Jacoulet est salué par la critique pour la justesse de son trait et la brillance de ses couleurs.
L’intérêt de Paul Jacoulet pour les insectes ne l’a jamais quitté. Avec une passion intarissable, il a rassemblé une collection de papillons qui comptait 30 000 spécimens. Leurs couleurs brillantes et leur élégance éthérée traversent toute l’oeuvre de l’artiste et expriment, en quelque sorte, son idéal de beauté. Avec un oeil avisé de collectionneur, Paul Jacoulet parvient à représenter les papillons avec un grand réalisme. Néanmoins, sa passion le conduit bien souvent à agrémenter ses compositions de ses espèces favorites avec une certaine fantaisie. Se retrouvent ainsi dans ses paysages d’Asie orientale ou de Micronésie des papillons du monde entier, quels que soient leurs véritables milieux naturels.
Paul Jacoulet a toujours été fasciné par l’esthétique des plantes, fleurs et arbres fruitiers. Dans son oeuvre comme dans la tradition japonaise, les plantes sont évoquées de manière poétique et métaphorique. Elles incarnent l’idée d’impermanence, de la beauté fragile et transitoire de la vie.

L’art du tatouage
Sous l’effet des présences coloniales et missionnaires puis de l’administration japonaise, la Micronésie connaît de forts changements culturels au cours de la première moitié du 20e siècle. La tradition du tatouage, notamment, tend déjà à disparaître lorsque Paul Jacoulet visite la région à partir de 1929. Séduit par ces archipels et par leurs habitants, le peintre y développe des relations personnelles, particulièrement à Yap et à Ponapé. Cette proximité lui permet d’observer le tatouage qui lui inspirera de nombreuses études et dessins préliminaires. Au-delà de leur dimension artistique, ces séries réalisées à l’aquarelle et à la mine de graphite constituent aujourd’hui un corpus iconographique unique, témoignant des tatouages micronésiens anciens qui indiquent le rang social et le sexe de chaque individu, et sont le symbole de l’identité de chacun. La représentation des corps tatoués, à la fois sensible et intime, traduit l’émerveillement de l’artiste pour ces cultures insulaires. Elles offrent ainsi une vision poétique et humaniste, bien loin du discours et des dessins scientifiques des ethnologues.

L’art de la parure
Au contact des populations des îles du Pacifique, Paul Jacoulet porte un regard attentif à l’esthétique des parures traditionnelles. Les oeuvres qu’il y consacre possèdent aujourd’hui une forte valeur documentaire et témoignent de la place importante qu’occupait l’ornement corporel dans ces sociétés. En s’intéressant à ce sujet, Paul Jacoulet renouvelle un thème classique de la gravure sur bois japonaise, dont les portraits décrivent avec détails les vêtements, coiffures et maquillages. Ainsi l’élégance du port des plumes et des coquillages en Micronésie, fait écho à l’apparence recherchée des acteurs du théâtre kabuki ou des courtisanes japonaises qui ont tant inspiré le genre de l’estampe. Ce goût tout particulier pour l’ornement du corps rejoint aussi celui du théâtre et du déguisement chez un artiste multiple qui est resté, durant toute sa carrière, à la fois peintre et récitant de chant costumé (gidayu).

L’intime
La tradition japonaise de l’estampe érotique place au premier plan l’acte sexuel, avec une certaine pudeur face au corps, toujours représenté vêtu. Chez Paul Jacoulet, l’approche de l’intime est plus proche du nu de la peinture occidentale. L’esthétique des traits et du modelé du corps y est pleinement mise en valeur, sans allusion directement érotique. La quasi nudité du monde micronésien permet au contraire à l’artiste d’évoquer une innocence originelle, proche de la nature. Le dessin vif des corps, se détachant sur des décors brillants, animés par la végétation et les insectes, offre la vision d’un monde obéissant à une esthétique naturelle et au-delà de toute pudeur.

L’univers de Paul Jacoulet
Le choix des crayons, papiers et couleurs a largement contribué au style de Paul Jacoulet. Tout au long de sa carrière, l’artiste a porté une attention constante à la qualité et à la composition des pigments de couleur, pour lesquels il a eu la plus grande exigence. L’usage de matériaux naturels souvent précieux, comme la poudre de perle ou de mica, permet de créer un univers artistique qui magnifie la réalité.

 

 

Une donation exceptionnelle au Musée du quai Branly
Les oeuvres présentées dans cette exposition ont été sélectionnées parmi celles de la donation majeure de 2950 aquarelles, dessins, études et autres documents de Paul Jacoulet faite par Madame Thérèse Jacoulet-Inagaki au musée du quai Branly.
Cette donation, actuellement en dépôt au musée appartiendra officiellement au musée le jour du vernissage de l’exposition.