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“Paint it Black” page 848
Le Plateau, Frac Île-de-France, Paris

du 14 mars au 12 mai 2013



www.fracidf-leplateau.com/

 

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage, le 13 mars 2013.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Ralph Eugène Meatyard, Untitled, (Christopher with glass fragment covering his face), 1966, Collection du Frac Île-de-France © Ralph Eugène Meatyard.
2/  Ben Rivers, The Coming Race, 2006, Collection du Frac Île-de-France © Ben Rivers.
3/  Dove Allouche, Les Fumeurs noirs (8), de la série Black Smokers, 2010, Collection du Frac Île-de-France © Dove Allouche.


extrait du communiqué de presse

 

Commissaire de l'exposition : Xavier Franceschi

 

Avec les oeuvres de Dove Allouche, Iñaki Bonillas, Mario Garcia Torres, Francesco Gennari, Pierre Huyghe, Joachim Koester, Bertrand Lamarche, Annika Larsson & Augustin Maurs, Benoît Maire, Ralph-Eugene Meatyard, Helen Mirra, Olaf Nicolai, Gianni Pettena, Evariste Richer, Ben Rivers, Margaret Salmon, Bettina Samson, Wolfgang Tillmans

 

Nouvelle exposition au Plateau conçue à partir des dernières acquisitions du Frac Île-de-France, Paint it Black repose sur un parti pris radical : ne sélectionner parmi l’ensemble ainsi récemment constitué que les oeuvres en noir et blanc, à l’exclusion de toute autre couleur.
Le choix pourra paraître arbitraire. Il l’est totalement. Même si, force a été de constater que nombre des oeuvres acquises ces derniers temps répondaient objectivement à ce simple critère – ce qui aura déterminé malgré tout cet angle d’approche –, il s’agit en effet d’affirmer en premier lieu le caractère subjectif voire artificiel d’une proposition qui nous engage en réalité à dépasser toute entrée thématique, à voir au-delà.
Ici, point de propos définitif sur la noirceur d’un monde en crise, point d’étude approfondie sur les différentes nuances de gris dans l’art contemporain, mais un parti pris formel pour mieux privilégier les oeuvres en elles-mêmes qui, au-delà de ce mince dénominateur commun, sont présentées pour ce qu’elles sont, dans leur propre autonomie.

En cela, Paint it Black s’inscrit dans la lignée de certaines expositions qui de la même façon ont joué à réduire au maximum le principe thématique et éviter ainsi que les oeuvres ne soient que de simples illustrations d’un sujet donné. Elle s’inscrit également dans la logique d’un projet global consistant à multiplier le jeu et l’expérimentation avec la collection pour des expositions ayant régulièrement adopté ce principe d’un fil conducteur – aussi déconcertant soit-il – favorisant la vision première de l’oeuvre.

Ainsi peut-on découvrir dans toute leur splendeur les points de vue extrêmes de Dove Allouche, l’interprétation surréaliste de « passes » de Joachim Koester, la vision démiurgique et un rien machiavélique de Francesco Gennari, la captation hallucinée du déchirement d’un couple de Margaret Salmon, ou bien encore la projection fantomatique lancinante de Bertrand Lamarche…

En même temps, Paint it Black, de par son principe fondateur et sa tonalité, est aussi une proposition signifiant de fait une forme de globalité. D’évidence, elle indique une atmosphère, un climat – une couleur – que le visiteur (ce visiteur qui seul sera susceptible d’y apporter d’autres couleurs) appréhendera forcément en tant que tels. Ce d’autant plus que, loin de rassembler de façon exhaustive toutes les oeuvres en noir et blanc acquises récemment, le travail de conception de l’exposition a consisté, sur le premier cadrage ainsi défini, à affiner une sélection pour in fine former une composition des plus cohérentes.
À cet égard, les oeuvres s’enchaînent sans jamais rompre certaines des logiques qu’elles induisent elles-mêmes, et le parcours nous fait passer tour à tour à travers différents modes d’abstraction du réel, par des jeux convoquant la mémoire, ou bien encore à travers diverses visions cosmiques de l’univers.
En réalité, cette exposition en noir et blanc oscille en permanence entre la lecture d’un ensemble et celle des parties qui le composent sans qu’à aucun moment l’une prenne le dessus sur l’autre. Mieux : elles se confondent l’une l’autre, considérant que le choix que chacun des artistes présents aura fait du noir et blanc pour son oeuvre correspond en réalité au choix qui aura été effectué pour l’ensemble de l’exposition.

Autre trait caractéristique de Paint it Black, l’exposition est jalonnée de partitions réalisées par des artistes. Outre le fait que ce mode de transcription s'est fait historiquement noir sur blanc - ce même noir et blanc que les artistes conceptuels ont privilégié dans leur quête d’idéal -, au delà de ce rapport à la musique qu’indique déjà le titre de l’exposition, la présence de ces transpositions musicales est aussi celle de véritables protocoles. Des protocoles en écho au protocole général qui a donc généré Paint it Black.

Xavier Franceschi