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“Meltem” page 857
au Palais de Tokyo, Paris

du 20 mars au 15 avril 2013



www.palaisdetokyo.com
www.ensad.fr

 

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 21 mars 2013.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Stéphanie Lagarde, Pleine Lune, 2008, mousse phénolique, acier 
120×80×130 cm, Courtesy de l’artiste.
2/  Charlotte Charbonnel, Vibrato con sordino, 2011. Cordes, ballon en verre, eau, 
Dimensions variables, 
Courtesy de l’artiste. Vue de l’exposition « Vibrato con sordino », 14 janvier-26 mars 2011, La Verrière Hermès (Bruxelles)
Photo : Frédéric Halna.
3/  Jérémy Gobé, Corail Restauration, 2012. Corail continué avec des chevilles de chantier sur un bureau Emmaüs, Dimensions variables, Courtesy de l’artiste.



Texte de Sylvain Silleran, rédacteur pour FranceFineArt


Le Palais de Tokyo nous convie à une exposition rafraîchissante des travaux de huit jeunes diplômés de l'Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs.

Fanny Châlot, avec l'installation Mundus, a créé un dispositif pour capter la lumière. Cette lumière est ensuite projetée, flammes dansantes, fluctuantes, dont la subtilité et les lentes variations forcent à prendre le temps de regarder. Mouvements presque imperceptibles et faible intensité lumineuse font surgir des images aux limites de l'invisible. L'écran incliné ainsi que le banc forment un angle précis, dessinant par prolongement dans l'espace une forme non matérialisée qui prend son existence dans une parfaite intégration à l'architecture du lieu.

Jean Baptiste Caron travaille sur la pesanteur. Des volumes géométriques simples, cubes, cylindres de grès blanc sont empilés, se déformant au fur et à mesure de leur élévation, comme écrasés par une intense pesanteur. Les formes évoquent tour à tour la rigueur mathématique ou l'organique, le rigide et la souplesse du textile, comme si des forces extérieures transformaient la nature même du matériau en même temps que ses formes. De l'empilement naissent des séquences, comme les images successives d'un film, introduisant une temporalité dans l'expression de la matière.

Plus loin, un cabinet de curiosités de Julie Said, boîte à trésors, collection d'objets chinés. Fermée sur elle-même, l'installation montre et cache simultanément ses richesses. Le spectateur doit se contorsionner ou se dresser sur la pointe des pieds pour trouver où glisser son regard. Réflexion sur le trésor, le précieux, dont la valeur vient de la difficulté à le trouver. En construisant un écran de protection autour d'objets simples comme des coquillages, ceux-ci deviennent fragiles et luxueux, par la seule mise en scène de leur préciosité.

Autre réflexion sur le précieux, celle de Jérémy Gobé. Un massif de corail colonise l'espace. Partant d'une table, la forme organique s'étend et recouvre le sol et les éléments de l'architecture. Réalisé avec 150 000 chevilles de chantier, il confronte un monde industriel dévalorisé à une nature valorisée pour ses valeurs esthétiques. L'œuvre met ainsi en parallèle la lutte pour la survie de ces univers opposés, tous deux menacés d'extinction.

Charlotte Charbonnel utilise le son comme matière première. Des micros en mouvement captent le son ambiant qui est intégré à une composition sonore dynamique. Ce son sort de gros tubes de PVC, semblables aux racines d'un arbre sortant du sol et à des canalisations existantes. Instrument de musique jouant des mélodies issues du vent, de l'eau, de la nature.

Ces œuvres sont autant de questions sur les forces qui nous entourent, le temps, la nature, la culture, mais une interrogation joyeuse et enthousiaste, printanière.

 

Sylvain Silleran

 


extrait du communiqué de presse

 

Commissariat : Daria de Beauvais et Catherine Strasser

 

Avec Jean-Baptiste Caron, Fanny Châlot, Charlotte Charbonnel, Olivier Chiron, Jérémy Gobé, Stéphanie Lagarde, Julie Said et Giuliana Zefferi

Cette exposition conçue en partenariat avec le Palais de Tokyo permet de découvrir les oeuvres de jeunes artistes diplômés du secteur Art-Espace de l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs.

 

Meltem, le vent qui détourna Ulysse de son retour à son île natale, le mena cependant à ses expériences les plus bouleversantes et enrichissantes. Activité surgie du choc entre hautes et basses pressions, puissance conduisant vers des caps imprévus, Meltem permet les rencontres inattendues et les métamorphoses du réel.
Une génération d’artistes vient et l’espace d’exposition s’en trouve modifié. Ils y apportent leurs apparitions, leurs extensions, leurs assemblages et leurs transformations. Les oeuvres proposées configurent un monde sens dessus dessous mais merveilleusement disparate.
Jean-Baptiste Caron, Fanny Châlot, Charlotte Charbonnel, Olivier Chiron, Jérémy Gobé, Stéphanie Lagarde, Julie Said et Giuliana Zefferi ont développé durant leur formation des savoir-faire et des cultures propres aux différents champs de la création contemporaine et exercent aujourd’hui leur capacité de métamorphose par des moyens d’expression nécessitant des techniques très diverses.
Une réflexion sur la pratique de la sculpture et de l’installation les réunit mais chacun y affirme une singularité évidente. Contamination organique ou travail sur le volume, le son, sculpture composite ou installation vidéo : leurs œuvres témoignent tant d’une aptitude expérimentale que d’une attention spécifique aux modes de production, car tout objet inscrit une trace active dans la réalité. Dans un monde dominé par l’image et la virtualité, ces démarches proposent un autre rapport, dynamique et tangible, à la matérialité, porté par un vent nouveau.

L’École nationale supérieure des Arts Décoratifs est un établissement d’enseignement supérieur relevant du ministère de la Culture et de la Communication qui offre dix secteurs de spécialisation : Architecture intérieure, Art-Espace, Cinéma d’animation, Design graphique/multimédia, Design objet, Design textile et matière, Design vêtement, Image imprimée, Photo/ vidéo, Scénographie.
La formation se déroule sur cinq ans et conduit à un diplôme reconnu au grade de master. EnsadLab, son Laboratoire de recherche, offre également une dizaine de programmes de niveau doctorat.
Plus spécifiquement l’enseignement du secteur Art-Espace s’appuie sur les compétences des différents secteurs de l’École et propose une expérience technique et technologique reliée structurellement à une réflexion théorique. La pratique de l’espace se comprend dans toutes ses applications, de la sculpture à l’installation, dans les médiums traditionnels et actuels. Les artistes diplômés se sont déjà distingués sur la scène française. Benoit Pype et Mimosa Échard ont notamment été présentés en 2012 dans le cadre des Modules du Palais de Tokyo.