contact rubrique Agenda Culturel : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.


“Julien Creuzet” page 863  
à l’Espace d’art contemporain Camille Lambert, Juvisy-sur-Orge

du 23 mars au 27 avril 2013



http://www.portesessonne.fr

 

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage, le 23 mars 2013.

863_Julien-Creuzet_1863_Julien-Creuzet_2863_Julien-Creuzet_3

Légendes de gauche à droite :
1/  Julien Creuzet, Nasse hexagonale, 2011, tasseaux et sangles, 190x60 cm Courtesy Galerie Dohyang Lee. Crédit photo : Pierre Capiemont.
2/  Julien Creuzet, Standard and Poor's, le canal de la mise au monde, un tractus tubulaire, 2012, tee-shirt, balanes (groupe de coquillages). Courtesy Galerie Dohyang Lee.
3/  Julien Creuzet, Standard and poor’s, Le grand ensemble. 2012, bois du nord européen, bois du Brésil, sac poubelle recyclable, verre de Murano, tirage papier; dimension variable. Crédit photo : Hugo Renard.

 


Texte de Mireille Besnard, rédactrice pour FranceFineArt.

 

Des matériaux simples pour une œuvre en archipel
Les matériaux de Julien Creuzet sont simples : le bois, la fibre textile, le coquillage, parfois le papier et, aussi, les mots. Il s’approprie des objets du quotidien, des ready-made qu’il modifie légèrement, dont il change l’usage, la signification, le sens de lecture ou d’orientation : des étagères standardisées, des cartons à bananes, des sacs plastiques, des sangles, des vêtements, des livres, des dénominations courantes, etc. L’œuvre est conçue en archipel. Elle se constitue de plusieurs éléments qui peuvent s’entrecroiser ou fonctionner séparément. Elle invite au cabotage, à la navigation à vue ; les retours en arrière, les zig-zags étant possibles et même bienvenus. Le parcours est libre, même si l’on peut aussi y lire aussi une histoire de vie, de la procréation au retour à la poussière. L’objet, de toute façon, reste au centre des préoccupations. Il est transformé, malaxé, acquiert une nouvelle forme, entre en combinaison avec d’autres et peut faire sens de différentes façons. Tout n’est pas donné, mais plutôt suggéré. Le titre de l’œuvre ouvre à de nouvelles lectures, mais on reste, avec bonheur, toujours loin de vérités proclamées.

Un syncrétisme formel, temporel et géographique
Grâce à ce mariage habile de jeux de formes et de mots, Julien Creuzet, nous offre une balade subtile, sans manichéisme, dans l’histoire des formes et des matériaux ; une histoire qui se mêle à celle des Caraïbes, à la géographie tristement triangulaire ; une histoire qui trouve ses racines tant en Afrique qu’en Europe, dans l’hexagone, dans une métropole qui oublie trop souvent son insularité, et les raisons de son éparpillement dans le monde. Avec un syncrétisme formel, temporel et géographique, l’artiste permet la ré-interrogation des formes et des objets qui détiendraient le récit du monde si on voulait vraiment les regarder. Julien Creuzet justement les questionne dans ce qu’ils ont souvent de plus standard : leur contenance. Par exemple, la dimension des étagères les plus répandues au monde, qui pourraient accueillir un corps humain allongé comme le faisaient les lattes disposées dans les cales des négriers ; ou bien, ces caisses de bananes qui peuvent contenir les 17 volumes de L’histoire de France de H. Martin. Dans ces propositions, les objets gardent aussi leur potentialité de rituels sans y être contraints, comme ces conques de lambi, tout à la fois moyen de communication et objet funéraire.

Pour une  « créolisation du monde »
Revendiquant l’héritage d’Aimé Césaire et d’Edouard Glissant, l’artiste propose plus qu’une re-lecture de l’histoire et une compréhension des enjeux du présent, il offre une vision du monde. Celle-ci est complexe et subtile, issue d’un métissage formel, fait de minimalisme et d’arte povera. Recentrée sur la mémoire des Caraïbes, elle ne s’y limite pas, mais y puise une énergie qui interroge les standards de fabrication et de pensées et appelle à une vraie « créolisation du monde ».

 

Mireille Besnard



extrait du communiqué de presse

 

Dans le cadre de la 2ème édition du parcours 3 en UN / 3 artistes 3 lieux


« Julien Creuzet est originaire de la Martinique, située au carrefour de plusieurs cultures. Ses origines caribéennes se lient dans son travail à travers une série de références à son histoire et à ces cultes qui constituent le terreau d’une recherche identitaire. Inspiré par la géographie insulaire, l’artiste conçoit son travail comme un archipel, un ensemble d’oeuvres qui n’annule pas pour autant l’individualité de chacune d’elles. À travers ces artefacts, objets communs de consommation qu’il manipule et réinvente, l’artiste tente d’entrer dans l’Histoire et dans sa mémoire.
Comme dans l’espace de l’atelier, les pièces présentées renvoient à un monde en gestation.
Les structures en bois - sorte d’étagères - apparaissent comme des symboles de construction, mais témoignent également de l’assimilation d’un savoir-faire, d’une culture. Dessus, gît un coquillage, une conque lambis – utilisée tour à tour dans l’histoire comme instrument de musique et objet magique pouvant chasser les esprits – dont la polysémie superpose les niveaux d’interprétation et tisse le réseau sémantique du travail de Julien Creuzet. Par extension, le téléphone portable renvoie à la fonction première et quasi-primitive du coquillage comme récepteur, et pose la question de la standardisation des cultures et de la globalisation des échanges.
L’ouvrage illustré de dessins rehaussés au stylo par l’artiste complexifie les motifs d’origine en ajoutant une autre trame de signification. L’oeuvre agit ainsi comme un palimpseste, découvrant ses couches successives. L’essentiel se situe dans le rapprochement des formes. Composée d’imageries d’époques différentes et renvoyant à un anachronisme de cultures, l’installation constitue un ensemble jouant d’une réflexion commune. En maintenant le contenu à distance l’artiste annule toute possible référence à une culture unique. Véritables supports d’interprétation, ses oeuvres laissent au visiteur le devoir de s’approprier les formes, d’en faire des idées. »
Elisa Rigolet

3 EN UN
L’exposition 3 en UN est née d’une volonté partagée par trois structures de l’axe sud de la banlieue parisienne de s’associer, afin de présenter une exposition parcours qui se développe dans leur 3 lieux : Le Générateur, l’Espace d’art contemporain Camille Lambert, la Maison d’art contemporain Chailloux.
En 2012, 3 en UN / La sculpture a réuni neuf artistes dont le travail questionnait le volume et la relation à l’espace. Cette 2ème édition de 3 en UN s’écarte de l’orientation artistique initiale en interrogeant l’objet et son installation à travers d’autres outils, d’autres médiums tant sur le plan du matériau que de l’espace et expose trois artistes : Julien Creuzet, Claude Faure et Carlos Kusnir.

Carlos KUSNIR au Générateur, du 23 mars au 13 avril
Julien CREUZET à l’Espace d’art contemporain Camille Lambert, du 23 mars au 27 avril
Claude FAURE à la Maison d’Art Contemporain Chaillioux, du 6 avril au 20 juillet