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“Guy Debord” un art de la guerre
à la BnF François-Mitterrand, Paris

du 27 mars au 13 juillet 2013



www.bnf.fr

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Légendes de gauche à droite :
1/  Internationale lettriste, Si vous vous croyez du génie..., Tract, décembre 1955. BnF, dpt. Manuscrits, fonds Guy Debord.
2/  Guy Debord, La Société du spectacle, Paris, Éditions Champ Libre, 1971, Imprimé. BnF, dpt. Manuscrits, fonds Guy Debord.
3/  Alice et Guy Debord jouant au Jeu de la Guerre, août 1987. Photographie de Jeanne Cornet. BnF, dpt. Manuscrits, fonds Guy Debord.

 


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Interview de Laurence Le Bras et Emmanuel Guy,
par Anne-frédérique Fer, à la BnF, le 26 mars 2013. © FranceFineArt.

 

 


 

extrait du communiqué de presse :

 

Commissariat :
Laurence Le Bras, conservateur, département des Manuscrits, BnF
Emmanuel Guy, chargé de recherches documentaires, département des Manuscrits, BnF

 

Paris, 1953, au fond de la rue de Seine, un jeune homme écrit sur un mur en hautes lettres :
NE TRAVAILLEZ JAMAIS !

A la fois poète, artiste, penseur révolutionnaire, directeur de revue et cinéaste, Guy Debord (1931-1994) a livré, avec ses archives, non seulement l’histoire d’une oeuvre, mais aussi celle d’aventures collectives dont il se fit souvent le stratège. L’exposition aborde la théorie, les pratiques et les combats d’une lutte ininterrompue contre la société du spectacle. Outre les manuscrits, tracts, affiches, documents préparatoires des films, photographies, œuvres de Guy Debord et de ses compagnons de route, l’exposition présente l’ensemble inédit de ses fiches de lecture, centre permanent de l’oeuvre et miroir d’une vie. Autant de documents qui permettrent de mieux comprendre le parcours d’un auteur dont les thèses continuent de porter le fer contre nos sociétés contemporaines.
Guy Debord n’a jamais travaillé. Il a beaucoup marché dans les rues de Paris, bu – et lu – certainement plus que d’autres et a forgé dans ses oeuvres, écrites ou filmées, les armes théoriques d’une critique sans concession de la société moderne. Les mouvements d’avant-garde dont il fut l’initiateur, l’Internationale lettriste (1952-1957) puis l’Internationale situationniste (1957-1972), furent les points d’appui de cette lutte organisée pour combattre tout ce qui fait entrave à la vie véritablement vécue.
Guy Debord fut avant tout le stratège d’une guerre de mouvement contre les faux-semblants de notre société, dont il démontra très tôt et très précisément le mécanisme pervers dans son livre La Société du spectacle (1967). Alimenté par le pouvoir, les médias, la culture et la foule de représentations qu’ils génèrent, le spectacle régit nos existences, fait écran entre nous et les autres et se montre redoutable envers toute contestation qu’il récupère et modèle à son image. Aliénation diffuse et illusionniste, il est une culture au sens large, que régit la logique de la marchandise, relayée au quotidien par ses produits. Le combattre implique donc de concevoir et de manier un véritable art de la guerre.
C’est sous cet angle de la stratégie que sont abordés l’oeuvre et le parcours de Guy Debord et de ses compagnons d’armes, dans l’exposition que lui consacre la BnF.
Conçu dès 1956, le Jeu de la guerre de Guy Debord constitue à la fois la synthèse stratégique de son oeuvre et le principe structurant de l’exposition. Toutes les époques et les oeuvres sont présentées dans cette perspective d’une guerre à mener pour se maintenir sans cesse hors du champ de contrôle de nos vies par le système organisé de consommation de marchandises sans cesse renouvelées.
Le parcours de l’exposition se déroule autour d’un centre, constitué de l’inédite collection de fiches de lecture de Guy Debord : sur des centaines de feuillets, ce lecteur infatigable a reporté les passages à retenir, les commentant à l’occasion, et préparant ainsi de futurs détournements ou aiguisant ses armes et ses concepts au contact d’autres auteurs.
« Pour savoir écrire, il faut avoir lu. Et pour savoir lire, il faut savoir vivre ». Ainsi, de ce centre d’où tout s’élance et où tout revient, sont présentés, époque après époque, les oeuvres, le regard et la pratique de Guy Debord, mais aussi l’aventure collective de ceux qui unirent leurs efforts pour concevoir une société à leurs yeux moins absurde que le système d’une économie capitaliste marchande, alors en plein essor.

Paris, 2013, sur les quais de la Seine, Guy Debord, classé Trésor national, entre pour de bon dans le spectacle, dont il fut le plus intransigeant des critiques. Mais avec lui, pour le combattre encore, son art de la guerre.