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“Les Macchiaioli 1850-1874” des impressionnistes italiens ?
au Musée de l'Orangerie, Paris

du 10 avril au 22 juillet 2013



www.musee-orangerie.fr

 

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 9 avril 2013.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Antonio Puccinelli (1822-1897), Ritratto di Nerina Badioli (Portrait de Nerina Badioli), 1855-66. Huile sur toile, 56x42,5 cm. Rome, GNAM. © Rome, National Gallery of Modern Art. By permission of Ministero per i Beni e le Attività Culturali.
2/  Silvestro Lega (1826-1895), La visita (La Visite), 1858. Huile sur toile, 31x60 cm. Rome, GNAM. © Rome, National Gallery of Modern Art. By permission of Ministero per i Beni e le Attività Culturali.
3/  Silvestro Lega (1826-1895). Un dopo pranzo o Il pergolato (Après le déjeuner, ou La pergola), 1868. Huile sur toile, 75x93,5 cm. Milan, Pinacoteca di Brera. © Archives Alinari, Florence / Dist. RMN, Goerges Tatge.

 


Texte de Mireille Besnard, rédactrice pour FranceFineArt.

 

Les Macchiaioli italiens étaient-ils des impressionnistes ? Comment les deux mouvements se sont-ils influencés l’un l’autre ? Quelles influences les voyages de De Tivoli en France et de Degas en Italie ont-ils eues sur les recherches picturales des deux côtés des Alpes ? Ces questions ne cessent d’accompagner le visiteur qui a franchi les portes du musée de l’Orangerie. Les commissaires de l’exposition ont choisi de laisser l’énigme entière. Ils offrent plutôt une plongée dans l’univers lumineux des Macchiaioli, ces peintres italiens qui commencèrent à se réunir à Florence vers 1855, dans une Italie secouée par l’effervescence et la violence du mouvement qui l'amena à son indépendance et à son unité.

Car c’est un univers contrasté que celui que les Macchiaioli peignent. De la douceur et de l’apparente simplicité de la campagne toscane, accessible grâce au mécénat du critique Diego Martelli, à la violence des champs de batailles auxquelles ils ont souvent participé, de l’intimité feutrée d’une bourgeoisie florissante, à son engagement auprès des troupes garibaldiennes, ces peintres traduisent les tensions qui traversent cette époque bouleversée par les révolutions industrielles et nationalistes. Par là même, ils entrent en rupture avec l’académisme alors en vigueur. Seul Telemaco Signorini tente un regard critique à travers une œuvre comme Scène de halage qui pointe les antagonismes sociaux. Dans l’ensemble, cependant, les Macchiaioli, à l’instar des impressionnistes, resteront dans le giron bienveillant d’une bourgeoisie qui cherche encore à fixer son regard sur le monde.

Formellement, c’est pourtant la saisie du contraste qui animera les recherches picturales du groupe des Macchiaioli. Un contraste qui définit les zones sombres et les zones claires, ces « taches » (macchia) qui donneront le nom de Macchiaioli que la langue française hésite toujours à traduire. Un contraste lumineux, qui les mènera à une perception synthétique de la lumière, du relief et des couleurs. Une recherche picturale tournée vers la perception du visible, facilitée par le travail en plein air, comme le pratiquait l’école de Barbizon, et certainement, comme le suggère la présentation de clichés dans l’exposition, bouleversée par la venue de la photographie dans l’univers de la peinture. Car il s’agissait bien pour les impressionnistes, comme les Macchiaioli de peindre la lumière.

Mireille Besnard

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissariat :
Marie-Paule Vial, directrice du musée de l’Orangerie

Beatrice Avanzi, conservateur au musée d’Orsay
Isabelle Julia, conservateur général honoraire du patrimoine
María López Fernández, conservateur en chef, Fundación MAPFRE


L’Italie est toujours, au XIXe siècle, le pays visité par tous les artistes européens à la recherche des grands exemples, tout autant que de la couleur locale et du pittoresque. Florence est alors la capitale intellectuelle de ce pays en construction ; bien des changements politiques décisifs s’y élaborent dans les nombreux cafés et salons. Victor-Emmanuel de Savoie, proclamé roi d’Italie en 1861, y installe la capitale du nouveau royaume en 1865 avant la prise de Rome en 1870.
Les Macchiaioli constituent à Florence dans les années 1855 un groupe rebelle. Principalement toscans mais également venant de toutes les régions de la péninsule de Venise à Naples, qui sont ces Macchiaioli au surnom intraduisible en français ? Littéralement des « tachistes », cette désignation parodique et péjorative est apparue dans la presse en 1862 à l’occasion d’une exposition et fut adoptée par les intéressés eux-mêmes.
Ils donnent un souffle nouveau à l’art italien rompant avec le néoclassicisme et le romantisme dominant, renouvelant la culture picturale nationale. Ils sont considérés comme les initiateurs de la peinture moderne italienne. Ces jeunes gens, engagés politiquement, participent aux guerres de l’Indépendance italienne de 1848 à 1859, soutenus par les troupes de Napoléon III contre les Autrichiens, et aux batailles pour l’unité de l’Italie.
Au même titre que Giuseppe Verdi, ils sont les acteurs et les représentants de l’unité italienne en marche, le Risorgimento. Ils peignent les grandes batailles (Solferino, Magenta) tout autant que l’engagement de la bourgeoisie dont les jeunes femmes confectionnent les fameuses chemises rouges garibaldiennes (Boranni).
C’est au Caffè Michelangiolo via Larga qu’ils se réunissent à partir de 1855 autour du critique et mécène Diego Martelli. Edgar Degas les fréquente lors de son premier voyage en Italie (1856-1860), ainsi que d’autres artistes français tels James Tissot, Gustave Moreau, Marcelin Desboutin. Lorsque Martelli hérite en 1861 du Castello Pasquin, domaine agricole à Castiglioncello, au bord de la mer près de Livourne, la petite colonie (Fattori, Signorini…) aime à prendre ses quartiers d’été dans ce lieu à la nature sauvage et magique. Lega, quant à lui, préfère au sud de Florence le calme de la campagne de Piagentina.
Les Macchiaioli affirment que l’image du vrai est un contraste entre les taches de couleurs et le clair-obscur. Ils recommandent une observation scrupuleuse et exacte des formes infinies et des caractères du monde contemporain. Ils accordent une importance prépondérante au paysage souvent peint sur des panneaux de bois jouant avec les veines du support, ce qui confère une poétique palpable aux oeuvres. Ils privilégient des formats en longueur de dimensions souvent modestes attestant la pratique de leur travail en plein air.
Des scènes représentant la vie bourgeoise italienne naissante dans la campagne Toscane est aussi un de leurs sujets préférés (Lega). La peinture contrastée qu'ils développent ainsi crée un style puissant, qu’ils qualifient alors de puriste. Cette peinture exerça une importance capitale sur des cinéastes italiens, comme Luchino Visconti et Mauro Bolognini, qui y trouvèrent une inspiration iconographique et un langage particulier de l'image.
Les musées d’Orsay et de l’Orangerie dont l’une des missions est de faire rayonner la peinture de la seconde moitié du XIXe siècle, se doivent de faire découvrir au public français un des mouvements les plus poétiques de cette période, très proche des recherches plastiques des artistes impressionnistes.