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“Dynamo” un siècle de lumière et de mouvement dans l’art, 1913-2013
au Grand Palais, Paris

du 10 avril au 22 juillet 2013



www.rmngp.fr

 

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 9 avril 2013.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Francisco Sobrino, Transformation Instable Juxtaposition Superposition, 1963-2011. Plexiglas transparent teinté, 170×170×340 cm. Archives de la famille Sobrino. © Archive Francisco Sobrino.
2/  John Armleder, Volte III, 2004. Néons blancs, 350x800 cm. Zurich, Galerie Andrea Caratsch. © Galerie Andrea Caratsch, Zürich.
3/  Stephen Antonakos, Hanging Neon, 1962. Métal peint, néons, 152,5×112×53,5 cm. Collection particulière. © 1965 Stephen Antonakos.

 

extrait du communiqué de presse :

 

commissaire général : Serge Lemoine
commissaire : Matthieu Poirier
commissaires associées : Domitille d’Orgeval et Marianne Le Pommeré


Les notions d’espace, de vision, de mouvement et de lumière traversent l’art abstrait du XXe siècle et concernent de nombreux artistes contemporains mondialement reconnus, comme Ann Veronica Janssens, Anish Kapoor, John Armleder, Carsten Höller, Philippe Decrauzat, Jeppe Hein, Felice Varini ou encore Xavier Veilhan. En plaçant la vibration ainsi que le spectateur et sa perception au coeur de leurs oeuvres, ils offrent de multiples résonances avec l’art optique et cinétique, un courant inauguré lors de l’exposition Le Mouvement à la galerie Denise René à Paris en 1955, mais aussi, plus largement, avec ce qui fut ensuite qualifié d’« art perceptuel » lors de l’exposition The Responsive Eye au Museum of Modern Art de New York en 1965.
De façon totalement inédite, l’exposition occupe la totalité des Galeries nationales du Grand Palais, soit environ 3700 m2, afin de présenter près de 150 artistes travaillant parfois en groupe qui ont contribué au développement de cette forme d’art sur une centaine d’années. Parmi ceux-ci se distinguent Julio Le Parc, François Morellet, Gianni Colombo, Jesús Rafael Soto, Dan Flavin, Hans Haacke, James Turrell, Yayoi Kusama, Victor Vasarely, Kenneth Noland, Jean Tinguely, Yaacov Agam, Tony Conrad, Pol Bury, Alexander Calder, Marcel Duchamp, Gerhard von Graevenitz, Christian Megert, Nicolas Schöffer, Bridget Riley, Dan Graham, Takis, Gregorio Vardanega, ainsi que les collectifs d’artistes tels que le GRAV (groupe de recherche d’art visuel), et le groupe Zero.
Le visiteur est accueilli par une sculpture de brume de Fujiko Nakaya dès le square Jean Perrin. Après une introduction axée sur les réalisations les plus récentes, l’exposition privilégie par la suite le dialogue entre les périodes, afin de rendre compte à la fois de la continuité et du tissage complexe de ces préoccupations. Deux parties principales, intitulées « vision » et « espace », se subdivisent ainsi en seize sections consacrées à différents thèmes liés à l’expérience phénoménale : l’immatériel, la monochromie, l’interférence, l’immersion, le clignotement, la nuée, l’instabilité, la distorsion, le vide, l’invisible ou encore la permutation où seront montrées de nombreuses oeuvres rares ou inédites mises ainsi en rapport, ainsi que de nombreuses installations et plusieurs environnements, dont le Labyrinthe du GRAV, créé en 1963 pour la Biennale de Paris.
La dernière partie du parcours, consacrée à la période la plus ancienne, rassemble des précurseurs de cette tendance : Giacomo Balla, Robert Delaunay, František Kupka, Marcel Duchamp, Hans Richter, Alexander Calder, Alexander Rodtchenko, ou encore László Moholy-Nagy qui, les premiers, ont cherché à traduire par leurs tableaux, leurs sculptures ou bien leurs films, une conception profondément abstraite, dynamique et immatérielle de la réalité.

 

 

extrait du catalogue

Champs de vision de Matthieu Poirier
Cette exposition est née d’un constat : la dynamique de la vision, associée à la vibration, au phénomène et à l’immatérialité, sous-tend une grande partie de l’histoire de l’abstraction des XXe et XXIe siècles. Ces notions et leurs précédents historiques, mis en avant par des études récentes, forment la trame théorique d’un parcours d’oeuvres qui vont de la peinture à l’installation en passant par la sculpture ou encore par le film. Le plus souvent, cette exploration du champ de la vision et de ses seuils, si elle n’est pas exempte de résonances avec les autres sens, s’est conduite dans un dialogue silencieux entre vision et espace, entre réduction formelle de l’objet et amplification phénoménologique de ses effets. Dès lors, la présente réflexion, qui porte sur une visualité aussi étendue qu’absolue, se devait de prendre quelque distance envers l’imagerie « op » et les arts appliqués, l’abstraction matiériste ou gestuelle, les démarches machinistes associées au cinétisme, ou encore envers le fantasme synesthésique de Gesamtkunstwerk, d’une oeuvre d’art totale où tous les sens seraient comblés et dialogueraient ensemble – un sujet et une grille de lecture auxquels certains historiens de l’art, spécialistes de l’art abstrait et de la sensation, ont de surcroît consacré des analyses étoffées ainsi que des expositions ambitieuses.
L’arborescence de cette sensibilité optique s’avère foisonnante. Elle est ici mise en perspective depuis la période contemporaine, avec les oeuvres d’artistes comme Ann Veronica Janssens, Anish Kapoor, Carsten Höller, Philippe Decrauzat, Jeppe Hein, ou John Armleder. Son second pôle chronologique est celui des années 1910 et de créations de Giacomo Balla, František Kupka, Robert Delaunay ou encore Kazimir Malevitch. De la scène actuelle à ses prototypes les plus éloignés dans le temps, la clef de voûte de cet édifice est, quant à elle, constituée par l’épisode particulier de l’art optique et cinétique (1955-1972) ou, du moins, par certaines des modalités radicales qui furent développées dans le cadre de cette tendance, tout particulièrement par Julio Le Parc, Jesús Rafael Soto, François Morellet, Bridget Riley, Carlos Cruz-Diez, Hans Haacke ou encore Victor Vasarely. Ouvert aux résonances, ce vaste registre esthétique intègre d’autres courants et d’autres périodes historiques, comme par exemple le Light and Space de James Turrell, Robert Irwin ou Larry Bell, dont les oeuvres relèvent d’une même conscience dynamique du visible et d’une abstraction à proprement parler « phénoménale ». L’enjeu de cette exposition consiste à montrer la convergence et les dialogues à travers l’histoire de nombreuses réalisations, parfois issues de pensées et de contextes très variés, mais qui ont en commun de n’exister que dans le temps réel de l’expérience visuelle. C’est un pan méconnu mais pourtant crucial de l’histoire de l’art moderne et contemporain, où est battu en brèche le mode de composition le plus répandu, et remise en cause la passivité du spectateur, désormais convié à faire l’expérience de sa propre vision et d’un espace ambigu, à la découverte d’une zone tampon de la sensibilité, prise en oscillation constante entre fait et effet, visible et invisible. […]
Matthieu Poirier