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“Une passion française” la Collection Marlene et Spencer Hays
au Musée d'Orsay, Paris

du 16 avril au 18 août 2013


www.musee-orsay.fr

 

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 15 avril 2013.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Odilon Redon (1840-1916), La Fleur rouge, dit aussi Le Buisson rouge, vers 1905. Huile sur toile, 55x48 cm. © Droits réservés.
2/  Édouard Vuillard (1868-1940), À table (Le Déjeuner), 1892. Huile sur toile, 32x46 cm. © Droits réservés.
3/  Paul-César Helleu (1859-1927), Jeune fille en blanc (portrait présumé de la princesse de Ligne), 1885. Pastel, 129x98 cm. © Droits réservés.

 

extrait du communiqué de presse :

 

Commissariat général :
Guy Cogeval, Président des musées d’Orsay et de l’Orangerie
Isabelle Cahn, conservateur en chef au musée d’Orsay

 

Marlene et Spencer Hays ont commencé à acheter des oeuvres d’art au début des années 1970. A l’instar de beaucoup de leurs concitoyens, ils s’intéressent d’abord à la peinture américaine de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle, remportant leurs trophées au feu des enchères à New York et à Londres.
L’impressionnisme ayant atteint des prix insensés, ils élargissent le champ de leurs investigations découvrant les Nabis au début des années 1980. Ils tombent aussitôt sous le charme des compositions mystérieuses signées Bonnard, Maurice Denis, Ranson, Vuillard, réunissant une collection de première importance.
La collection comprend un ensemble important de tableaux et de dessins représentant le Paris du XIXe siècle et de la Belle-Epoque. Les Hays aiment retrouver le souvenir de leurs promenades sur le pavé parisien ou dans le Jardin des Tuileries dans des oeuvres du siècle passé accrochées sur leurs murs.
Le Paris fin-de-siècle avec ses rues animées, ses cafés et ses théâtres si justement décrits par Anquetin, Forain, Béraud, Goeneutte, Steinlen, les attirent. Les personnages de ces compositions offrent une typologie du boulevard parisien avec ses bourgeois, ses midinettes, ses flâneurs, ses types interlopes et ses vieux métiers. Les lampadaires du mythique café-concert des Champs-Elysées, Le Jardin de Paris peint par Bonnard en 1896, éclairent avec subtilité une foule en quête de plaisirs nocturnes.
Une toile de Fernand Pelez, Grimaces et Misère, les saltimbanques, première pensée pour un tableau monumental conservé au Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris, est l’un des fleurons de la collection. Succès du Salon de 1888, cette parade de cirque mélancolique illustre la grâce équivoque de la misère urbaine derrière la magie du spectacle.
Spencer Hays, qui est passionné de dessin, possède plusieurs centaines de feuilles dont des raretés de l’Ecole de Pont-Aven et des Nabis, collectées depuis plus de trente ans. Parmi celles-ci, se trouve une étude préparatoire grandeur nature pour un panneau du Paravent des nourrices, frise de fiacres, oeuvre de jeunesse de Bonnard, accompagnée d’une esquisse de l’ensemble en format réduit.
Les Hays apprécient la spontanéité du dessin, sa capacité à créer l’émotion avec des moyens réduits et un support fragile, papier ou carton. Ils ont un penchant pour les oeuvres singulières, comme les projets d’affiches et de partitions illustrées, réalisés à l’aquarelle par Bonnard, ou encore l’étude pour la couverture de la revue mensuelle, L’Image, par Toulouse-Lautrec.
Vuillard est à leurs yeux l’artiste le plus doué pour restituer une atmosphère intimiste et faire entrer le spectateur à l’intérieur de la vie de ses personnages comme les acteurs sur la scène. Au temps où il était régisseur du théâtre de l’OEuvre, il réalisa de nombreux portraits d’acteurs dans leur numéro dont l’inoubliable Biana Duhamel dans le rôle de Miss Helyett.
Dans les années 1990, Les Hays s‘intéressent à Fantin-Latour, séduits par la sensualité de sa touche et la vérité des textures de ses natures mortes. Héritier d’un métier classique proche de Chardin, le peintre évolue vers la modernité au contact de Manet. Sa Tranche de melon sur fond noir, qui est le portrait d’un fruit, dialogue harmonieusement avec celui de l’artiste par lui-même.
Une place d’honneur est réservée dans la salle-à-manger de l’appartement des Hays à New York au Homard peint par Caillebotte en 1883. Présenté directement sur le marbre d’une table, il figure comme une allégorie du goût, une ode à la gourmandise simple et raffinée que partagent Français et Américains pour ce crustacé.
La beauté stupéfiante du Petit déjeuner après le bain de Degas, accueille le visiteur dans le vestibule de l’appartement des Hays à New York. L’artiste a réalisé plusieurs variantes de cette scène matinale confrontant maîtresse et servante dans l’intimité de l’heure du bain. Cette complicité avec le modèle transfiguré par l’éclat du pastel, se retrouve dans deux autres dessins de Degas, Danseuse se coiffant et Femme s’épongeant le dos, qui illustrent des thèmes favoris de l’artiste.
Cette intimité se retrouve dans les oeuvres graphiques d’un peintre impressionniste belge, Georges Lemmen (1865- 1916), influencé par Degas et Toulouse-Lautrec, qui s’orienta vers le symbolisme tout en adoptant une technique pointilliste. Ses portraits de femmes dans un intérieur expriment une certaine mélancolie présente également dans La Couseuse de Manet penchée dans son ouvrage.
Plusieurs tableaux et pastels de la collection Hays représentent des assemblées d’hommes et de femmes, des portraits isolés dans des parcs et des intérieurs bourgeois. Ces personnages appartiennent à l’aristocratie ou à la bourgeoisie fortunée de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle. Une grande attention est portée à l’élégance de leur tenue, à la prestance de leur pose, à la beauté de l’environnement qui exprime l’essence même de cette société, où les modèles apparaissent souvent absorbés dans leurs pensées.
Au début des années 1980, les Hays sont attirés par les tableaux de Bonnard, Maurice Denis, Ranson, Vuillard dont la peinture traduit les arcanes de la pensée, la vibration des sentiments et la complexité des rapports humains. Le groupe des Nabis s’est constitué cent ans plus tôt pour défendre un art symboliste et décoratif en opposition à une imitation de la réalité à travers des formules toutes faites. Les Nabis inventent un nouveau langage esthétique permettant de donner un équivalent du réel et de suggérer la spiritualité, la poésie ou le rêve à l’aide de lignes sinueuses, d’aplats de couleur, d’oppositions d’ombre et de lumière, de perspectives réduites à deux dimensions.
Leurs compositions sont parfois difficiles à décrypter au premier coup d’oeil. Ce mystère plaît aux Hays qui achètent des toiles exceptionnelles, comme le septième panneau des Jardins publics de Vuillard, dont le musée d’Orsay conserve cinq autres compositions sur neuf. Les Fillettes se promenant, représentant deux apprenties de l’atelier de couture de la mère de Vuillard dans le Jardin des Tuileries, rejoint leur collection en 2008. Elles sont toujours aujourd’hui l’une de leurs toiles favorites.
Un paravent japonisant, oeuvre majeure de jeunesse de Bonnard, avait été démantelé avant d’être réuni et acheté par les collectionneurs qui possèdent également des panneaux décoratifs de Maurice Denis, Le Printemps et L’Automne conçus pour la salle-à-manger du directeur de La Dépêche de Toulouse, Arthur Huc, ami et soutien des Nabis dès la première heure.
Deux compositions magistrales de Redon, La Fleur rouge - ayant appartenu à Maurice Denis - et Vase de fleurs et profil, complètent cet ensemble symboliste et nabi qui vient de s’enrichir de deux nouvelles acquisitions : Le Goûter au Pouldu de Maurice Denis et Les Lavandières de Maillol.
L’art français du début du XXe siècle séduit les Hays par ses couleurs intenses qui constituent une ode à la vie. Le rouge de la cape d’Arlequin à la guitare de Derain, le carmin des bas du modèle aux babouches jaunes de Marquet, les fleurs des broderies d’un portrait de femme par Matisse vibrent d’une sensualité que l’on retrouve dans les formes pleines de L’Eté de Maillol, un bronze réalisé en 1911 du vivant de l’artiste. La féminité triomphante de l’allégorie contraste avec l’attitude recroquevillée de la Petite Eve conçue par Rodin pour La Porte de l’Enfer. Dina Vierny qui posa pour la plupart des sculptures de Maillol est également le modèle d’une série de nus exécutés à la sanguine qui sont présentés dans la dernière salle de l’exposition.
Refusant de s’enfermer dans une histoire linéaire de l’art, les Hays privilégient les regards croisés et les dialogues entre les artistes. En 2001, ils achètent le Portrait de Soutine par Modigliani peint sur une porte dans l’appartement du marchand Léopold Sborowski (1889-1932). Ce portrait réalisé en une séance constitue le témoignage émouvant d’un artiste fragile et misérable au temps de la bohème à Montparnasse.
Pour abriter ces trésors, les Hays ont construit à Nashville une grande demeure sur le modèle d’un hôtel particulier de la rue de Grenelle à Paris, l’hôtel de Noirmoutier, meublée d’antiquités du XVIIIe siècle. Dans leur appartement new-yorkais, décoré par Renzo Mongiardino (1916-1998), les tableaux s’harmonisent aussi avec du mobilier précieux, comme un ensemble de sièges conçu par Paul Follot dans les années 1920.

Peintures, sculptures, dessins, livres rares ont envahi toutes les pièces de ces résidences. Pendant quelques mois, les Hays ont accepté de dégarnir leurs murs afin de permettre aux visiteurs du musée d’Orsay de découvrir des chefsd’œuvre de l’art français revenus pour quelques mois dans le pays où ils ont été créés.