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“Claude Lévêque” Un instant de rêve
à la Maison Européenne de la Photographie, Paris

du 17 avril au 16 juin 2013



http://www.mep-fr.org

 

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 16 avril 2013.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Claude Lévêque, Un instant de rêve, 2013. © ADAGP. Courtesy de l’artiste et kamel mennour, Paris.
2/  Claude Lévêque, Un instant de rêve, 2013. © ADAGP. Courtesy de l’artiste et kamel mennour, Paris.
3/  Claude Lévêque, Un instant de rêve, 2013. © ADAGP. Courtesy de l’artiste et kamel mennour, Paris.

 


Texte de Audrey Parvais, rédactrice pour FranceFineArt.

 

La Maison européenne de la photographie expose le travail singulier du photographe Claude Lévêque. Journal intime, dévoilement d’un univers baroque où la désolation se pare de couleurs éclatantes, l’exposition « Un instant de rêve » déstabilise autant qu’elle enchante.

Rupture de la réalité
Ici, pas d’accrochage traditionnel avec cadres et cartels. Les photographies se déploient sur les murs blancs grâce à des vidéoprojecteurs. De taille variable, elles se succèdent à des vitesses différentes, pour mieux désorienter le visiteur. Les différents points de projections sont eux-mêmes éloignés les uns des autres, séparés par les obstacles inhérents à l’espace d’exposition. Cette méthode de présentation empêche alors tout dialogue entre les photographies. Et pourtant, ces ruptures servent ici parfaitement le propos de Claude Lévêque. Accompagnée par une musique dont la mélodie et le rythme rappellent ceux d’une berceuse, la diffusion hachée des photographies renforce en effet leur caractère déconcertant. Le regard de l’artiste, symbolisé par la projection en gros plan de deux yeux séparés par un pan de mur, semble explorer la réalité et ce, même dans ses recoins les plus sinistres.

Un charme sinistre
L’univers de Claude Lévêque a quelque chose d’onirique et d’inquiétant à la fois. Au monde de l’enfance et à son innocence, il mêle l’étrangeté, l’absurde, le morbide même, presque à la manière d’un Lewis Carroll. Ainsi les photographies d’un chapiteau de cirque ou d’un gâteau d’anniversaire côtoient-elles celle, beaucoup plus crue et perturbante, d’une mouette en plein repas cannibale. Il représente surtout le monde tel qu’il se livre dans toute sa funèbre poésie : panneaux publicitaires, murs couverts de graffitis ou jardins abandonnés sont tous les objets de son regard. Tous contribuent à construire des paysages, urbains ou de campagne, d’où toute présence humaine est la plupart du temps absente. Et si, par hasard, elle se manifeste, c’est pour mieux révéler le vide qui l’entoure et semble la dévorer. La vision de ce monde déserté, tendre et cruel, où l’homme s’efface au profit des preuves de son existence provoque un léger malaise, comme si l’on découvrait une réalité à la fois étrangère et familière. Nous pénétrons alors moins dans un rêve que dans une autre dimension.

Audrey Parvais

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaire : Michel Nuridsany
Collaboration sonore : Gerome Nox

 

« Claude Lévêque n’est pas un photographe, ni même un peintre photographe comme Boltanski, Gette, Annette Messager ou Le Gac le furent dans les années 1970, mais un artiste qui photographie tout le temps, plus que les photographes peut-être, plus que les peintres-photographes certainement.
Ce qu’il enregistre est à la fois drôle et terrible, aigu et poétique. Constat parfois et parfois pas de côté dans le réel, en écho à l’oeuvre, faite, comme on le sait, de tensions entre des pôles contraires, où se mêlent et s’opposent violence et douceur, tendresse et terreur. Avec l’humour, des éclats de rires sonores et même la gaminerie qui enchante tout cela et peut en bouleverser, parfois, la compréhension. Car si Claude Lévêque donne à voir notre univers dans son aspect sinistre, impitoyable, en même temps l’enfance, ses rêves et ses peurs, hante cet univers heurté, aussi noir et doré que le sont les contes d’ogres et de fées.
Connaissant ces photographies depuis longtemps, j’ai proposé à Jean-Luc Monterosso de les exposer : il avait déjà acquis de Claude Lévêque, pour la MEP, une vidéo qui sera projetée dans l’exposition. On n’y montrera aucun tirage encadré mais des images projetées selon différents rythmes, différents formats, accompagnées de deux néons, dans un dispositif intime cherchant à garder à ces images le statut qui est le leur: repérage, exploration, observation, recherche. Il s’agit là d’un voyage en images dans l’univers d’un artiste. D’un artiste majeur, en France, aujourd’hui. D’un artiste qui nous livre ici en somme son “journal” ou son carnet de croquis.
Un instant de rêve, naturellement, est une antiphrase, procédé qui consiste à exprimer une idée par son contraire. »
Michel Nuridsany