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“Keith Haring” The Political Line
au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris

du 19 avril au 18 août 2013



http://www.mam.paris.fr

 

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 18 avril 2013.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Keith Haring, The 10 Commandments, 1985. 533,4x762 cm, Enamel and acrylic on canvas. © Keith Haring Foundation, NY, COLLECTION : KEITH HARING FOUNDATION.
2/  Keith Haring, The Marriage of Heaven and Hell, 1984. Acrylique sur toile, 793x1118 cm. © Keith Haring Foundation, NY, COLLECTION :KEITH HARING FOUNDATION.
3/  Keith Haring, The 10 Commandments, 1985. 533,4x762 cm, Enamel and acrylic on canvas. © Keith Haring Foundation, NY, COLLECTION : KEITH HARING FOUNDATION.

 


Texte de Sylvain Silleran, rédacteur pour FranceFineArt.

 

Le Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris en association avec le Centquatre présentent la plus grande rétrospective Keith Haring à ce jour. C'est l'occasion de découvrir, au delà de l'iconographie populaire, l'oeuvre d'un artiste socialement et politiquement engagé.

La création du langage
Keith Haring est un des artistes majeurs du XXème siècle. Son travail s'est diffusé à une échelle jusqu’ici jamais atteinte. Son attachement à produire un art proche du public et à le vendre au travers d'objets usuels à un prix abordable a contribué à la renommée mondiale de ses dessins. Mais il a avant tout créé un langage universel, un alphabet graphique unique, essentiel, qui transcende toute barrière de langue, de génération ou de culture. Son vocabulaire transcrit aussi bien les mouvements que les émotions : ses personnages courent, dansent, s'aiment ou se battent, rayonnent, souffrent, meurent. Les récits qu'il met en scène sont notre expérience humaine dans ce qu'elle a de plus direct et de plus brutal, une histoire commune qui nous lie les uns aux autres malgré nos différences.

Individu, groupe, masse
Au-delà de la représentation de l'homme en silhouette anonyme, c'est bien l'individu qui est au centre du travail de Haring. Individu luttant pour assumer ses désirs et vivre une vie qui lui soit propre, individu aux prises avec les représentations d'une société consumériste, manipulé par la télévision et la religion, violé et battu par les représentants de la loi et de la moralité. L'individu s'oppose au groupe, masse homogène festive, dansante, vénérant dans la joie et l'inconscience les idoles contemporaines que sont l'argent, les images et la technologie.

Religion, pouvoir, sexualité
Symbole d'un pouvoir oppressant l'individu, la religion comme outil politique est un thème majeur de son œuvre. Catholicisme, capitalisme, puissance des images sont des forces castratrices utilisant la sexualité comme un outil de domination. Il s'agit d'idéologies de mort s'opposant au libre épanouissement de l'individu. Elles s'incarnent dans des figures monstrueuses dévorant et digérant les hommes, vomissant des torrents de billets verts ou de biens de consommation, monstres que les personnages croient tenir en laisse avant qu'ils  se retournent contre eux et les écrasent. Car au niveau individuel, la sexualité est représentée comme une énergie de vie, joyeuse, créative et festive. Se sachant séropositif, Keith Haring peint la maladie comme un nouvel obstacle à cet épanouissement, danger non plus extérieur mais démon tapi au fond de soi, prêt à bondir et à mordre.

Les thèmes de l'oeuvre de Keith Haring : capitalisme, religion, racisme, homophobie, domination et violence, s’ils s'inscrivent dans l'Amérique des années 80, ont une portée intemporelle et nous rappellent que ces sujets sont toujours d'actualité. Le monde a profondément changé, mais nous n'avons pas résolu ces questions essentielles qui nous divisent.

Sylvain Silleran

 


extrait du communiqué de presse :

 

Directeur du CENTQUATRE : José-Manuel Gonçalvès
Directeur du Musée d’Art moderne de la Ville de Paris : Fabrice Hergott
Commissaires de l’exposition : Dieter Buchhart et Odile Burluraux

 

Le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris  et Le CENTQUATRE consacrent une rétrospective de grande envergure à l’artiste américain Keith Haring (1958 – 1990). Cette exposition permettra d’appréhender l’importance de son oeuvre et plus particulièrement la nature profondément  « politique » de sa démarche, tout au long de sa carrière.
Avec près de 250 oeuvres réalisées sur toile, sur bâche ou dans le métro, - dont une vingtaine  de grands formats seront exposés au CENTQUATRE, cette exposition présentée à la fois au CENTQUATRE et au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris  est l’une des plus importantes jamais réalisées sur cet artiste.
Le CENTQUATRE présente les oeuvres grand format de l'artiste. Grandes par leur taille ou leur volume,  la plupart de ces bâches ou sculptures n’ont jamais été montrées à Paris.
Elles couvrent les thématiques développées autour de la question du politique. Les sculptures monumentales, de plus de 5 m de haut et pesant plusieurs tonnes, et la scénographie  The Marriage of Heaven and Hell de 7m X 11 m seront exposées au côté du Pop Shop véritable boutique imaginée par Keith Haring pour Tokyo en 1988.
Toutes ces oeuvres sont d’une grande force et retrouvent au CENTQUATRE l’un des objectifs de Keith Haring qui a toujours voulu que son oeuvre soit populaire et accessible à tous.

Keith Haring fut l’un des artistes les plus célébrés de son époque, et aujourd’hui encore tout le monde  connaît son style incomparable et son répertoire de signes emblématiques. Il a été exposé avec Andy Warhol, Jean-Michel Basquiat, Roy Lichtenstein, Robert Rauschenberg, Jenny Holzer et Daniel Buren, dès la Documenta 7 en 1982 et dans des musées et biennales du monde entier.
Keith Haring, virtuose du dessin - qu’il pratiquait depuis l’enfance à haute dose - a étudié à la School of Visual Arts à New York. Génie de la ligne, travailleur incessant et rapide, il a énormément produit, réalisant ses oeuvres en écoutant de la musique. Il a utilisé de multiples supports et eu recours aux medias  de son époque allant jusqu’à commercialiser des produits dérivés dans son célèbre Pop Shop à partir de 1986. Les messages et les idées politiques qu’il a véhiculés ne constituent pas seulement une part de son héritage, mais ont considérablement influencé les artistes et la société. Ses « subway drawings » réalisés dans le métro, ses peintures, ses dessins et sculptures, étaient porteurs de messages de justice sociale, de liberté individuelle et de changement. Icône du Pop art, artiste subversif et militant, Keith Haring a multiplié les engagements tout au long de sa vie : très jeune, il était animé par une envie de transformer le monde.
En utilisant délibérément la rue et les espaces publics pour s’adresser au plus grand nombre, il n’a cessé  de lutter contre le racisme, le capitalisme et toutes sortes d’injustice et de violence, notamment l’Apartheid en Afrique du sud, la menace de guerre atomique, la destruction de l’environnement, l’homophobie  et l’épidémie du sida (dont il est mort non sans avoir créé une fondation caritative au profit de la lutte contre la maladie). Le parcours de l’exposition rend compte de ses prises de position critiques.

Cette exposition majeure se devait d’être organisée à Paris. En effet, présenté dès 1984 par l’Arc, au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris dans l’exposition Figuration Libre France/USA, aux côtés de Robert Combas, Hervé Di Rosa, Jean-Michel Basquiat… Keith Haring a séjourné, travaillé et exposé à de nombreuses reprises à Paris, ville qu’il affectionnait particulièrement.