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“Jean-Luc Chapin, La table des chiens” photographies
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1/ 2/ 3/ © Jean-Luc Chapin
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Interview de Jean-Luc Chapin,
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texte de Audrey Parvais, rédactrice pour FranceFineArt
Le Musée de la Chasse et de la Nature propose trois expositions temporaires se mêlant à ses œuvres permanentes. « La Table des Chiens » réunit des clichés du photographe Jean-Luc Chapin, pris dans quatre régions différentes de la France, en compagnie d’un groupe de traqueurs. Si une salle lui est exclusivement réservée, quelques photographies se sont néanmoins égarées dans les autres pièces du musée. Les « Échappées » du plasticien Arno Kramer ont pour leur part investi l’escalier d’honneur de l’hôtel de Guénégaud. Installation éphémère et flottante de toiles suspendues au mur, elles ont le charme inquiétant d’une songerie romantique. Enfin, « Regards persans » réunit plusieurs clichés et vidéos de deux noms de la scène artistiques iranienne, le réalisateur Abbas Kiarostami et l’artiste Morteza Ahmadvand. Trois expositions pour trois regards différents sur les rapports entre l’homme et la nature. La chasse comme porte sur la nature, voilà ce que les photographies de Jean-Luc Chapin nous donnent à voir. Une porte qui cadre, nécessairement de manière arbitraire, le désordre du paysage pour mieux en exprimer la beauté sauvage. Ainsi, sur les rives couvertes de givre d’une rivière, un demi-cercle de bois rougeoie sous une lumière crépusculaire. L’œil du photographe révèle alors l’ordre géométrique inattendu qui préside à l’enchevêtrement de la forêt. La verticalité des arbres se confronte à la courbe des bords d’une mare ou la sinuosité d’une rivière gelée dont la blancheur éclatante tranche sur le brun mordoré de la terre. Le chasseur, rendu maître de son territoire pour l’avoir arpenté encore et encore, est ici un guide qui permet à l’artiste d’approcher au plus près de la nature afin de ne faire qu’un avec elle. Dans les pas du traqueur, le photographe se penche sur les traces de vie semblant baliser son chemin : traces de l’homme bien sûr, telles ce fil barbelé qui blesse l’écorce d’un arbre, mais aussi traces de l’animal, empreintes de pattes sur la neige ou le sable mouillé, témoins éphémères d’une existence sauvage invisible. Cette entrée dans la forêt par le biais du chasseur est fatalement marquée de violence et d’une certaine barbarie. Quand une souche fendue paraît dévoiler ses entrailles blanches de sève, une scène de dépeçage offre une vision crue de la mort, que le spectateur ne peut ignorer. Les « Échappées » d’Arno Kramer, soixante dessins dont de grandes toiles suspendues aux murs, sont autant d’invitations au rêve. Le dessin contemporain d’Arno Kramer entre en résonnance avec l’escalier d’honneur à l’architecture classique. Quand la ferronnerie rappelle les arbres, les grandes fenêtres couvertes de papier blanc laissent entrer une lumière diffuse rehaussant le sentiment d’irréalité qui se dégage de l’installation. Les couleurs pâles, les formes parfois à peine esquissées et l’emploi de plusieurs techniques évoquent une nature spectrale. À la transparence de l’aquarelle et à ses coups de pinceaux visibles s’unissent le trait gras du fusain ou la douceur du pastel, comme pour mieux dessiner les contrastes. De la flore aux teintes sombres émergent des animaux opalescents, comme cette biche à la silhouette gracile qui évolue au milieu d’arbres longilignes d’un noir profond. Le calme et la sérénité qui émanent des créatures sont alors troublés par la noirceur presque oppressante de la végétation. L’homme comme chasseur représente ici une menace pour cette forêt chimérique. Les projections et les photographies d’Abbas Kiarostami et de Morteza Ahmadvand dressent une troisième vision du rapport entre l’homme et la nature. Leur clichés épurés (des murs uniformément gris rompus seulement par le carré noir d’une fenêtre ou le vert par contraste éclatant d’une branche), disséminés dans le musée, provoquent de véritables ruptures avec les œuvres classiques de l’exposition permanente. Les vidéos, quant à elles, éveillent l’attente du spectateur. Les oiseaux en cage, confrontés à la possibilité de la liberté, vont-ils choisir de s’échapper ? La mer qui vient se fracasser sur les rochers, emportera-t-elle finalement les œufs qu’elle malmène ? Les mouvements et les sons des ailes et celui des vagues tendent à créer une ambiance hypnotique, seulement rompue par l’envol soudain d’un oiseau ou la disparition d’un œuf emporté par les flots. Audrey Parvais
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extrait du communiqué de presse :
Commissariat :
Après l’exposition Un sauvage sentiment, présentée en 2002, Jean-Luc Chapin est de retour au musée de la Chasse et de la Nature avec cinquante photographies récentes. Né en 1963 au Lude (Sarthe), Jean-Luc Chapin vit dans la campagne bordelaise. Photographe de l’agence Vu depuis 1993, il travaille exclusivement en argentique. Il a publié un grand nombre de livres et certaines de ses photographies appartiennent à des collections publiques ou privées notamment « Racines » et la série d’études « Sangliers », présentées au musée de la Chasse et de la Nature.
Également au musée de la chasse et de la nature,
L’installation de Arno Kramer : Echapée(S) Les vidéos de Ahmadvand & Kiarostami : Regards Persans |