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“Michelangelo Pistoletto” Année 1, le Paradis sur Terre
au Louvre, Paris

du 25 avril au 2 septembre 2013



http://www.louvre.fr

 

 

© Anne-Frédérique Fer, avant-première à la visite presse, le 23 avril 2013.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Michelangelo Pistoletto, Venere degli Stracci, 1967, marbre et chiffons, 190x250x140 cm. © Cittadellarte-Fondazione Pistoletto.
2/  Michelangelo Pistoletto, Gabbia, 1973, sérigraphie sur miroir en acier inoxydable poli, 230x500 cm. © Cittadellarte-Fondazione Pistoletto.
3/  Michelangelo Pistoletto, L’etrusco, 1976, bronze, miroir, 194x90x18 cm (statue) 220x280 cm (miroir). © Cittadellarte-Fondazione Pistoletto.

 


Texte de Mireille Besnard, rédactrice pour FranceFineArt.

 

Une ère nouvelle
Michelangelo Pistoletto ne critique pas, ne déconstruit pas, il propose. Il proclame le commencement d’une ère nouvelle. Nous sommes dans l’an 1 du troisième paradis. Ce paradis est symbolisé par ce dessin de l’infini devenu fini, ce huit couché qui aurait fécondé en son centre un anneau supplémentaire, une matrice de l’avenir, mi utérus - mi nombril. Il est ce lien avec la mère dont nous sommes tous issus. Michelangelo Pistoletto propose avec ce symbole une fusion temporelle, une union du masculin et du féminin, une alliance de l’art et de la vie, de l’art et de la culture. Il croit en l’art et suggère d’utiliser sa force créatrice pour transformer la vie, la faire basculer dans le Troisième paradis dans un dépassement pacifique, une union consentie du paradis naturel (premier paradis) et du paradis artificiel (deuxième paradis), vers un monde durable à la construction duquel tout le monde participerait.

 

Matériaux accouplés
C’est son œuvre l’Obélisque et le 3e paradis qui matérialise cet appel. Un obélisque fait de miroirs s’élève sur 5 mètres. Il est surmonté par ce symbole du troisième paradis fait de tissus de toutes les couleurs qui flotte tel un patchwork dans le ciel vitré de la cour Marly. La matrice centrale chevauche la pointe de l’obélisque pour un accouplement fécond. Miroirs et chiffons, les deux matériaux fétiches de l’artiste, trouvent lieu pour faire alliance. Vénus n’a plus besoin de cacher son visage et sa nudité dans un amoncellement de tissus (Vénus aux chiffons, 1967). Elle est chiffon, à présent. C’est ce qui fait sa force. L’aspect doux et résistant du tissu fait face à la condition de matériau cassable et potentiellement coupant du miroir. Michelangelo Pistoletto voit, semble-t-il, dans cette union du miroir et du chiffon de couleur, l’ultime chance de renaissance (Rebirth) pour la planète.

 

Entrer dans le tableau
C’est en tout cas à partir de ce point de départ universel et unificateur que l’artiste essaime, de part et d’autre du Musée, ces œuvres qui remontent pour certaines aux premiers temps de l’Arte Povera, dont il est co-fondateur. On peut alors remonter le temps et parcourir les collections pour découvrir çà et là des pièces de l’artiste. Des « tableaux-miroirs », aux « Objets en moins », Michelangelo Pistoletto nous offre une ballade à travers les collections du Louvre. Des peintures italiennes aux antiquités romaines et étrusques, il s’inscrit dans l’histoire de l’art, jusqu’au Louvre médiéval qui nous présente des œuvres plus contemporaines comme Love Difference et Cittadelarte. L’homme n’ira vers le futur que s’il participe à l’action, que s’il entre dans le tableau qui s’offre à nous sous la forme de la surface réfléchissante d’un miroir ou d’une caméra cachée qui nous projette directement dans les locaux de la Cittadelarte. Ce laboratoire cherche à construire un nouveau monde recyclable, durable, perpétuel, tout comme l’homme pourrait le souhaiter pour soi-même, au déclin de sa vie.

Mireille Besnard

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissariat :
Marie-Laure Bernadac, assistée de Pauline Guélaud, en collaboration avec Ségolène Liautaud.

 

Avec la carte blanche à Michelangelo Pistoletto, le musée du Louvre inaugure un nouveau cycle d’expositions d’art contemporain. Il ne s’agit plus uniquement de présenter des oeuvres en dialogue avec les collections, principe fondateur des Contrepoints, mais aussi de profiter de la présence de l’artiste pour organiser un programme de rencontres fructueuses avec les divers services éducatifs et culturels, ainsi que des débats et performances à l’auditorium, et dans le jardin des Tuileries.
De toutes les invitations à des artistes contemporains au Louvre, celle faite à Michelangelo Pistoletto, artiste italien cofondateur de l’Arte Povera, est sans doute celle qui interroge de plus près les différentes temporalités : le passé incarné par le patrimoine muséal, le présent des visiteurs captés dans les miroirs, et le futur symbolisé par le signe du Troisième Paradis qui s’inscrit sur la façade de la pyramide.

L’exposition intitulée « Année 1, le Paradis sur Terre » marque en effet le passage dans une nouvelle ère, celle d’une transformation humaine, sociale, culturelle, politique, célébrée dans le monde entier le 21 décembre 2012 à travers diverses installations et performances, notamment dans la Cour Napoléon du Louvre.
L’inscription des oeuvres de Michelangelo Pistoletto dans plusieurs départements (Peintures, Sculptures, Louvre médiéval, Antiquités grecques et romaines) permet un dialogue avec l’histoire de l’art, de l’antiquité à nos jours, et évoque la rencontre de diverses civilisations ; elle fait donc écho à ce qui constitue l’essentiel de la vocation du musée. De ses premiers tableaux miroirs, qui nous invitent à une réflexion sur la fonction du tableau et la perspective, jusqu’à ses dernières oeuvres comme The Mirror of Judgment ou Il Tempo del Giudizio, l’artiste nous confronte, en nous intégrant dans l’oeuvre, à notre propre responsabilité dans l’évolution du monde. La fondation Cittadellarte, à Bielle (Italie) est la manifestation la plus visible du passage de la création individuelle, amorcée avec l’autoportrait, à la création collective et internationale de l’œuvre de Michelangelo Pistoletto, qui regroupe divers domaines des sciences humaines.
« Aimez les différences » ! Ces phrases lumineuses en plusieurs langues, accrochées sur les remparts de l’ancien Louvre, sont le reflet des préoccupations de l’artiste sur les identités multiples issues de la mondialisation, et particulièrement du bassin méditerranéen.
Des Antiquités grecques et romaines au département des Peintures, en passant par la Cour Marly et les remparts de Charles V, le Louvre est ainsi traversé, activé par la présence des œuvres de Michelangelo Pistoletto, et imprégné de la vision de l’artiste qui place chaque visiteur face au signe du Troisième Paradis. Ce signe représente pour lui le dépassement de la polarité nature et artifice, féminin et masculin, une nouvelle matrice de pensée pour imaginer d’autres relations entre l’homme et la société, ainsi qu’une autre économie du monde.

Michelangelo Pistoletto est né le 25 juin 1933 à Biella. Dès l’âge de quatorze ans, il travaille dans l’atelier de restauration de son père, peintre, et dessine son premier autoportrait. Michelangelo Pistoletto commence à montrer son travail en 1955 puis poursuit sa recherche artistique en se concentrant de plus en plus sur l’autoportrait. Sa première exposition personnelle a lieu en mars 1960 à la Galerie Galatea à Turin. La période 1961-62 est marquée par de nombreuses expérimentations qui le conduiront aux fameux tableaux-miroirs. A partir de ce moment-là, l’artiste est reconnu sur la scène internationale. Michelangelo Pistoletto est considéré comme l’un des fondateurs de l’Arte Povera avec des œuvres emblématiques telles que les Oggetti in meno (Objets en moins), 1965-66, ou bien La Venere degli stracci (La Vénus aux chiffons), 1967. En 1998, il inaugure Cittadellarte – Fondazione Pistoletto. Nouvelle forme d’institution artistique et culturelle, elle a pour vocation de faire interagir l’art avec différents secteurs de la société. En 2003, Pistoletto reçoit un lion d’Or de la Biennale de Venise qui célèbre l’ensemble de sa carrière.