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“Sens dessus dessous” Illustration contemporaine suédoise
à l’Institut suédois, Paris

du 3 mai au 20 octobre 2013



www.institutsuedois.fr

 

 

© Anne-Frédérique Fer, le 7 mai 2013.

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Légendes de gauche à droite :
1/  © Camilla Engman, Trop tard, Hélium 2010.
2/  © Karin Cyrén, Marathon 2009.
3/  © Eva Lindström, Dans les bois, Autrement 2012.

 


texte de Noemi Didu, rédactrice pour FranceFineArt

 

L'exposition « Sens dessus dessous » a été conçue par l'association culturelle italienne Hamelin avec le soutien de l'Institut culturel suédois et du Swedish Arts Council à l'occasion de la 50e édition du Salon du livre et littérature jeunesse de Bologne en 2013, qui mettait la Suède à l'honneur. 
L'exposition est l'occasion de faire connaître au grand public la riche tradition suédoise d'illustration de livres jeunesse dont la connaissance se limite souvent à l'œuvre d'Astrid Lindgren Pippi Långstrump (Fifi Brindacier).
« Sens dessus dessous » s'articule autour de l'œuvre de l'illustratrice et auteur Eva Lindström dont le travail occupe une place centrale dans la scénographie de l'exposition.

Née en 1952, Eva Lindström s'est affirmée dans les années 1980 en renouvelant les codes du genre. Tout en continuant à produire régulièrement des illustrations et des textes pour des livres pour enfants, elle est devenue une référence pour toute une génération d'illustratrices et illustrateurs nés dans les années 1980, qui regardent son travail comme un modèle et une source inépuisable d'inspiration.
L'exposition « Sens dessous dessus » revient sur le travail de sept illustratrices suédoises influencées par l'oeuvre d'Eva Lindström : Emma Adbåge, Karin Cyrén, Camilla Engman, Joanna Hellgren, Maria Libert, Emelie Östergren et Moa Schulman. 
Chacune avec le langage qui lui est propre et par le biais de différentes techniques dont le dessin au crayon et au fusain, la gouache, l'aquarelle ou le collage, les sept illustratrices donnent vie à un univers onirique où tout est possible. Car c'est bien le dénominateur commun de toutes les œuvres exposées : « Sens dessus dessous » évoque le monde vu par les yeux d'un enfant, un monde magique où les catégories du temps et de l'espace sont réinterrogées, où le réel se mêle à l'imaginaire et le vrai au faux.

Noemi Didu

 


extrait du communiqué de presse :

 

Introduction
Eva Lindström fait partie d’une génération d’auteurs-illustrateurs suédois de livres pour enfants qui, ayant émergé dans les années 1980, a fortement marqué et renouvelé le genre. Aujourd’hui, tandis qu’elle continue d’étonner et de surprendre avec ses nouvelles publications, elle reste une référence pour beaucoup d’artistes plus jeunes dont Emma Adbåge, Karin Cyrén, Camilla Engman, Joanna Hellgren, Maria Libert, Emelie Östergren et Moa Schulman. Le titre de cette exposition révèle le dénominateur commun de leur travail. En effet, « Sens dessus dessous » évoque une certaine attitude face à la réalité : la manière dont regarde un enfant, la conviction que tout est possible (même à l'envers), l'audace de revendiquer un autre ordre naturel. L'ouverture d'une telle perspective est aussi vivifiante qu'une rafale de vent. Il s'agit d'un rapport au monde qui, loin de notre sensibilité commune, interroge les catégories établies telles que celles du temps et de l'espace, du vrai et du faux, de la relation hiérarchique entre le petit et le grand. Voilà pourquoi l'exposition s'inscrit autour du travail d'Eva Lindström. Ses récits et dessins – bien qu'étranges et incongrus à la première approche – sont pareils à des fenêtres ouvertes sur les possibilités sans bornes de la réalité. Tout peut arriver dans l'univers de Lindström, sans que l'extraordinaire ni l'insolite ne dépassent le cadre du quotidien. Au contraire, c'est au jour le jour que se produisent les mystères de l'instant présent, ceux-là même que les personnages de Lindström guettent tout en vaquant à leurs occupations. Ses histoires de nature, d'aurores boréales, d'enfants autonomes, de moutons turbulents et de hiboux têtus trouvent écho dans le travail des sept autres illustratrices. L'enfance, Emma Adbåge l'observe au microscope tandis qu'Emelie Östergren expose certains de ses recoins les plus surréels et ambigus. Chez Joanna Hellgren, elle se manifeste comme si le monde pouvait être contemplé depuis l'intériorité d'une petite fille ou d'un petit garçon. L'espace, là où l'immense et l'infime se rejoignent, figure dans le travail de Karin Cyrén. La nature est présente dans chaque œuvre tel un souffle. Elle occupe une place prépondérante dans les collages et les mondes en miniature peuplés d'animaux comme d'humains de Camilla Engman, ainsi que dans les forêts broussailleuses de Maria Libert. Enfin, la lumière, celle des jours qui n'en finissent pas, constitue le matériau brut avec lequel Moa Schulman façonne ses images.

 

 

Les artistes

Maria Libert
Maria Libert situe de préférence ses récits dans un environnement naturel et fluide où le règne animal et le monde végétal se confondent. Ses images au cadrage resserré se succèdent en de rapides séquences, accentuant le rythme visuel de ses illustrations. L'espace débordant n'y est pourtant pas oppressant, et les douces formes rondes composent une narration précise et ironique. Le désir d'appartenance à un groupe, la solitude et la rencontre avec l'autre sont des thèmes que Maria Libert explore avec grand intérêt, choisissant comme protagonistes de ses courtes histoires des créatures animales.

Emelie Östergren
L'enfance telle que l'auteur la représente est vulnérable, naïve et fragile, suspendue entre deux univers qui lui sont typiques, l'un onirique et l'autre fantastique. Des petites filles, des adolescentes, des femmes perdues dans un environnement surréel truffé de symboles sont surprises dans leur plus grande intimité, naviguant sans cesse du plus profond de leur cœur vers sa plus lointaine périphérie. Il s'agit là d'un rite d'initiation nécessaire pour trouver sa place dans le monde. Le lecteur est pris de confusion, tel un adulte vivant le présent sans mémoire du passé.

Camilla Engman
Son œuvre est traversée par un sens de la nature et une appréciation du caractère sublime du règne animal et végétal. Infimes détails, grands espaces, vent, eau, galets, bois et villages forment un vaste champ visuel où chaque élément prend vie, trouve sa place et révèle son identité. Camilla Engman dessine une réalité poétique, pâle et dégoulinante de lyrisme qui nous permet d'établir de profondes connections entre les évènements, de sorte que même les choses les plus difficiles à saisir deviennent concrètes.

Joanna Hellgren
Joanna Hellgren dépeint une enfance fraternelle plus animale qu'humaine. Grâce à leur naïveté et leur instinct, filles et garçons parviennent rapidement au cœur des choses sans détours ni fausse réserve. Les protagonistes de ses récits traversent des espaces familiers et naturels avec une complète spontanéité et un puissant sentiment d'appartenance, faisant toujours pleinement l'expérience de chaque situation. Rendu complice, le lecteur prend part à l'histoire afin de partager la vision de la réalité qu'elle propose.

Eva Lindström
L'univers d'Eva Lindström se situe à la lisière du rêve et de la réalité, là où le quotidien se distingue difficilement de l'aventure, et où l'itinéraire d'un voyage s'apparente à un paysage sens dessus dessous. Des contradictions apparaissent néanmoins, ne serait-ce qu'en surface. Tout semble se dérouler dans un temps à la fois fluide et suspendu, ponctué de moments inoubliables qui prennent leur sens après coup. Située au cœur de la majeure partie des récits, la nature est source de savoir. Silencieuse, elle nous entoure sans donner de leçons. C'est à nous de faire preuve d'attention.

Emma Adbåge
Fine observatrice, Emma Adbåge représente le monde de l'enfance avec autant d'ironie que de respect. Les enfants qui peuplent ses récits sont hardis, indépendants et dotés de cette intelligente curiosité qui permet de découvrir le monde par l'expérience directe et de vivre pleinement chaque moment, qu'il soit plaisant ou ennuyeux. Leur liberté ne connait pas de limites : chaque intention est mise en action. Indispensable à la compréhension des liens entre les choses, le besoin constant de découverte qu'Emma Adbåge décrit permet de rétablir une vision plus complète de la réalité, une vision appropriée aux enfants.

Karin Cyrén
De toutes petites silhouettes parcourant de vastes paysages, un monde miniature en construction à la surface d'un plan d'eau, des coupes d'immeubles pareilles à des fourmilières grouillantes lorsqu'on y regarde de plus près… Autant de microcosmes, d'espaces intimes qui s'offrent soudain à la vue du lecteur attentif sachant regarder là où il faut. Grâce au talent de Karin Cyrén pour retracer les espaces, nous saisissons les fragments souterrains du quotidien et goûtons au plaisir d'une course folle à travers champs, prairies, bois et villes.

Moa Schulman
De la lumière, des flots de lumière sculptant des silhouettes, créant des ombres. De la lumière qui illumine les interstices et devient narratrice. Nous la trouvons sous maintes formes : le coucher de soleil qui se reflète au sol, les feux qui brûlent la nuit, les néons qui parviennent à enchanter jusqu'aux couloirs du métro. Chez Moa Schulman, le récit se transforme en atmosphère. Les protagonistes – des enfants, pour la plupart – évoluent dans une attente continue.

Traduit de l'anglais par Ophélie Alegre