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“Hippolyte Hentgen” Night Sound
au 40mcube, Production et diffusion d'art contemporain, Rennes

du 10 mai au 13 juillet 2013



www.40mcube.org

 

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Légendes de gauche à droite :
1/  Hippolyte Hentgen, dessin de la série Sentiments Adrift, 2012, crayon noir sur papier Arches. Courtesy Semiose galerie.
2/  Hippolyte Hentgen, décor réalisé pour la pièce Mars Watchers (Compagnie John Corporation), 2012.

 

extrait du communiqué de presse :

 

Hippolyte Hentgen est un duo d’artistes composé de Gaëlle Hippolyte et de Lina Hentgen dont le nom est à la fois l’association et le raccourci de leurs deux noms, mais aussi la création d’une troisième entité qui représente leur travail commun. Dans cette invention de personnage se trouve toute la base de leur travail qui puise dans le dessin animé ou la bande dessinée des années 1930, Oyvind Falström, la culture alternative des Etats-Unis et les arts graphiques (Robert Crumb, Mike Kelley, …), la peinture du XVIIIe siècle, le graphisme des affiches d’entre-deux-guerres, George Herriman, l’art outsider et bien sûr l’art moderne.
Sur une base de dessin qui se meut parfois en sculptures, le travail d’Hippolyte Hentgen, résolument figuratif, prolifique et débridé, jubilatoire et plein d’humour, conserve un fond plus mélancolique. Les paysages représentés sont souvent des zones urbaines ou industrielles, les personnages prennent place dans des scènes ouvrières dont nous ne connaissons plus la source ni l’auteur, qui perdurent dans la mémoire collective parce qu’employées et réemployées dans la publicité et les médias, à tel point qu’elles deviennent des clichés, vestiges d’un monde en mutation. Hippolyte Hentgen les manipule en appliquant au dessin le principe de la reproductibilité mécanique des images, redessinant des photographies, imprimant des dessins ou associant les deux dans une même oeuvre. Exploitant avec une grande liberté des supports et des dimensions variés, Hippolyte Hentgen multiplie également les collaborations avec des magazines de bande dessinée ou des metteurs en scène, quand il ne le devient pas lui même comme pour le spectacle Les Géomètres dans lequel le dessin spatialisé devient volume.
L’exposition Night Sound à 40mcube focalise sur ce dernier aspect de leur pratique en réunissant une série de dessins réalisés à partir d’images photographiques issues de manuels pédagogiques d’arts plastiques et un décor de paysage lunaire conçu pour un spectacle de la compagnie John Corporation. L’exposition fait le lien entre ces deux formes, met en espace et en scène le dessin, exploitant par là sa forte capacité de narration. Elle devient pour le vernissage le cadre d’une performance d’Emilie Rousset et de Perle Colombe autour de la figure dessinée de Sally Ride, chercheur en astrophysique et première américaine à avoir voyagé dans l’espace. Les éléments de décor redeviennent sculptures dès la performance terminée, jouissant d’une vie multiple qui caractérise l’ensemble du travail et du personnage Hippolyte Hentgen.

 

 

À propos du travail d’Hippolyte Hentgen

« Cet éclat et cette splendeur dont s’entoure la société productrice de marchandises et le sentiment illusoire de sa sécurité ne sont pas à l’abri des menaces »
Walter Benjamin, Paris, Capitale du dix-neuvième siècle.

La pratique de Gaëlle Hippolyte et Lina Hentgen marie des sources multiples. Emprunts revendiqués au dessin animé ou à la BD des années 30, se référant tant à Oyvind Falström qu’à la culture alternative des États-Unis et ses arts graphiques (Robert Crumb, Mike Kelley, …).
Les figures simplifiées et burlesques développées par Gaëlle Hippolyte et Lina Hentgen, souvent à l’échelle un, abordent l’espace de manière sensible. Déclinées en un dessin rapide spontané et monochrome, ces figures fonctionnent comme autant de collages protéiformes composites, interfèrent avec le lieu d’exposition.
En résonance à ces fictions filaires, Gaëlle Hippolyte et Lina Hentgen développent un travail de sculpture et d’agencement des volumes construits, combinant références à la modernité ou au spectacle toujours en prélude à une investigation du lieu et ses usages.
Les projets mêlent de façon récurrente volumes, dessins, installations, en une formule topographique proche d’un paysage urbain industriel. Les différentes propositions invitent généralement le spectateur à un parcours se référant implicitement à la ville moderne, à l’industrie et au travail. Les différentes installations dialoguent et proposent un espace dessiné de petits îlots.
Chez Gaëlle Hippolyte et Lina Hentgen, les images d’usine sont autant de représentations d’illusion du progrès ou de la condition humaine. Elles passent de la forme qui recherche l’effet plastique à la forme qui rend compte d’une histoire, celle qui soumet les faits à un examen critique. Les maquettes, les installations à échelle humaine proposent une nature morte postmoderne et mécanique, invitent à une fiction imagée.
Les sculptures-objets évoquent également la photographie industrielle et utopique de la fin du XIXe siècle ou celle plus récente de Bernd et Hilla Becher. Interrogeant le progrès et l’hégémonie de l’industrialisation, les installations et sculptures contournables mais impénétrables illustrent les mots de Blanqui sur la condition de l’homme moderne : « Même monotonie, même immobilisme [...]. L’univers se répète sans fin, et piaffe sur place. L’éternité joue imperturbablement dans l’infini les mêmes représentations ».