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“Zellidja” carnets de voyage
à la BnF François-Mitterrand, Paris

du 17 mai au 7 juillet 2013



bnf.fr

 

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 16 mai 2013.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Henri Delord, 1955. Le Hoggar, Rapport du 2ème voyage. BnF, département des Cartes et plans.
2/  Alain Bouldouyre, 1966. New-York, USA, croquis en couleur : New-york et croquis valise et logo « Z ». BnF, département des Cartes et plans.
3/  Serge Marteau, 1952. La Tamise et le port de Londres, couverture du volume Juillet 1952. BnF, département des Cartes et plans.

 


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Interview de Olivier Loiseaux et Frédérique Laval, commissaires de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 16 mai 2013, durée 10'32". © FranceFineArt.

 


texte de Audrey Parvais, rédactrice pour FranceFineArt.

 

La Bibliothèque nationale Française expose jusqu’à la mi-juillet une centaine de carnets de voyages sur les quelques 3500 qui lui ont été donnés par la Fondation Zellidja. Composés d’un journal de route, d’un rapport d’étude sur un thème précis et d’un carnet rendant compte de l’utilisation de la bourse accordée par l’association, ils retracent les itinéraires de ces jeunes voyageurs, véritable expérience humaine qui a bien souvent déterminé leurs existences futures.

Autour du monde
Ces carnets de voyage sont disposés selon un parcours chronologique et réunis par thèmes. Après une présentation de Jean Walter, entrepreneur philanthrope et fondateur de Zellidja, l’on découvre les tous premiers périples entrepris à travers la France dès 1939. Première constations, les sujets d’étude choisis par les jeunes voyageurs s’avèrent aussi variés qu’étonnants. Quand l’un s’intéresse à l’architecture religieuse en Bretagne, un autre préfère se pencher sur l’hydro-électricité française ou sur la faune et la flore particulières à une région. L’on quitte néanmoins très vite nos vertes contrées pour se balancer sur une Mer d’Irlande déchaînée à bord d’un chalutier, où un voyageur-poète nous fait partager la rude vie de marin, ou pour explorer les déserts d’Ethiopie où sévit la peste, dans l’indifférence la plus totale. Car plus l’on avance dans le temps, plus les jeunes bénéficiaires de la bourse Zellidja s’aventurent au loin. De la fin des années 1960, l’on passe directement au début des années 2000. Ce saut dans le temps rappelle alors les difficultés auxquelles a dû faire face Zellidja à partir de 1968 : critique du voyage en solitaire et surtout de son mode de financement. Mais c’est pour mieux rebondir. Depuis, les jeunes filles, d’abord exclues du système, ont pris une place très importante, privilégiant l’imaginaire et redonnant un second souffle à la fondation, dont l’objectif est avant tout d’initier les jeunes gens à la vie.

Journaux intimes
Dense et très colorée, l’exposition surprend par la créativité et l’originalité de ces aventuriers en herbe. Si certains carnets de voyages se montrent très scolaires, d’autres sont de véritables petits bijoux de poésie, tel ce rapport d’étude sur la musique contemporaine où les mots se déroulent comme sur une partition. Croquis de paysages, portraits d’ouvriers, ou même cartes réalisées à la main se démarquent par leur finesse d’exécution et par le soin presque religieux accordé aux détails. Les carnets deviennent alors parfois de véritables œuvres d’art où transparaît la sensibilité de leurs auteurs. À cet égard, celui qui aborde le thème des fées d’Écosse, pour lequel la jeune artiste a superposé sur ses photographies, au crayon, son univers merveilleux devenant ainsi conteuse, constitue un exemple éloquent. Selon les sujets abordés, l’écriture se fait ample et littéraire, ou précise et technique. Mais chaque fois, elle transmet les impressions vives et inoubliables ressenties par ces jeunes ouverts sur le monde lors de leurs expériences, faites de rencontres étonnantes, parfois, émouvantes, toujours.

Audrey Parvais

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissariat :
Olivier Loiseaux, conservateur en chef, département des Cartes et plans, BnF
Frédérique Laval, bibliothécaire, département des Cartes et plans, BnF

 

Depuis 1939, date de leur création, les bourses Zellidja ont permis à plusieurs milliers de jeunes gens d’entreprendre un voyage en solitaire et de faire le récit de leur expérience. La BnF présente dans sa Galerie des donateurs une centaine de carnets de voyage choisis parmi les quelque 3000 qui lui ont été donnés par Henri Delord, l’Association et la Fondation Zellidja, témoignages uniques du regard de la jeunesse sur le monde.

Jean Walter, architecte renommé, fonde en 1939, avec le soutien de Jean Zay, les bourses Zellidja, du nom des mines dont il est propriétaire au Maroc. Il en garantit la pérennisation en créant en 1948 la Fondation nationale des bourses Zellidja dont le financement est assuré par les revenus qu’il tire de l’exploitation minière. Le principe est d’attribuer une somme d’argent limitée à des jeunes gens de 17 à 19 ans (16 à 20 ans désormais) afin qu’ils entreprennent un voyage en solitaire d’au moins un mois en vue de rapporter une étude sur un sujet qu’ils auront proposé. Dans l’esprit du fondateur, il s’agit de promouvoir une forme d’initiation à la vie par la découverte de l’ailleurs et par la rencontre de l’autre.
A chaque jeune boursier est demandé un rapport en trois parties : un journal de route, narration quotidienne des épisodes de son voyage, un rapport d’étude sur le thème choisi et enfin un carnet de compte attestant de l’emploi de l’argent de la bourse. Les rapports remis, illustrés de dessins et de photographies, sont parfois accompagnés de croquis techniques ou d’échantillons.
L’originalité et le traitement du sujet sont appréciés mais aussi le caractère de l’auteur du rapport, sa capacité à faire face aux situations imprévues, sa persévérance, son endurance et son esprit d’initiative, autant de qualités qui fondent «l’esprit Zellidja».
Les sujets proposés par les « Z » sont très variés. On choisit d’étudier aussi bien la mentalité sarroise que l’art roman en Auvergne, le port de Londres, le modèle scandinave ou encore les quartiers de New York. On rend compte des ravages de la lèpre en Ethiopie, de la question noire aux Etats-Unis ou des kibboutz en Israël. D’autres voyages sont avant tout des expériences humaines : s’embarquer à bord d’un chalutier, suivre une saison la troupe de Jean Vilar, partager le quotidien de pêcheurs au Niger ou d’une tribu touareg.
Après une période de crise au début des années 1970, les bourses Zellidja connaissent à nouveau une grande vitalité. Une fondation créée en 2004 distribue désormais chaque année une centaine de bourses de voyage. Dans un exercice autrefois réservé aux seuls garçons, les jeunes femmes occupent désormais une place centrale. Apparaissent des destinations comme l’Inde ou la Chine, des thèmes où une place plus grande est laissée à l’imaginaire et aux impressions personnelles. Un rapport à l’Autre fondé davantage sur l’échange et le partage d’expériences amène une nouvelle génération à s’immerger dans la foule colorée des marchés du Guatemala, à recueillir les pratiques ancestrales des chamans au Pérou ou s’imprégner de la musique populaire à Cuba. L’objet « carnet de voyage » évolue lui aussi avec les modes actuels de collecte et de transmission de l’information, enregistrements audiovisuels et créations numériques. Si la qualité des rapports varie, du travail parfois très scolaire à l’étude documentée et jusqu’aux frontières du livre d’artiste dans certains cas, l’intérêt de ce fonds réside dans ce foisonnement d’aventures menées par de jeunes gens et dans la mosaïque - Zellidja en arabe - de talents qu’ils révèlent...

 

 

Dans le cadre de l'exposition Zellidja, carnets de voyage, une journée d'étude est programmée le mercredi 26 juin 2013 de 9h30 à 18h
au petit auditorium aile est de la Bibliothèque François Mitterrand : “Zellidja : La découverte de soi au bout du voyage” 
où 4 sessions sont prévues :
1. Les fondations Zellidja de Jean Walter à aujourd’hui
2. Ecrire et raconter le voyage Zellidja
3. Les témoignages : en quoi ce voyage en solo a-t-il été un marqueur de ma vie ?
4. Le soutien de l’Education Nationale à Zellidja de Jean Zay (1939) jusqu’à aujourd’hui

http://www.bnf.fr/fr/evenements_et_culture/auditoriums/f.zellidja_decouverte.html?seance=1223910096551