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“Arnault Joubin” photographies
à la Voz'Galerie, Boulogne Billancourt

du 17 mai au 20 septembre 2013



vozimage.com

 

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage, le 16 mai 2013.

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Légendes de gauche à droite :
1/  © Arnault Joubin, Cesar.
2/  © Arnault Joubin, Paysage # 5.
3/  © Arnault Joubin, Eva.

 

extrait du communiqué de presse :

 

Les séries

 

« PORTRAITS »
Quel point commun entre Curtis Hanson, Jacques Weber, Wim Wenders, Cédric  Klapisch, Benoît Poelvoorde, Jackie Chan, Woody Allen ou encore Emir Kusturica ?  Celui d’avoir, un jour, croisé l’objectif d’Arnault Joubin. Photographe portraitiste de  renommée internationale, l’un des plus influents de la nouvelle vague française de la publicité, Arnault Joubin a capturé sous son objectif de nombreuses personnalités de Woody Allen à César en passant par Mario Vargas Llosa ou Charles Trenet. Plusieurs générations d’artistes coexistent ainsi dans cette galerie de portraits où le monde du cinéma tient une place singulière comme en témoignent les photographies  présentées ici.
Prises pour la plupart dans le cadre de commandes, ces photographies ont d’abord été découvertes dans la presse avant de rejoindre les cimaises des galeries sur lesquelles elles imposent le talent et l’esprit de l’artiste. Passionné par la matière argentique, Arnault Joubin maîtrise son art au point de lui rendre son sens noble et étymologique, celui d’écrire avec la lumière. Cette lumière qu’il construit, dompte, modèle, conjugue jusqu’à en recueillir le verbe qui révèlera au plus juste les traits de son sujet. Car au-delà d’un grand photographe, il y a un grand portraitiste. Capable de déceler l’essence de la personnalité de sa « victime ». Il capture le visage à l’instant imperceptible où le masque tombe laissant entrevoir une parcelle de vérité, celle qu’on ne montre pas au cinéma. Intrusion ? Il décode le langage du visage, scannérise le fond de l’âme. Ce n’est pas un hasard s’il excelle également dans la photographie de nu. Plan rapproché, noir et blanc sombre et profond, image pudique et efficace, le photographe procède à la manière d’un cinéaste pour développer son oeuvre sur la thématique du corps. Scénariste hors pair, il compose avec la matière vivante pour nous offrir sa vision de celles et ceux qui « font » le cinéma.

« DOUDOUS »
Arnault Joubin pose son décor en noir et blanc car telles sont les couleurs du souvenir. Dans cette série photographique, le photographe a choisi de mettre à l’honneur le regard de l’enfant en rendant hommage aux compagnons rassurants des tout-petits : « Les Doudous ».
Usés, abîmés, meurtris, les doudous à travers l’objectif d’Arnault Joubin sont magnifiés et réhabilités en objets rares, inestimables et attachants. Chaque doudou devient unique comme le sont les oeuvres d’art. Par analogie (valeur émotive/valeur marchande), l’auteur fait un parallèle entre deux systèmes de valeurs : celui de l’enfance et celui de l’âge adulte.
Car l’enfant, souvenons-nous !, ne perçoit pas le monde de la même façon que les grandes personnes. Sa vision est façonnée par d’ autres critères. Émotifs et  sensoriels, surtout. Ces objets adulés sont pourtant, avec le temps, laissés pour compte. Passé un certain âge, l’imagination mûrie. Sagement, l’oeil voit les choses telles qu’elles sont socialement et communément perçues. Les notions de valeur et de bon goût prennent possession de nous. Les adultes que nous sommes oublient trop souvent les enfants qu’ils ont été.
Arnault Joubin n’entend pas consentir à cet abandon et part à la recherche de ce temps où les sentiments, les sensations et les attaches sont d’un autre ordre. Il rencontre les anciens acolytes des doudous. Aujourd’hui ils se souviennent vaguement de ceux avec qui ils ont autrefois partagé tant de moments. Chacune des peluches photographiées raconte l’histoire d’une personne rencontrée par le photographe. Forts de leur nouveau statut, les doudous sortent de leur cachette, de l’oubli, là où jadis la croissance de leurs comparses les avait jetés. Une rédemption les attend : nouvelle postérité. L’oeuvre d’art, elle, ne perd pas sa valeur avec le temps.

« PAYSAGES NATURELS »
Depuis de nombreuses années, Arnault Joubin n’a cessé de revisiter les territoires de la photographie avec une profondeur si intense qu’elle semble venir des confins de la nuit. Dans ses « paysages naturels », le photographe nous livre une série dans laquelle il fait l’éloge du noir. Une série pleine de paradoxes à l’image de ses lumières chargées de contraste. Il y fait cohabiter la douceur du velours et la brutalité du charbon, les noirs profonds et les blancs luminescents.
Fidèles à la personnalité de l’artiste, généreuse et entière, ses paysages naturels nous plongent dans un univers fait d’obscurité exacerbée qui met en lumière la beauté de notre environnement. Tantôt rassurante, tantôt inquiétante, la nature d’Arnault s’habille de noir et nous invite dans une obscurité envoûtante dont on ne sait si elle est le fait de l’aurore ou du crépuscule, si elle appartient au passé ou à l’avenir, si elle nous renvoie à nos origines ou nous transporte dans notre devenir… Ici une falaise abrupte, là une dune toute en rondeur, l’oeil du spectateur navigue entre la violence et la  douceur d’ un univers immortalisé dans toute sa splendeur. Arnault Joubin ne  s’éloigne jamais de son sujet de prédilection en nous invitant dans une nature nourricière et généreuse, mère et berceau de l’humanité tout autant que séductrice. Ses courbes évocatrices ne sont pas sans rappeler ses « paysages humains », qui magnifient et transfigurent la nature féminine. Maniant à la perfection toutes les subtilités que peut offrir l’argentique, il déploie une palette de matières et de lumières qui  réécrivent l’instant si intime où le promeneur s’entretient avec la nature confidente, à la fois complice de son vécu intime et sujet aux questionnements et débats les plus universels et les plus contemporains.
C’est avec pudeur que le photographe invite son objectif dans la scène et fait taire la lumière. Ne pas déranger cet instant de prédilection volé au promeneur, immergé au plus profond de sa propre nature et de la nature propre. Arnault Joubin fabrique sa nuit des temps et nous immerge au coeur du spectacle du monde. La question du noir reste posée. Couleur du doute ? Couleur du deuil ? Couleur du désir ? Cette invitation à la méditation force alors notre présence.

 

 

Biographie
Nominé à la « Nuit des Jeunes Créateurs » 1990, lauréat du concours Ilford 1985 et 1986, Arnault Joubin est un photographe portraitiste de renommée internationale qui a capturé les plus grands de ce monde. Il collabore avec de nombreux magazines, maisons de disques et agences de publicité. En 1996, il expose notamment à Chicago et Houston un travail photographique commandé par Hermès, dont est extrait le livre « La Selle Hermès ».
Parallèlement à la publicité, Arnault Joubin développe de nombreux travaux personnels. Passionné par ce que la technique photographique peut lui permettre de réaliser, il développe un univers aux noirs sombres et profonds. Ses « Paysages naturels » sont des estampes japonaises aux plans rapprochés. Un noir et un blanc maîtrisés, une matière qui devient vivante où le souci du détail prime. On retrouve cette même noirceur dans sa série « Doudous ». Ici ce ne sont plus des hommes qui sont au centre de la photo, mais leur complice d’enfance le plus intime. Avec la tête à l’envers ou à moitié coupée au cadrage, il parvient à faire cohabiter deux regards : celui de l’adulte et de l’enfant. Là où le premier ne voit plus que la laideur de l’objet défraîchi, Arnault Joubin, lui, parvient à sublimer pour faire revivre le regard admiratif de l’enfant devant l’objet chéri.
On l’aura compris, l’homme est un artiste qui goûte peu aux conventions. Il nous surprend et nous bouscule une fois de plus avec la série « Paysages humains », véritable ode au sexe féminin, où les parties intimes se font vallon, montagne ou fleur. Loin d’être suggérées, les formes, sont là mais elles sont puissamment transformées en oeuvres d’art par un regard délicat et une composition élaborée.