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“Le vestibule et les canaux semi-circulaires” Sarah Duby - Florence Girardeau - João Vilhena
à la galerie Alberta Pane, Paris

du 18 mai au 15 juin 2013



galeriealbertapane.com

 

 

© Anne-Frédérique Fer, le 18 mai 2013.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Florence Girardeau, Unphras, 2010, impression jet d'encre, verre, triptyque, 24x114 cm.
2/  João Vilhena, L'écureuil sans air, 2013, pierre noire et craie blanche sur carton gris, 96x141 cm.
3/  Sarah Duby, A-E-I-O-U-I-O-E-A, 2013, gouache sur cartons, dimensions variables.

 


texte de Noemi Didu, rédactrice pour FranceFineArt

 

La galerie Alberta Pane présente une exposition au titre énigmatique : « Le vestibule et les canaux semi-circulaires », où dialoguent les œuvres de trois jeunes artistes plasticiens.

Pour la première fois, Alberta Pane a demandé à l'un des artistes représentés par sa galerie d'assurer le commissariat d'une exposition. Florence Girardeau a ainsi conçu l'exposition en faisant appel aux plasticiens Sarah Duby et Joao Vilhena dont les démarches sont proches de son univers artistique.

Le titre donné à l'exposition fait référence à différentes parties de l'oreille interne et permet d'introduire d'emblée le fil qui lie les œuvres entre elles : le mythe de la nymphe Echo et à travers celui-ci l'idée d'échos visuels et spatiaux, de variations et possibles pertes mais aussi les concepts de répétition, de copie conforme et de faux. Certaines œuvres préexistaient à l'exposition, témoignant du lien étroit existant entre les pratiques des trois plasticiens. D'autres pièces ont été créées ad hoc. D'autres sont absentes mais « leur présence est latente ».

L'idée d'écho est particulièrement exprimée par le dialogue entre l'installation vidéo « Si,quelqu'un » de Florence Girardeau et la série de caissons « A-E-I-O-U-I-O-E-A » de Sarah Duby.
Dans l'installation de Florence Girardeau le mythe de Narcisse et d'Echo, son pendant sonore et féminin, est évoqué à travers la mise en place d'un système en boucle, d'un circuit fermé qui reste toutefois sensible aux variations extérieures. A l'extérieur du vestibule accueillant l'installation, les caissons de Sarah Duby répondent à cette notion d'écho et de répétition : le caisson devient ainsi le symbole d'une caisse de résonance et par extension de la cage thoracique, et la couleur l'expression des différents timbres de la voix.
Les pièces de Joao Vilhena,virtuose du dessin, viennent enrichir ce dialogue par la notion de copie, de double et de faux.

Noemi Didu

 


extrait du communiqué de presse :

 

L’installation n/d (un dédale) se compose d’un panneau de bois de 3m50 de haut sur 1m53 de large, posé au sol et appuyé à l’oblique sur le mur, et d’une vidéo projetée sur son versant intérieur. La projection, de 50 cm de diagonale, s’irise sur la surface noircie, à l’aspect particulier du graphite de charbon, du panneau qui a été calciné. L’image est constituée de plusieurs pans architecturaux aux géométries anguleuses, éclairés de bleu, rose et vert néon. Placés les uns derrière les autres, ils apparaissent par légère transparence et au travers de leurs ouvertures respectives. Presque imperceptiblement, ces pans s’opacifient ou s’effacent, variant leur succession dans l’espace en profondeur.
Je décrivis cette installation à Sarah Duby et João Vilhena, lors de nos conversations au sujet de cette exposition. Elle en est absente.

Le dessin à la pierre noire et craie blanche Pinholes, 120 cm sur 80 cm, est la reproduction agrandie d’une carte postale du début du XXème siècle. Il se compose d’un personnage central, en pied, et d’éléments de décors. Le personnage porte le maquillage et les vêtements d’un Pierrot. Il tient de sa main gauche une palette de peintre sur laquelle il applique de sa main droite un pinceau. Le haut du corps et le visage sont tournés vers nous, les jambes et les pieds vers l’arrière, dans une torsion improbable. À sa droite, un socle sur lequel est posé un petit cube dont une des faces présente un trou d’épingle. A sa gauche, un croissant de lune en carton-pâte repose au sol. Le fond est occulté par un rideau noir, s’entre-ouvrant à sa base sur la lumière d’un arrière-plan. La carte postale est criblée de dix-huit trous de punaise, elle-même figurant au sommet de l’image.
João me décrivit cette pièce réalisée en 2011. Elle est absente de l’exposition.

La série des images Sans titre, chacune 19,7 sur 21 cm, dix tirages jet d’encre sur papier Baryta, collés sous diasec et sur un empilement de cinq plaques d’aggloméré, ont été réalisées au scanner. Des formes géométriques se détachent sur un fond noir. Certaines sont triangulaires, d’autres sont des quadrilatères convexes. Seule une des images contient un pentagone irrégulier. Certaines formes sont d’un blanc uni sur toute leur surface, tandis que d’autres présentent un dégradé vers le gris foncé ainsi qu’un liseré sur un de leur bord. Cela indique leur position, à l’horizontale ou à la verticale, par rapport à la surface vitrée sur laquelle elles sont disposées. Chaque image contient de deux à neuf découpes blanches. Sur quatre images de la série, la découpe se complexifie en un tracé irrégulier, dû à son déplacement au cours de l’opération de prise de vue par le scanner. Des détails colorés apparaissent, défaut de matière de certaines découpes, restes de ruban adhésif, ou interprétation du mouvement lors du passage de la lampe.
Sarah a réalisé ces images en 2011. Elles sont absentes de l’exposition.

Les oeuvres décrites ci-dessus sont constitutives du dialogue tissé entre nos pratiques, et sous-jacentes au choix des oeuvres exposées. Leur présence est latente comme l’est celle du mythe de la nymphe Echo, dont le corps s’est dématérialisé à la suite de son amour déçu pour Narcisse. Il est question ici d’échos spatiaux et visuels. Des variations et possibles pertes qui façonnent la répétition des espaces. Des doubles conformes et faux. Des creux, arrière-plans et détails qui s’éclipsent. Le vestibule et les canaux semi-circulaires, espaces architecturaux ou anatomiques, propagent les réverbérations.
Florence Girardeau