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“Danh Vo” Go Mo Ni Ma Da *
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Légendes de gauche à droite :
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texte de Sylvain Silleran, rédacteur pour FranceFineArt
Le matériau que Danh Vo travaille, modèle, sculpte, est l'histoire. C'est l'histoire non pas dans sa connaissance ou sa méconnaissance qui nous est présentée mais sa perception, sa représentation dans notre rapport subjectif et individuel à elle. Les pièces exposées ne portent ni légende, ni explication, nous invitant à construire en direct notre propre compréhension des moments clés d'une histoire qui nous est somme toute commune. Cette compréhension se fonde sur des émotions et une reconstitution à partir des fragments épars de nos connaissances personnelles. En refusant d'en livrer les clés et de se porter garant d'une vérité, l'artiste nous livre à nous-mêmes, nous rend égaux dans la subjectivité de notre œuvre de reconstruction tout en nous permettant d'affirmer et de comprendre nos individualités. L'histoire, la grande, celle qui s'écrit en majuscules se trouve liée à nos histoires personnelles, puisque ce sont ces dernières qui sont notre matériau de construction en l'absence d'une autorité nous dictant la vérité. Des fauteuils de la Maison Blanche, datant de l'administration Kennedy, sont désossés, la structure de bois ici, le cuir et la toile là-bas. Une copie carbone de la lettre de McNamara acceptant le poste de Secrétaire d'Etat à la Défense en 1960 et exposant ses conditions, un lot de plumes présidentielles ou bien les lustres de la salle de bal de l'hôtel Majestic avenue Kléber à Paris (où ont été signés les accords de paix scellant la fin de la guerre du Vietnam) sont disséminés, pièces de puzzle, nous appelant à connecter les points de notre propre expérience, notre mémoire ou notre imaginaire. L'histoire de là-bas se trouve reliée à celle de l'ici, l'histoire de l'autre devient une partie de la nôtre, effaçant frontières spatiales, politiques et temporelles, et devient finalement globalisée. Des cartons de bière, de Coca Cola, de whisky sont imprimés en peinture d'or. Le contraste des matériaux : or/carton nous renvoie à une autre forme de globalisation, celle des échanges marchands. La faible valeur du produit, simple boisson, son emballage dans un matériau dénué de toute importance et prêt à être détruit (d'ailleurs certains de ces emballages sont déjà pliés, froissés, déchirés) se confronte à l'or du logo, de la marque, concept unifié, objectif, précieux, voire luxueux, nous rappelant comme pour l'histoire que c'est notre propre subjectivité qui lui donne son importance, sa valeur et son prix. Des morceaux de la statue de la liberté reproduite en cuivre jonchent un grand espace. En se promenant au milieu de ces pièces monumentales, on comprend que c'est à nous de les reconnaître, d'effectuer le travail de reconstruction. Le concept politique et historique ne vaut finalement rien par lui-même, nous en sommes les acteurs et en portons la responsabilité. Sylvain Silleran
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extrait du communiqué de presse :
Directeur, Fabrice Hergott
* Danh Vo a extrait cette phrase d’un article d’une journaliste américaine : durant un voyage au Vietnam, elle est saluée par les vietnamiens d’un « Go Mo Ni Ma Da », mélange d’anglais et de français signifiant « Good morning, Madame ». Le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris présente une exposition consacrée à Danh Vo, artiste né en 1975 au Vietnam.
Le projet Go Mo Ni Ma Da, s’articule autour de quatre groupes d’oeuvres : Une intervention sous forme de calligraphie murale sera réalisée in situ par le père de l’artiste.
Le travail de Danh Vo a fait l’objet de nombreuses expositions dans les plus prestigieuses institutions internationales : Art Institute of Chicago (2012-2013) ; Kunsthaus Bregenz, Autriche (2012) ; National Gallery of Denmark, Copenhague (2012, 2010) ; Kunsthalle Basel, Suisse (2009) ; MoMA, New York (2009) ; Stedelijk Museum, Amsterdam, Pays-Bas (2008) ; Bergen Kunsthall, Norvège (2006). Il a également participé à la Biennale de Shanghai en 2012. Lauréat du Prix Hugo Boss 2012, Danh Vo présente ses oeuvres du 15 mars au 27 mai 2013 au musée Solomon R. Guggenheim de New York. Il sera également présent à la Biennale de Venise 2013. |