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“Milieux” article 954
au Domaine de Chamarande, Essonne

du 26 mai au 30 septembre 2013



chamarande.essonne.fr

 

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse par Lauranne Germond pour COAL, exposition du Château avec Brandon Ballengée, le 24 mai 2013.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Astrid Verspieren et Elyse Ragueneau, Île Perdu(e), Hortillonnages 2012, Amiens © Droits réservés.
2/  Brandon Ballengée, DFA 19, Io, photo scanner éclaircie et colorisée d’une rainette multi-membrée du Pacifique (Aptos), impression numérique unique sur papier coloré, avec la collaboration scientifique du Dr. Stanley K. MALAMP, titre en collaboration avec le poète Kuy Delair, 121 x 93 cm, 2001-2008, courtesy de l’artiste et de la Verbeke Gallery, Anvers © Droits réservés.
3/  Nicolas Floc’h, Structure productive, Récif Artificiel, 23 mètres, Portugal, 2012 © Droits réservés.

 


texte de Audrey Parvais, rédactrice pour FranceFineArt.

 

Durant le printemps et l’été 2013, le domaine de Chamarande, en Essonne, propose trois expositions au sein de son cadre unique, véritables vecteurs de médiation entre l’homme, la nature et la culture artistique.

« Milieux »
Onze artistes ont investi, en collaboration avec le personnel du domaine, les 98 hectares du parc exceptionnel de Chamarande pour autant de productions, étonnantes et ludiques. Sur le thème de la responsabilité de l’homme envers la nature et son évolution, ils établissent grâce à leurs installations un dialogue entre les visiteurs et les différents milieux naturels. Quand ils n’en créent pas de nouveaux, comme ce surprenant Pourrissoir, de Gilles Bruni, structure conçue entièrement de déchets organiques  provenant du parc et destinée, à terme, à se décomposer, suivant ainsi le principe immuable du cycle naturel. Mais ces œuvres constituent aussi de véritables espaces d’échanges et de convivialité, nourris par leur caractère singulier et récréatif. Ainsi Chamarande les Bains, constituée de baignoires encastrées dans des estrades en bois et regroupées autour d’un bassin, amuse-t-elle par son côté décalé. Enfin, d’autres productions laissent la part au rêve et à la poésie, telle cette installation qui promet de transformer l’argent en abeilles, véritables agents de la biodiversité.

« Je pense à toi »
L’écrivain Frank Smith occupe, lui, l’orangerie et aborde un thème complètement différent, celui de la pensée à l’autre. Réfléchissant sur sa signification, il tente de matérialiser ce qui, par essence, ne peut l’être par le biais de photographies, de lettres, de vidéos et même d’un enregistrement sonore, diffusé par plusieurs enceintes pendues au plafond et réalisé en collaboration avec le collectif new yorkais, Soundwalk. Sur un mur blanc, sont accrochés cartes postales et documents écrits envoyés pour la plupart par d’autres artistes désireux de participer au projet de Frank Smith, pour un rendu très graphique. Le montage vidéo, projeté de l’autre côté de la pièce, se compose quant à lui de gros plans sur des visages de personnes, pris au moment où celles-ci pensaient à quelqu’un. Peuvent s’y lire un sourire, de la mélancolie, de la tristesse parfois, preuve que la pensée à l’autre n’est pas une pensée du vide, mais bien de l’émotion.

Où la science devient art
À l’intérieur du château, le chercheur et artiste américain Brandon Ballengée aborde la question de l’impact de la pollution sur l’environnement en présentant ses travaux sur les malformations des batraciens, dans une rétrospective qui couvre dix ans de recherche scientifique. Scannées, ces créatures qui semblent venir d’un autre monde sont pourtant empreintes d’une inquiétante et fascinante poésie. Parées de couleurs vives, bleu profond, rouge sang ou vert turquoise, obtenues grâce à une ancienne méthode d’observations, elles deviennent presque des bijoux aux détails finement ciselés (les spécimens présentés dans la salle des « Reliquaires »), ou au contraire des monstres préhistoriques. Les trois « Titans », poissons dont les imposantes photographies scanners occupent une pièce sombre qu’ils éclairent de leurs arêtes d’un rose soutenu, en constituent ainsi un exemple particulièrement marquant. Autre objet d’étonnement, une pyramide de bocaux en verre contenant des espèces marines, poissons et crustacés, représente la chaîne alimentaire de l’océan Atlantique. Si l’on peut éprouver une fascination horrifiée devant ces corps morts aux yeux éteints, on ne manque cependant pas de remarquer les nombreux bocaux vides, qui symbolisent autant d’espèces disparues… Car la beauté étrange des œuvres de Brandon Ballengée rappelle sans cesse le danger qui pèse sur de nombreux écosystèmes. Ainsi l’aquarium qui restitue à l’identique l’état de nos rivières, où gisent, au milieu des algues, canette éventrée et bouteille en plastique, nous met-il directement face à nos responsabilité.

Audrey Parvais

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaire associé COAL

 

Pour l’exposition Milieux, une douzaine d’artistes français et internationaux nous invitent à (re) découvrir la diversité des « milieux » de ce site remarquable en s’immergeant dans ses 98 hectares.

 

Les artistes ont imaginé des installations de plein air, à l’échelle du lieu, favorisant la rencontre, la découverte et le partage d’expériences. Le Domaine se transforme ainsi en un véritable espace d’observation et d’interaction avec la nature où les visiteurs peuvent expérimenter de nouvelles manières d’habiter leur environnement et de vivre ensemble.
Le milieu est l’intermédiaire entre l’homme et la nature. Il est ce que nous percevons de l’environnement qui nous entoure, à notre échelle et selon nos unités de mesure. Le développement d’une conscience et d’une culture écologique a profondément changé notre relation aux différents milieux.
Chamarande incarne cette transition de notre perception, à la croisée de l’évolution culturelle et biologique. En témoigne l’évolution de ses représentations : Chamarande était hier un paysage construit et fantasmé par Hubert Robert, et aujourd’hui une Zone Naturelle d’Intérêt écologique, Faunistique et Floristique (ZNIEFF II) qui bénéficie d’un « plan de gestion différenciée », c’est-à-dire d’une gestion plus raisonnée et plus écologique de l’entretien de ses 98 hectares de milieux naturels et paysagers.

Comment ces différentes perceptions humaines des milieux co-habitent-elles à présent ?
Comment ont-elles évolué au gré de nos projections culturelles et scientifiques ?
Comment observer son environnement et interagir avec lui ?
Comment passer d’un milieu à un autre ?
Comment habiter autrement une forêt, une prairie, une île ou une zone pavillonnaire ?
Ce sont ces questions que l’exposition Milieux propose de mettre en perspective.

Les artistes sont invités à devenir pleinement acteurs de la gestion du parc, avec une vision prospective de l’évolution des milieux : ils offriront un regard singulier et innovant sur notre manière de percevoir, d’habiter et de gérer ces espaces naturels et culturels. Leurs productions inédites révèleront au public la vitalité naturelle de l’ensemble des milieux du Domaine.
Que ce soit la création d’une cité idéale, d’une économie autour d’abeilles butineuses, d’un jardin du futur, ou d’un pourrissoir, toutes ces oeuvres interrogeront la mémoire des lieux, un modèle de société ou encore une gestion alternative des milieux.
Le château sera, quant à lui, investi par l’artiste américain Brandon Ballengée pour sa première exposition personnelle en France, qui fait suite à sa résidence durant l’été 2012 sur le Domaine de Chamarande. Il présentera son travail sur les transformations du vivant engendrées par les interventions de l’Homme sur les milieux naturels, et plus spécifiquement une série d’oeuvres sur les amphibiens.
Dans ce parcours d’oeuvre en oeuvre, de milieu en milieu, le public fera l’expérience de la particularité du milieu : il n’y a pas de frontière, il est un passage. La lisière de la forêt est un milieu en lui-même tout en étant le passage de la prairie à la forêt. Au Domaine de Chamarande, passage du monde de l’art à celui de la nature, pont entre rural et urbain, nous sommes au milieu et au coeur de l’exploration.
Entre émerveillement et responsabilité, l’exposition permettra aux visiteurs de ne plus seulement observer la nature à distance, mais de l’intégrer à l’échelle du Domaine, de s’interroger sur la préservation et le partage de nos milieux de vie, de devenir de véritables co-propriétaires des lieux. Pour partager ces expériences, l’exposition sera également ponctuée de temps forts, d’échanges avec les publics, événements, rencontres débats, ateliers et brunchs thématiques. Une étape de plus vers la définition d’une culture durable à vivre ensemble sur le Domaine de Chamarande.

 

Brandon Ballengée, exposition personnelle au château
Faisant suite à sa résidence sur le Domaine en 2012, l’artiste expose un ensemble d’une vingtaine d’oeuvres relatives à ses plus récents travaux sur les malformations des batraciens engendrées par la pollution de leur environnement naturel. L’exposition sera plus largement l’occasion d’aborder sa démarche et ses travaux situés aux confins de l’art et de la biologie. À la fois artiste et chercheur écologue, Brandon Ballengée combine sa fascination pour les amphibiens, les poissons et les insectes aux techniques de représentation des beaux-arts.

Depuis une dizaine d’années, il révèle - par ses créations plastiques, ses recherches de terrain et ses éco-actions - comment les altérations des milieux naturels par l’homme engendrent des destructions et des malformations chez les espèces les plus fragiles.
On découvrira notamment une série d’oeuvres qui rendent hommage aux travaux des plus grands naturalistes, de John James Audubon (1785-1851) à Charles Darwin (1809-1882) en passant par le biologiste-naturaliste Jean Rostand (1894-1977) et l’actuel directeur du Laboratoire reptiles amphibiens du Muséum national d’histoire naturelle de Paris, Alain Dubois.
Plusieurs créations seront présentées dont l’une monumentale consacrée à l’effondrement de la chaîne alimentaire provoquée par la surpêche sur les côtes atlantiques françaises.
Elle fera écho à ses récents travaux sur la catastrophe écologique, survenue de l’autre côté de l’Océan, dans le Golfe du Mexique, suite à l’explosion de la plate-forme pétrolière Deepwater Horizon en 2010.