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“Soul Food”  exposition 005
Peintures de Sylvain Silleran

du 3 octobre au 20 novembre 2014



www.theketchupfactory.com

© FranceFineArt, vernissage de l'exposition.

 

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Légendes de gauche à droite :
1/  Sylvain Silleran, Lady Fado, acrylique sur toile, 38x55 cm, 2014.
2/  Sylvain Silleran, Sisters, acrylique sur bois, 116x78 cm, 2014.
3/  Sylvain Silleran, Good & Evil (détail), acrylique sur toile, 76x55 cm, 2014.

 


Soul Food

Je m'intéresse aux cultures populaires, à leur réappropriation par tous, et comment finalement elles ont créé une nouvelle forme de spiritualité, façonnant nos identités et constituant un lien commun entre nous. A travers des voyages en Asie, je me suis aperçu qu'elles touchaient tout le monde en dépassant les frontières des langues et des cultures: un ado birman ou laotien écoute du HipHop, joue aux jeux vidéos et regarde des films et séries TV tout comme un ado occidental.
Ces archétypes populaires, bon marché finalement si on les compare à une culture élitiste bien plus valorisée, ne doivent pas leur succès au hasard, ils portent des valeurs universelles qui nous touchent profondément. Wonder Woman, Hello Kitty, Calamity Jane ou Betty Page, Scoobydoo ou Candy Crush ont bien plus de sens qu'on ne le voit.

De même, la culture traditionnelle, historique, doit son impact mondial à sa désacralisation, la Joconde et les tableaux célèbres du Louvre ne sont devenus des éléments de la pop culture mondiale qu'en étant déclinés sous forme de tshirts, mugs ou magnets de frigos, objets 'vulgaires' ayant perdu les attributs du 'beau', de l''art', descendus de leur piédestal muséal.

Il y a aussi une obsession pour l'arc en ciel. Le drapeau LGBT représente pour moi l'essence d'un idéal de paix. J'y vois une humanité unie dans le respect de ses diversités, le droit fondamental d'être simplement qui on est dans son unicité, sa différence, et pourtant avoir sa pleine place parmi les autres en pleine égalité. l'ensemble de ces individualités quelles qu'elles soient formant une unité joyeuse, festive et lumineuse. D'autre part, j'y lis l'idée d'une sexualité libérée et heureuse, énergie positive et créatrice, sur laquelle se base une vie optimiste, fraternelle et ludique. La femme black souriante est mon côté féminin, elle est est la part féminine de ma sexualité, celle qu'il est interdit à un homme hétéro d'exprimer trop fort. A travers ma peinture je crée un monde ou cette femme est triomphante, et son triomphe est celui de toutes les femmes finalement libérées de siècles de domination masculine. Parce que l'égalité des sexes passe par la libération de la femme qu'il y a en chaque homme et de celle de l'homme en chaque femme.

Enfin la nourriture et la bouche comme centre de mes personnages. Elle matérialise notre rapport au monde et au spirituel. En effet, c'est la bouche qui mange l'air, l'eau, la nourriture, qui parle, qui chante, qui rit, qui psalmodie; la bouche est la porte par laquelle le divin entre en nous, et produit en retour un souffle divin lui aussi. La bouche qui rit c'est nous quand nous sommes rassasiés de nourriture, d'amour, de joie, de savoir et de beauté, quand nous sommes enfin heureux de ce que nous sommes, satisfaits de nos choix de vie, de sexualité, heureux d'être un homme, une femme, ou les deux à la fois.

Sylvain Silleran



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Entretien avec Sylvain Silleran,
par Anne-Frédérique Fer, le 2 octobre 2014, durée 7'47". © FranceFineArt.

texte de Audrey Parvais

Sur les murs blancs de deux salles, les oeuvres de Sylvain Silleran s’apparentent à des tâches de couleurs vives. Sur chaque toile, le buste d’une même femme noire aux traits simplifiés au maximum, et dont on ne verra jamais l’intégralité du visage mais dont la bouche, rose ou rouge, constitue le point focal, sert de support à l’opposition de deux visions. Le dessin, dépouillé de ses artifices, permet alors de représenter deux mondes, l’un réel dans toute son hystérie, l’autre rêvé par l’artiste où domine l’expression d’un désir d’harmonie et de retour à l’essentiel.


Une humanité unie

Deux salles donc pour deux significations différentes. Dans la première, la couleur éclate soulignée par les éclaboussures de peinture jetées sur les murs et qui encadrent les tableaux telles des explosions de joie et de fantaisie. Sous les tons vifs, on découvre alors un éloge de la diversité, diversité qui n’empêche ni l’harmonie ni le partage. Les teintes du drapeau de la paix reviennent comme un leitmotiv, se manifestant parfois sous la forme d’accessoires du quotidien : un rouge à lèvre qui colore une bouche souriante, ou un chandelier dressé à bout de bras qui semble éclairer le chemin vers un monde plus uni et plus juste. En partie dissimulée sous un voile immaculé, une femme prie, les mains dressées vers le ciel où flotte un nuage arborant lui aussi les couleurs de la paix, véritable symbole de l’harmonie entre des religions apaisées.

Et puis, il y a cette femme nue, débarrassée du carcan de ses vêtements, droite sur un fond de feuilles d’un vert éclatant et tenant une pomme dans laquelle on peut imaginer qu’elle a croqué à pleine dent. Avec son grand sourire, elle semble nous engager à retourner à ce qu’il y a de plus simple : être soi-même, en phase avec la nature, loin d’une civilisation dominée par l’urgence et qui brûle la chandelle par les deux bouts.


L’hystérie occidentale

Car à cette vision rêvée s’oppose dans la deuxième salle l’évocation d’un monde dominé dans tous ses aspects par la culture occidentale où tout, même la représentation du divin, semble condamné à la désacralisation. Dans un dyptique intitulé « Good and Evil », une tablette de chocolat en forme de croix de crucifixion côtoie ainsi une bouteille de sauce, dont l’emballage rouge violent paraît suggérer de plus une certaine menace, symbolisant une mise à niveau égal de la religion et de la société de grande consommation. Toute dimension spirituelle est donc ici reniée, noyée sous les considérations purement matérielles de notre époque. Quant aux peintures où l’on devine Calamity Jane ou Wonder Woman, elles témoignent de l’expansion d’une culture qui tend tristement à s’universaliser, calquée sur les modèles et les représentations venues de l’Occident.

Et par « Occident », l’on entend principalement la puissance américaine, rendue présente par un simple tee-shirt blanc porté par les sujets des tableaux et sur lequel est écrit « I love NY », autre symbole d’une culture de masse. De cet ouest, vient aussi un mode de vie rythmé par le flux continue et presque abrutissant d’information (une femme tient deux téléphones dont les fils s’entremêlent chaotiquement en main) et l’obligation d’être constamment dans l’urgence ( une autre dévore en trois étapes un sandwich, comme si même manger constituait une perte de temps). La bouche, qui croquait la vie à pleine dent dans la première salle, l’aspire désormais, la consume sans réflexion ni restriction, tel un trou noir qui avalerait tout. Le corps nu, ligoté et bâillonné que l’on croise au milieu de cette hystérie pantagruélique pourrait alors représenter une partie refoulée de notre conscience et tragiquement réduite au silence qui tenterait de se libérer d’un monde devenu fou.


Face à ce constat tout de même légèrement déprimant, réjouissons nous cependant de l’omniprésence de ce personnage féminin noir – expression de la féminité de l’artiste contrainte de demeurer silencieuse – qui exprime la libération de la femme face à la domination masculine. C’est seulement grâce à elle que le monde pourra finalement trouver son équilibre. Quant au sourire, ce large sourire qui éclaire les toiles, il exprime aussi la jouissance d’un état de complétude personnelle et universelle qui sera celui de l’humanité une fois qu’elle aura embrassé la diversité et la différence.

Audrey Parvais


Gallery-expo 005  visionner le catalogue de l'exposition


remerciements :
Michel Barbier qui m'a aidé à trouver ma voie
Thomas Debeurre qui a ouvert la première porte
et Jean-Louis Garcia


 

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Légendes de gauche à droite :
4/ à 15/ Atelier de l'artiste. © FranceFineArt.