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Livres

 

“Promise Me a Land” photographies de Clément Chapillon

Editions Kehrer

 

https://www.kehrerverlag.com/en/clement-chapillon-promise-me-a-land
http://www.clementchapillon.com/

 

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légendes de gauche à droite
1/ Couverture de Promise Me a Land de Clément Chapillon, aux éditons Kehrer. © Clément Chapillon.
2/ Portrait de Clément Chapillon. [crédit non communiqué ©DR)

 


texte de Julie-Marie Duro, rédactrice pour FranceFineArt.

 

Peut-on aujourd’hui photographier Israël/Palestine sans faire de politique ? En choisissant la terre pour point de départ et horizon, Clément Chapillon se pose en observateur neutre – si tant est que cela soit possible. « Promise me a land » est un portrait de cette terre impassible à ce qui se vit à sa surface, affectée sans affect. Car n’est-ce pas seulement lorsqu’il est revendiqué que le sol se fait territoire, que Gaza devient occupée et Jérusalem partagée ?

Mais peut-on vraiment photographier Israël/Palestine sans faire de politique ? « Promise me a land » rassemble images et textes provenant de sols opposés par les discours que le photographe tente d’unifier. Les bribes de textes non attribuées nous laissent en suspens. De quel côté de la frontière ses mots furent-ils prononcés ? Quel est le nom que ces gens donnent à leur terre ? Où mène cette route ? Qui habite derrière ces maisons ? N’est pas justement dans cette suspension du positionnement que Clément Chapillon nous pousse à une réflexion politique ?

Je ne crois pas qu’une photographie neutre puisse exister. La photographie comme tout langage se positionne et par sa prise de position questionne le monde qui nous entoure. Photographier est un acte si pas à proprement parler politique toujours sociétal et en tous cas philosophique. Au travers des images, c’est une vision du monde qui nous est proposée, visée face à laquelle nous ne pouvons que nous positionner. La volonté de Clément Chapillon de ne pas vouloir prendre parti, l’engage donc également dans un autre débat, celui qui sans arme, fait rage depuis l’aube de la photographie – voire de la philosophie – celui du rapport des images au réel, de l’artiste au monde. Ce désir de neutralité interroge une prétendue objectivité. Et si ses photographies sont « avant tout porteuses d’une grande profondeur métaphysique », comme l’indique Diana Pinto dans la préface du livre, c’est qu’elles nous poussent à penser l’essence de la photographie comme expérience politique et philosophique.

Mais réfléchir au discours des images pourrait presque nous éloigner d’elles et nous faire oublier que Clément Chapillon nous offre peut-être avant toute chose quantité de portraits et paysages d’une humanité et d’une douceur remarquable.

Julie-Marie Duro

 


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3/ Clément Chapillon, Mitzpe Yeriho, Judean Desert, February 2016. © Clément Chapillon.
4/ Clément Chapillon, Highway 90, West Bank, February 2016. © Clément Chapillon.
5/ Clément Chapillon, Near Highway 90, West Bank, February 2016. © Clément Chapillon.