Les Pieds Bandés - Préface
Parmi toutes les histoires que j’ai dessinées, c’est « Les pieds bandés »dont je suis le plus satisfait. Durant mon enfance, mon père m’a transmis une éducation stricte, prônant le respect des valeurs révolutionnaires. J’ai reçu de ma mère affection, gentillesse et générosité. Ma nounou avait l’esprit plus pratique, accordant davantage de place aux choses de la vie. Aujourd’hui, on dirait « une éducation sociale ». Cinquante ans plus tard, nous nous souvenons très bien, ma sœur et moi, de notre nounou Chunxiu mâchant des tranches de gras rapportées en cachette par nos soins de la cantine de l’école maternelle… Tout cela, je le revois parfaitement défiler devant mes yeux. Madame Chunxiu nous racontait souvent la légende de Chang’e*, la période féodale, le bandage des pieds, etc. Tout cela, je n’ai pas manqué de le dépeindre sous ma plume. J’ai vraiment de la chance de disposer de cette machine à remonter le temps… J’ai aujourd’hui quasiment le même âge que Madame Chunxiu alors. J’en ressens davantage de manque et de gratitude. Je remercie sincèrement les éditions Dargaud de m’avoir offert cette plateforme internationale qui permettra de faire connaître au plus grand nombre l’histoire de Chunxiu et de ces milliers de chinois ordinaires ayant traversé ces temps troubles.
*Chang’e est un personnage de la mythologie chinoise, femme de l’archer Houyi. Séparée de son mari et du reste de l’humanité, elle réside éternellement sur la Lune, dans un palais de jade.
Li Kunwu par Geneviève Clastres Pendant cinq ans, Li Kunwu a dessiné sa vie, une vie qui commence en 1955 pour se poursuivre sur le papier quelques cinquante-cinq ans et trois tomes plus tard. Elle laisse derrière elle un témoignage impressionnant sur l’histoire d’un homme, soldat-dessinateur de Mao, qui a traversé tout ou presque de l’histoire récente de la République populaire de Chine. Avec son complice et ami Philippe Ôtier, co-scénariste, ils signent un document unique – « Une Vie Chinoise » – sur les coulisses de la propagande du parti et ces années rouges encore méconnues de la jeune génération. Son nouvel ouvrage, « Les pieds bandés », dont le trait torturé esquisse toute la difficulté du récit, offre un regard acéré sur cette terrible pratique qui marqua dans leurs chairs des millions de femmes chinoises. La chute de la dernière dynastie sonna peu à peu son déclin. Mais, à la périphérie de l’empire, dans la province du Yunnan dont est originaire Li Kunwu, certains villages continuèrent à bander les pieds des fillettes jusque dans les années 30… Geneviève Clastres, Journaliste/Interprète sinisante http://www.voyageons-autrement.com/genevieve-clastres.html
Suite de l’article de Geneviève Clastres sur le blog de Kana http://www.kana.fr/blog/dossier-les-pieds-bandes/
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