Légendes de gauche à droite : 1/ Dune Varela, Impression photographique sur platre, 80x100 cm. © Dune Varela / Résidence BMW au musée Nicéphore-Niépce. 2/ Dune Varela, Le Temple de Zeus, dimension : 92x124 cm photographie contrecollée sur aluminium, impacts de balles par revolver. © Dune Varela / Résidence BMW au musée Nicéphore-Niépce. 3/ Dune Varela, photographie Statue grecque, peinture blanche aérosol. © Dune Varela / Résidence BMW au musée Nicéphore-Niépce.
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Conserver, altérer, fabriquer…
Trois mots, trois actions, que d’instinct j’ai noté, encadré et souligné. Ces trois verbes résument parfaitement la démarche photographique de Dune Varela. Réalisé lors de la 6e résidence BMW au musée Nicéphore Niépce et présenté pour la première fois ce 1er décembre 2016 devant un public de journalistes, ce travail “en cours” ne sera dévoilé finalisé qu'en juillet 2017 lors des Rencontres de la photographie à Arles puis à Paris Photo en novembre de la même année.
Durant les trois mois de la résidence, se questionnant sur ce qui restera de la photographie, Dune Varela s’est préoccupée de la forme plastique de l’image et du tirage. Réfléchissant aux différentes altérations et aux matériaux utilisés à travers l’histoire de la photographie pour la production des images.
Pour expérimenter les divers aspects d’altérations et des modes de productions, elle s'est plongée dans les archives de la collection du musée Nicéphore Niépce pour rechercher les différentes formes de représentation du paysage photographié. Son choix s’est arrêté sur des photographies de temples et de grottes. Lieux devenus sites touristiques photographiés à l’infini et considérés comme archétypes.
Lors de la présentation du 1er décembre, une des photographies de temple, monument-symbole de notre histoire et maison de notre savoir : le temple de Zeus, a été percé, troué à coup de revolver 38 mm. Une photographie qui par son protocole d’altération résonne comme un rappel de l’actualité. La violence de l’action, viser pour détruire, nous bouscule. Par ce tir, protocole aussi utilisé mais différemment par Niki de Saint Phalle, Dune Varela revisite le tir photographique qui fut une activité populaire des fêtes foraines du début du 20eme siècle. Le tir photographique n’est pas ici pour déclencher la prise de vue, mais pour altérer la surface plane de l’image contrecollée sur un support d’aluminium. En choisissant de tirer sur la partie invisible de l’image, par l’arrière de celle-ci, en visant la plaque d’aluminium, l’impact sortant des balles trouble le paysage pour en offrir une autre dimension, une autre visibilité, un nouveau paysage. L’image plane devient relief, sculpture, objet. Par ce tir, la photographie considérée comme multiple devient unique.
Si par ces accidents et ces altérations, Dune Varela interroge le devenir de l’image photographique, elle nous interpelle également sur notre monde construit sur la destruction matérielle, humaine, intellectuelle ; de la pensée et de nos rêves…
Pour explorer l'altération, Dune Varela a aussi étudié la cassure, la brisure, la pierre, le verre, la faïence... mais cela nous le découvrions en juin avec la publication d'un livre aux éditions Trocadéro et en juillet sous la forme de l’exposition.
Anne-Frédérique Fer
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