Quel est votre parcours avant d’entrer en école d’art ? J’ai eu un Bac Pro Commerce suivi d’un CAP photographie dans la région Rhône-Alpes.
Quelle est votre école ? Comment l’avez-vous choisi ? Avez-vous préparé plusieurs concours en école d’art ? Votre école actuelle était-elle votre premier choix ? J’ai fait 2 années à l’école nationale supérieure des Beaux-Arts de Dijon. Puis j’ai poursuivi ma formation à l’école des Beaux Arts de Nantes métropoles. J’ai choisi de changer d’école pour profiter de la qualité de vie à Nantes, suivre des séminaires sur le Postcolonialisme menés par Emmanuelle Chérel et bénéficier des projections résidences que propose l'institution.
Aujourd’hui en février 2017, à quelle étape de votre “scolarité” êtes-vous arrivé(e) ? J’ai eu le DNSEP en juin dernier. Actuellement je dispose d’un atelier à Nantes.
Quelle est votre pratique plastique ? Comment votre pratique s’est elle imposée à vous ? Pouvez-vous nous raconter sa naissance, son histoire ? Mon engagement est né d'une prise de conscience. J ’ai eu cette force de conviction lorsque j’étais en fin d’étude secondaire. À ce moment-là, je me suis mis à lire et à aller dans les musées, choses que je ne faisais absolument pas dans le passé. De ce fait, j’ai changé de fréquentation et me suis réorienté vers un CAP photographie en vue de me préparer pour les concours des Beaux-Arts.
Comment définissez-vous votre pratique plastique ? Dans mon travail, je m’intéresse à une mémoire collective complexe liée à l’histoire de la France, et notamment de la colonisation, à travers sa manifestation dans les sculptures publiques. Ces traces et restes qui continuent à manifester ces faits historiques. La mémoire collective se joue dans la sculpture, dont les formes visuelles et sensibles, la puissance, la charge donnent présence à cette histoire. Souvent sous une forme spectrale, voire fantomatique. J’élabore des processus et des gestes qui relèvent d’une volonté presque animiste de charger un matériau inerte d’une volonté propre, de rassembler des forces contraires en tension pour conférer à la sculpture une énergie “vitale”. Il s’agit de lui donner une puissance de résistance, de considérer son processus de croissance et de réduction, d’élévation et d’affaissement, son champ de force et d’action. Et ce afin de générer des expériences, des situations, des réflexions.
Si vous deviez résumer votre pratique plastique en 5 mots, quels seraient-ils et pourquoi ? Appropriation, Intentionnalité, Réparation, Syncrétisme, Salubrité de l’esprit
Comment se nourrit votre pratique plastique ? Quelles sont vos influences, vos références ? L’histoire ou votre histoire personnelle fait-elle partie des sources d’inspiration de votre pratique ? Je porte une intention particulière à lire les signes qui m’environnent. Ces lectures de signes m'ont conduit à voyager généralement dans les pays qui ont été des colonies françaises (Algérie, Sénégal, Bénin, Cameroun, Gabon, Liban..) De ces voyages, j’essaye de comprendre l’effet boomerang qui s'exerce sur la France. Pour ne citer qu’une brèche de référence, j’apprécie le plasticien Danh Vo (We The people), l’œuvre picturale d'Henri Barande, les réflexions de Kader Attia. Le livre d’Alfred Gell, Art and Agency, m'intéresse beaucoup. Il est centré sur ce qui concerne l’aspect cognitif. Gell suggère de remplacer le concept d’esthétique par celui d’art, considéré comme un élément de la communication entre individus. Pour Gell, les objets d’art nous font imaginer ? les intentionnalités très variées qui sont liées à leur production ; nous nous les représentons comme possédant eux-mêmes une intentionnalité propre. Cette théorie de l’art est fondée sur les récents développements de la psychologie cognitive concernant la capacité des êtres humains de se comprendre.
Si vous avez eu une autre formation, une autre vie, avant d’entrer en école d’art, est ce que celle-ci a une influence sur votre pratique ? Je pense conserver une influence sur mon parcours en CAP photographique. La notion d’image dissemblable que je crée lorsque je fais des prélèvements urbains, est le centre d’intérêt primaire des formes que j’innove.
Pouvez-vous nous d’écrire l’œuvre qui vous semble pour l’instant la plus aboutie et qui définit aux mieux votre pratique ? C’est un projet que j’ai réalisé lorsque j’ai fait ma projection résidence / étude au Sénégal. Ensuite d’autres ont suivi dans cette même veine... Mon projet s’est concentré sur la figure du lion, un symbole particulièrement fort au Sénégal lié au monde symbolique et animiste, mais également à la nation sénégalaise, à ses imaginaires politiques et sociaux. Il était, avant la présence française, l’animal symbolique du pouvoir. Pendant la colonisation, il fut associé aux forces de résistance et à l'Islam. Avec l’Indépendance, il devint le symbole officiel de l’État sénégalais. J’ai emmené à Dakar le moulage d’un renfort de lion appartenant à l’ancienne pédiluve de la gendarmerie de Nantes (place Aristide Bertrand, bâtie au milieu du XIXème siècle). Emporter le moule de cette figure de lion était une manière d’évoquer l’histoire négrière et coloniale de la France, de Nantes, et de penser l’idée d’un retour/restitution des patrimoines et forces symboliques en Afrique. En même temps, le lion n'a jamais quitté le Sénégal, et il est présent et convoqué dans des rites populaires comme la Cérémonie des Faux Lions. L’idée a été d’organiser un évènement, une cérémonie avec des danseurs autour de moules en plâtre de cette figure, composant un espace sculptural qui permette de rejouer la puissance du lion. Un moment de réunion et de contradictions autour de notre histoire mais qui la débordait largement. https://vimeo.com/144480135
Comment pensez-vous et envisagez-vous l’évolution de votre pratique plastique ? Je pense poursuivre sur ces questions tout en menant des projets collaboratifs.
En tant qu’étudiant(e) en école d’art, vous sentez-vous déjà artiste ? Pour vous qu’est ce qu’un artiste ? Que signifie pour vous ”être un artiste”, devenir un artiste ? XXXX
Une fois votre diplôme obtenu, votre pratique validée par un jury de professionnels, comment imaginez-vous votre avenir ? XXXX
Comment votre école s’implique t-elle dans l’avenir de ses élèves ? A-t-elle des cours, des ateliers qui vous prépare au côté administratif de la vie d’un artiste, à la diffusion de votre travail ? L’école dispose d’un programme de résidence d’étude en 4e année. Elle offre la possibilité de se mettre dans de réelles conditions professionnelles pour mener des projets à Marfa / Sénégal / Séoul / Santa-Fé et Mexico.
Comment pensez-vous que le concours La Convocation peut vous aider à “professionnaliser” votre pratique artistique ? J’imagine que cela puisse m’ouvrir à un réseau de relation, d’échange, de collaboration pour éventuellement mener de futurs projets avec des gens qui auront apprécié ma pratique plastique ainsi que ma personne.
En tant qu’étudiant(e) en école d’art, quel est votre regard sur la scène artistique, le marché de l’art ? Il y a plusieurs branches dans le marché de l’art. Je pense que chacun peut y trouver sa place.
Pensez-vous que votre pratique, votre démarche peut avoir sa place dans la scène artistique et le marché de l’art ? Avez-vous déjà pensé à une stratégie à adopter pour être visible ? Je pense que mes questionnements sont le fondement d‘un sujet important parmi tant d’autres. Je n’ai pas de stratégie. Je sais seulement qu’il faut être actif tout en gardant une certaine discussion.
Si les lecteurs de FranceFineArt étaient de futurs collectionneurs, institutions, musées, centres d’art, galeries, curateurs, résidences d’artistes, fondations d’entreprises, bourses de création, ect… que souhaitez-vous leurs dire pour titiller leurs esprits et leurs donner envie de découvrir votre travail ? Imaginez qu’un lion affamé vous court après ! que feriez-vous ??............. arrêtez d’imaginer ! (dicton camerounais)
Pour tout savoir sur le concours, retrouvez l’interview de Thomas Lapointe, co-fondateur de La Convocation : www.francefineart.com/index.php/chroniques/14-agenda/agenda-news/2160-101-chronique-anne-frederique-fer
Les prochains rendez-vous :
- du 25 au 29 avril 2017 avec une exposition collective sous la forme d'un parcours artistique à travers 5 lieux : galerie Laure Roynette, galerie Escougnou-Cetraro, galerie Pascaline Mulliez, Maëlle Galerie, Cité internationale des Arts.
- du 4 au 20 mai 2017 avec une exposition collective réunissant les 10 finalistes dans un même lieu, à Ourcq Blanc.
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