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“En Vol et en Chant” Le comte de Buffon & Bernard Fort, Laure Essinger, Jean-Marie Granier
au Musée Médard, Lunel

du 25 octobre 2017 au 17 mars 2018



www.museemedard.fr

blog Laure Essinger

centre d'art Jean Marie Granier

 

© Pierre Normann, derniers moments de l'accrochage, le 24 octobre 2017.

2281_Envol2281_Envol2281_EnvolLégendes de gauche à droite :
1/  Buffon, Le petit Duc. © Crédits photos : Ville de Lunel / Musée Médard.
2/  Jean-Marie Granier, Buse, 1963. © Crédits photos : Centre d’art Jean-Marie Granier.
3/  Laure Essinger, Argonaute (Série). © Crédits photos : Laure Essinger.

 


2281_Envol audio
Interview de Claudio Galleri, responsable du Musée Médard, commissaire de l'exposition,
par Pierre Normann, à Lunel, le 25 octobre 2017, durée 3'31". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissariat :
Claudio Galleri, responsable du Musée Médard
Françoise Schmid-Granier, Centre d'Art Jean-Marie Granier




S'il s'agit, avant tout, de faire découvrir ou redécouvrir la splendide Histoire naturelle des oiseaux de Buffon, le parcours de l'exposition s'ouvre à d'autres formes de perception visuelle et sonore : l'approche musicale de Bernard Fort, celle plastique de Laure Essinger ainsi que l'interprétation graphique de Jean-Marie Granier.






Jean-Marie Granier

« La gravure, plus encore que le dessin, est contrainte dans la ligne… Bien sûr toute représentation linéaire ressemble à une écriture, ou plutôt à notre écriture qui est linéaire depuis les Phéniciens. On croît malgré soi que le même fil sert à écrire et à dessiner. Simplement, dans un cas, il suit une direction imposée, dans l'autre pas : la ligne peut alors suivre la forme de nos désirs… »
Extrait de : Michel Mélot. « Granier le graveur » in Dix ans de gravure de l’atelier Jean-Marie Granier, Jean-Pierre Tanguy à l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts.
[Catalogue d’exposition, Hôtel de Ville Joinville-le-Pont, 1988.]

Jean-Marie Granier écrit, dessine suivant le fil de son propre labyrinthe, mais les traits qu’il grave, la trace de graphite ou l’encre du pinceau qu’il dépose sur la feuille blanche, il les recueille, les classe, les enchaîne, les donne à lire comme les chapitres d’un livre.

La carrière professionnelle de Jean-Marie Granier a, en partie, été occupée par l’enseignement à l’École des Beaux-Arts de Nîmes puis de Paris. Ses élèves le redoutaient un peu car il était intransigeant. L’exigence qu’il avait et la discipline quotidienne à laquelle il s’astreignait lui donnaient une apparence austère. S’interrogeant sur les possibilités réelles d’enseigner, il écrit en 1988 : « J’ai voulu voir dans chacun de mes élèves une possibilité vivante de parole, qu’il lui appartenait d’écrire par le moyen de la gravure dans un langage aussi spécifique que sa personne. »


Jean-Marie Granier (1922 – 2007) : biographie
Jean-Marie Granier a essentiellement consacré son travail au dessin et à la gravure, des années 1950 au début du XXIe siècle. Il a eu, d’autre part, une carrière de professeur de dessin et de gravure à l’École des Beaux-Arts de Nîmes puis à l’ENSBA de Paris. Membre de l’Institut de France, il finit sa carrière comme directeur du musée Marmottan-Monet. Originaire de Lasalle-en-Cévennes, les montagnes de son enfance ont été, tout au long de sa vie, un lieu de retour et d’inspiration.

Après des études aux Beaux-Arts de Paris, où il rencontre José Dirat (sa future épouse), un séjour espagnol à la Casa de Velázquez de Madrid marque profondément sa démarche. Il y affirme une prédilection pour le noir et blanc et un sens du paysage que l’ossature des reliefs espagnols lui dictait.

Une installation à Nîmes éloigne l’artiste du milieu marchand parisien ; elle lui donne cependant toute liberté créatrice. Dessiner en extérieur occupe le temps libre, quand il n’enseigne pas le dessin académique. Un tournant stylistique s’amorce avec le travail sur la Camargue autour des années 70. Le trait déjà épuré s’envole vers l’abstraction. Il ne s’agit pas de représenter le monde mais de saisir la dynamique interne des choses… ces fragments de réel dont le graveur veut se saisir. Dès lors, on comprend l’importance primordiale de la trace, de l’écriture… L’oeuvre évoluera toujours davantage, jusqu’aux dernières années de sa vie, vers une combinatoire des signes.






Laure Essinger

Après une formation musicale classique, elle choisit l'expression plastique et expérimente différents supports : argile, plâtre, pierre, textile. En 2004, elle découvre la subtile alchimie qui, par la magie de l'eau, permet la création du papier. Elle multiplie les expériences à partir d'une technique de fabrication ancestrale venue de Chine, et se consacre depuis lors à l'art du papier. Commence alors une démarche de création qui répond à deux désirs : celui de créer sa propre matière, et celui d'explorer le papier comme mode d'expression à part entière. Au fil des saisons, elle cueille la flore et développe une palette de fibres végétales (châtaigner, micocoulier, iris, prêle, yucca,...), révélant la richesse à la fois plastique et esthétique des fibres extraites artisanalement. La matière devient primordiale. Le dialogue entre forme et fibre transforme le processus de création, désormais lié aux particularités d'un matériau vivant.

Parallèlement à une démarche artistique personnelle, elle développe au sein de diverses structures une pratique qui lie enseignement et création : animations d'ateliers, oeuvres collectives et installations in situ réalisées dans de nombreux festivals et manifestations culturelles. Elle anime également des ateliers tout au long de l'année sur le territoire languedocien ainsi que dans son atelier à Narbonne, répondant ainsi à son désir de transmission d'une technique qui la passionne, et dont l'enseignement nourrit des échanges pluriels. Dans ses oeuvres récentes, elle façonne reliefs et volumes grâce à l’eau en mouvement; par le jeu des transparences, elle révèle la trace d’un geste, l’empreinte d’une forme, parfois soulignées par la présence de l’encre.

Entre force et fragilité, elle crée ainsi un univers singulier qui révèle cette nécessité originelle du vivant : la perpétuelle métamorphose de la matière. Parmi ses installations et expositions : Minerve au coeur de la pierre, Minerve, et Festival du Vent, Calvi (2006) ; Festival de Loire, Orléans (2007) ; Jour de Loire, Tours (2008) ; Mimétisme, Brousse, et Trames, village des arts, Octon (2009) ; Mutandis, Abbaye de Caunes-Minervois (2010) ; Argonautes, Les Artistes nomades, Aubais (2010) ; Extraneza en ti, Festival Voix Vives, Sète (2011); Robes, Pierresvives, Montpellier (2012) ; De l’art et des mots, Le Somail et Archipels, Palau-del-vidre (2015) ; L’art caché, Albas, et Confluences, regards croisés sur un cordon littoral, Chapelle de Fitou (2016).






Buffon & Bernard Fort

« L’une des principales difficulté est de donner, par les discours, une idée des couleurs, car malheureusement les différences les plus apparentes entre les oiseaux, portent sur les couleurs encore plus que sur les formes ; dans les animaux quadrupèdes, un bon dessin rendu par une gravure noire, suffit pour la connaissance distincte de chacun. Mais pour les oiseaux, cela serait impossible, ou du moins supposerait une immensité de paroles, et des paroles très-ennuyeuses pour les descriptions des couleurs dans les oiseaux ; il n’y a pas même de termes en aucune langue pour en exprimer les nuances, les teintes, les reflets et les mélanges ; et néanmoins les couleurs sont ici des caractères essentiels, et souvent les seuls par lesquels on puisse reconnaître un oiseau et le distinguer de tous les autres.

J’ai donc pris le parti de faire non-seulement graver, mais peindre les oiseaux à mesure que j’ai pu me les procurer vivants ; et ces portraits d’oiseaux, représentés avec leurs couleurs, les font connaître mieux d’un seul coup d’oeil que ne pourrait le faire une longue description aussi fastidieuse que difficile, et toujours très-imparfaite et très obscure. »

« Plusieurs personnes ont entrepris, presque en même temps, de faire graver et colorier des oiseaux, en Angleterre, en Allemagne ; mais nous pouvons assurer que la collection de nos planches coloriées l’emportera sur toutes les autres par le nombre des espèces, par la fidélité des dessins, qui tous ont été faits d’après nature, par la vérité du coloris, par la précision des attitudes. »

« L’on reconnaîtra partout la facilité du talent de M. Martinet, qui a dessiné et gravé tous ces oiseaux ; plus de quatre-vingts artistes et ouvriers ont été employés continuellement, depuis cinq ans, à cet ouvrage, quoique nous l’ayons restreint à un petit nombre d’exemplaires. »

« Nous avons surmonté les premières difficultés de la description des oiseaux ; nous ne comptons pas donner absolument tous ceux qui nous sont connus, parce que le nombre de nos planches enluminées eût été trop considérable ; nous avons même supprimé à dessein la plupart des variétés, sans cela ce Recueil deviendrait immense. Nous avons pensé qu’il fallait nous borner à six ou sept cents espèces d’oiseaux différents ; ce n’est pas avoir tout fait, mais c’est beaucoup : d’autres, dans d’autres temps pourront nous compléter, ou faire encore plus et peut-être mieux. »

Buffon, Histoire naturelle des oiseaux, 1770 (Plan de l’ouvrage)



les gros oiseaux et les petits oiseaux ! Les petits oiseaux étaient reconnus pour leurs capacités à chanter indépendamment de leurs cris d’alarmes, alors que les gros oiseaux ne poussaient que des cris d’alarmes et possédaient des manifestations sonores principalement lors des parades nuptiales.

Par la suite, avec Linné, contemporain de Buffon, puis avec les études sur l’évolution à l’époque de Darwin, la distinction s’est faite entre deux ordres : les Oiseaux Anciens (gros oiseaux) et les Oiseaux Nouveaux (petits oiseaux ou oiseaux chanteurs souvent appelés Oscines, qui font leur apparition sur terre plus tardivement).

De nos jours, nous distinguons les Passériformes (ou Passereaux) et les Non Passereaux. Les oiseaux présentés ici appartiennent aux deux catégories :

Les passereaux possèdent quatre doigts et se distinguent par une grande aptitude à chanter, principalement pour séduire une partenaire et marquer un territoire. Les chants sont extrêmement variés tant par leurs sonorités que par leurs structures. Ceci explique que généralement seuls les mâles chantent, sauf exceptions. Les passereaux utilisent aussi un répertoire assez large de cris d’alarmes, correspondant à des situations bien précises : cris de cohésion des groupes, cris au nourrissage, alarmes pour diverses sortes de dangers, etc.

Les non passereaux (rapaces diurnes et nocturnes, pics, gros oiseaux d’eau ou pélagiques…) se manifestent aussi par de nombreux cris d’alarmes dont le sens est assez précis mais ne développent pas cette particularité de « chant pur » dissociable des cris.

Autrefois les oiseaux étaient simplement classés en deux catégories sommaires : les gros oiseaux et les petits oiseaux ! Les petits oiseaux étaient reconnus pour leurs capacités à chanter indépendamment de leurs cris d’alarmes, alors que les gros oiseaux ne poussaient que des cris d’alarmes et possédaient des manifestations sonores principalement lors des parades nuptiales. Par la suite, avec Linné, contemporain de Buffon, puis avec les études sur l’évolution à l’époque de Darwin, la distinction s’est faite entre deux ordres : les Oiseaux Anciens (gros oiseaux) et les Oiseaux Nouveaux (petits oiseaux ou oiseaux chanteurs souvent appelés Oscines, qui font leur apparition sur terre plus tardivement).

De nos jours, nous distinguons les Passériformes (ou Passereaux) et les Non Passereaux. Les oiseaux présentés ici appartiennent aux deux catégories :


Les non passereaux (rapaces diurnes et nocturnes, pics, gros oiseaux d’eau ou pélagiques…) se manifestent aussi par de nombreux cris d’alarmes dont le sens est assez précis mais ne développent pas cette particularité de « chant pur » dissociable des cris.

Bernard Fort : A propos de l'exposition


Cofondateur et responsable du Groupe Musiques Vivantes de Lyon, Bernard FORT enseigne la composition électroacoustique à l’École Nationale de Musique de Villeurbanne, et partage le reste de son temps entre la composition, l’ornithologie et la prise de son naturaliste. Son travail musical est entièrement consacré au genre acousmatique, à la fois pour le concert, le spectacle vivant, le jeune public...

En composition, il s’intéresse depuis toujours aux limites entre abstraction et figuration, naturel et culturel. Sa recherche se porte principalement sur les modes de représentation des musiques électroacoustiques et des paysages sonores (installations sonores).

Le travail sur la parole, les recueils de témoignages et un goût prononcé pour le collectage de sons l’ont conduit à diverses résidences pour des créations sonores : Olivier Messiaen à La Mure (38), Saint-Michel l’Observatoire (04) et l’Astronomie, le Patrimoine immatériel de la Ville de Lyon etc.)

Depuis plus de dix ans, il collabore avec des musiciens mongols pour des créations musicales, des spectacles, des productions discographiques et des recherches en ethnomusicologie.

Depuis quelques années, il apporte un soin particulier à la réalisation de documents pédagogiques consacrés aux arts contemporains et aux musiques contemporaines et traditionnelles à destination des personnels enseignants. Pour les musiciens, les chants d’oiseaux représentent une source intarissable d’inspiration. Olivier Messiaen disait : « Les Oiseaux sont nos seuls maîtres en musique, il nous suffit des les écouter, ils ont tout inventé ! » Chaque individu présente en effet un chant personnel et à la fois propre à son espèce. Par exemple, la famille des Grives compte sans doute plus de quarante espèces dont les chants ne peuvent être confondus ! Certains oiseaux restent cependant encore difficiles à classer dans l’un ou l’autre des ordres, c’est le cas des pics ou des huppes, par exemple, pour lesquels les informations varient d’un auteur à un autre.