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“Génération Rivet” Ethnologues, missions et collections dans les années 1930
au musée du quai Branly - Jacques Chirac, Paris

du 14 novembre 2017 au 28 janvier 2018



www.quaibranly.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 13 novembre 2017.

2290_Generation-Rivet 2290_Generation-Rivet 2290_Generation-Rivet Légendes de gauche à droite :
1/  Tambour pour les rites funéraires, Bois de jaquier laqué tebdu de peau de buffle peinte et vernie. Deux anneaux de suspension ("thai klong") en fer dans lesquels passe une corde. Ethnie : Muong (population), Man Duc, Asie. Bois de jaquier, peau de buffle, fer, fibres végétales. 45 x 38 x 17 cm, 2080 g. © musée du quai Branly - Jacques Chirac, photo Patrick Gries, Bruno Descoings.
2/  Rhombe, Salomon, îles, Océanie. Bois sculpté et gravé, pigment blanc. 78,5 x 15 x 1 cm, 386 g. © musée du quai Branly - Jacques Chirac, photo Patrick Gries, Bruno Descoings.
3/  Couronne, 20e siècle. Ethnie : Tupi, Mato Grosso (région), Amériques. Plumes, fibres végétales.81,5 x 48 x 9,5 cm, 160 g. © musée du quai Branly - Jacques Chirac, photo Claude Germain.

 


2290_Generation-Rivet  audio
Interview de Carine Peltier-Caroff,
responsable de l’iconothèque au musée du quai Branly – Jacques Chirac et co-commissaire de l'exposition,

par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 13 novembre 2017, durée 10'53". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissariat :
André Delpuech, Directeur du Musée de l’Homme
Christine Laurière, CNRS, spécialiste de l’histoire de l’anthropologie
Carine Peltier-Caroff, responsable de l’iconothèque au musée du quai Branly – Jacques Chirac




Dans cette nouvelle exposition de l’Atelier Martine Aublet est présenté le rôle crucial joué par Paul Rivet (1876-1958) dans l’institutionnalisation de l’ethnologie française à travers la mise en avant des collections du Musée d’ethnographie du Trocadéro, qu’il dirige à partir de 1928, et dans la professionnalisation de la première génération d’ethnologues français formés par l’Institut d’ethnologie, dont il est co-secrétaire général.

Il ne s’agit pas tant d’une présentation chronologique et biographique de sa vie et de son oeuvre que d’insister sur un temps fort de l’organisation de l’ethnologie dont il fut la cheville ouvrière et qui résonne encore fortement dans les collections (objets, photographies) du musée du quai Branly – Jacques Chirac.

Dans les années 1928-1938, l’ethnologie entre au musée. Grâce aux diverses missions sur le terrain, les ethnologues collectent des objets pour le musée et pour documenter la diversité humaine. Par le dévouement de Paul Rivet à former la jeune génération, l’ethnologie, jusqu’alors marginalisée, devient une discipline essentielle.

Le développement de l’ethnologie devient le fer de lance d’un nouvel humanisme, dans une époque troublée par la montée du racisme, des fascismes et où triomphe l’impérialisme européen.

L’exposition « GÉNÉRATION RIVET. Ethnologues, missions et collections dans les années 1930 » retrace l’activité scientifique de Paul Rivet, avec ses ambitions intellectuelles et militantes pour l’anthropologie et le Musée d’ethnographie et montre le dynamisme qu’il a insufflé aux jeunes ethnologues.





Parcours de l’exposition :

1. Un terrain initiatique, la mission géodésique en Équateur, de 1901 á 1906

Entre 1901 et 1906, Paul Rivet participe comme médecin militaire à la mission scientifique géodésique en Équateur, qui vise à mesurer l’arc du méridien traversant la cordillère. Elle va décider de son intérêt pour les Amérindiens, de sa vocation d’ethnologue et le convainc de l’importance d’aller sur le terrain pour observer sur place les sociétés humaines. Il collecte des objets, des photographies, des données scientifiques anthropologiques, ethnographiques ainsi que des spécimens d’espèces naturelles.

2. Vers une ethnologie culturelle
Paul Rivet réalise des études portant aussi bien sur l’orfèvrerie préhispanique que sur les chapeaux du Panama qui soulignent l’ingéniosité et l’habileté techniques des artistes. Ses travaux consacrés à la civilisation matérielle des Amérindiens lui permettent de valoriser leurs connaissances, leur savoir-faire, montrant leur contribution au patrimoine commun à l’humanité entière.

3. Génération Rivet 1925-1938. Ethnographes en Afrique et en Asie
L’institut d’ethnologie, fondé en 1925, forme la première génération d’ethnologues envoyés sur le terrain. Plus de cent missions sont organisées entre 1925 et 1939 en relation avec le Musée d’ethnographie. Ces missions sont lancées pour constituer les archives des sociétés traditionnelles grâce à la collecte d’objets, mais aussi pour documenter des modes de vie menacés par la colonisation et la modernisation des sociétés.

4. Des femmes ethnographes sur le terrain. Thérèse Rivière et la mission dans l’Aurès algérien
Thérèse Rivière (1901 – 1970), ethnologue française, a parcouru la région de l’Aurès algérien pour y étudier l’ethnie berbère des Chaouias. Secondée par Germaine Tillion, Thérèse Rivière étudie les techniques traditionnelles de cette population. De la mission dans les Aurès, Thérèse Rivière rapporte 857 objets et Germaine Tillion 130. Les fiches muséographiques de chaque objet ont été rédigées par Thérèse Rivière jusqu’en 1944 avec une très grande rigueur : les noms des artisans y figurent très souvent ainsi qu’une photographie montrant aussi bien les étapes de sa fabrication que son usage. Les résultats de la mission sont présentés au Musée de l’Homme dans une exposition intitulée « L’Aurès » à partir du 28 mai 1943. Cette mission est la parfaite illustration de l’ethnologie professionnelle française émergente dans les années 1930, tant du point de vue méthodologique que du point de vue de sa composition féminine.

5. Génération Rivet 1925-1938. Ethnographes en Amérique et en Océanie
A la tête du musée d’ethnographie du Trocadéro depuis 1928, Paul Rivet a pour ambition de développer la présence des ethnographes et des collecteurs sur tous les continents. Il facilite l’organisation de plusieurs missions en Amérique du Sud, qu’il va lui-même sillonner tout au long de sa carrière, et en Océanie.

6. Le musée d’ethnographie du Trocadéro : un musée aux méthodes modernes
Le Musée d’ethnographie du Trocadéro est créé en 1878, sous l’impulsion du ministère de l’Instruction publique. Rapidement tombé en désuétude, le musée va connaître une complète réorganisation avec l’arrivée de Paul Rivet et de son directeur adjoint Georges Henri Rivière en 1928. Il s’agit tout autant d’une modernisation des méthodes de travail sur les objets qui arrivent en nombre du fait de la politique d’acquisition (inventaire, description, plan de conservation, restauration et présentation), que d’une nouvelle conception de l’institution qui prend forme. Le concept de musée-laboratoire naît avec la création d’un centre de recherche, adossé à une bibliothèque, des réserves, des salles de travail, etc.

7. Un nouvel humanisme pour un musée colonial
Porteur d’un discours progressiste sur des sociétés sous influence coloniale, le Musée ethnographique du Trocadéro affirme des valeurs réformatrices et pédagogiques, sans pour autant remettre en cause le colonialisme des années 1930, dont il prend acte. À partir de mars 1934, Paul Rivet s’engage contre le fascisme, le racisme, et milite pour la reconnaissance de la contribution des sociétés « primitives » au patrimoine commun.