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“Résonances” Eugénie Alméras / Jean-Jacques Henner
au Musée national Jean-Jacques Henner, Paris

du 16 mai au 4 septembre 2018



www.musee-henner.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 15 mai 2018.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Eugénie Alméras, Kouros et Naïades. Les Naïades de Henner, 2017. Acrylique sur toile, 162 x 81 cm, 114 x 162 cm, 162 x 81 cm. Photo © J. Obadia.
2/  Eugénie Alméras, Caravanes pyrénéennes, 2017. Acrylique sur bois, 19 x 24 cm. Photo © J. Obadia.
3/  Eugénie Alméras, Résonances. La Vérité de Henner, 2018. Huile sur toile, 130 x 130 cm. Photo © J. Obadia.

 


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Interview de Eugénie Alméras,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 15 mai 2018, durée 16'23". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Un atelier d’artiste au musée Jean-Jacques Henner

Dès sa réouverture en mai 2016, le musée national Jean-Jacques Henner a affirmé son souhait de développer le dialogue avec l’art d’aujourd’hui et a ainsi créé, en partenariat avec l’École des Beaux-Arts de Paris, une résidence d’artiste. La maison-atelier, autrefois habitée par le peintre Guillaume Dubufe, puis devenue un musée dirigé par des peintres-conservateurs, perpétue ainsi sa tradition de lieu de création.

Cette résidence s’adresse aux diplômés des Beaux-Arts de Paris depuis cinq ans au plus. Le lauréat est choisi pour l’originalité de son projet, en adéquation avec le projet scientifique et culturel du musée, par un jury composé des représentants du musée Jean-Jacques Henner, des Beaux-Arts de Paris et du Service des Musées de France.

Associé à la vie du musée et à sa programmation culturelle de septembre à juin de l’année suivante, le lauréat bénéficie du petit atelier qui surplombe le jardin d’hiver. Une exposition au musée national Jean-Jacques Henner ainsi qu’une publication lui sont réservés.

Le principe d’un atelier
« Le principe d’un atelier mis à la disposition d’un jeune artiste récemment diplômé signale un esprit partagé par le musée national Jean-Jacques Henner, demeure et atelier, et les Beaux-Arts de Paris, dont la pédagogie est fondée sur la pratique au sein de l’atelier. Favoriser les conditions d’émergence et de consolidation d’un travail progressivement élaboré pendant les années d’études, relève des missions des Beaux-arts de Paris pour l’accompagnement et le soutien de ses étudiants et diplômés. » Jean-Marc Bustamante, directeur des Beaux-Arts de Paris.






Eugénie Alméras – Jean-Jacques Henner : un coup de foudre inattendu

La peinture de Jean-Jacques Henner ainsi que la maison atelier qui abrite aujourd’hui son oeuvre étaient totalement inconnues à Eugénie Alméras jusqu’à ce jour de juillet 2016 où une affiche figurant la comtesse Kessler déclencha chez elle un véritable coup de foudre.

La chevelure, le visage pâle, le côté gothique et romantique à la fois, charmèrent la jeune artiste. En janvier 2017, elle franchissait pour la première fois le seuil de celui-ci et, en juin de la même année, elle devenait la deuxième lauréate de la résidence d’artistes au musée Jean-Jacques Henner.

À partir de l’observation des oeuvres de Jean-Jacques Henner, son travail va subtilement entrer en écho, en communion même, avec plusieurs aspects de sa peinture : les femmes nues et rousses, le drapé, les portraits, les paysages alsaciens…

Les affinités avec Jean-Jacques Henner passent aussi par une même sensibilité picturale, dans la lumière comme dans le choix de tons sourds, ponctués de touches plus vives de rouge ou de roux, évocateurs d’une mélancolie silencieuse, d’une morbidezza indéfinissable. Par-delà ce retour à la peinture, retour particulièrement bienvenu au musée Jean-Jacques Henner, son oeuvre est aussi, en filigrane, une exploration de l’intime. Une autobiographie pudique et subtile invitant à découvrir la femme derrière l’artiste.





Résonances

Nu masculin

Eugénie Alméras choisit de revisiter l’un des thèmes les plus classiques de l’histoire de l’art : celui du Nu qui constitua, pendant des siècles, l’étude obligée de tout peintre d’histoire. Mais à l’éternel nu féminin, elle préfère le nu masculin. Partant de la sensualité du Saint Sébastien de Jean-Jacques Henner, elle bannit les canons habituels de la virilité et de l’héroïsme. L’une de ses peintures les plus transgressives, Nu. La Vérité, est particulièrement intrigante. Le corps est fin, fragile, longiligne. La référence à Jean-Jacques Henner passe par la chevelure rousse et surtout à la Vérité qui rayonne en place et en lieu du plexus solaire. Cette « Vérité » de Jean-Jacques Henner (1899-1902) a beaucoup inspiré l’artiste. On la retrouve parmi des nus masculins dans un tableau monumental intitulé Résonances. La Vérité de Henner. L’allégorie originelle de Jean-Jacques Henner prend ici un sens bien différent et semblerait plutôt figurer la mauvaise vie vêtue de sa seule chevelure rousse, une Madeleine bien peu repentante en quelque sorte. Autre oeuvre magistrale de son travail : le triptyque figurant trois nus masculins intitulé Kouros et Naïades. Les Naïades de Henner. Là encore, pas de perfection anatomique, pas d’héroïsme mais une triple référence : à la peinture religieuse pour la forme, au kouros grec pour la pose du personnage central et à Jean-Jacques Henner pour le coloris vert bleu.

Portraits
Plusieurs portraits masculins en tondo à la chevelure rousse sur fond rouge rajoutent au caractère audacieux de son oeuvre et renvoient délibérément aux couleurs favorites de Henner mais aussi aux autoportraits d’Edvard Munch.

Drapés : caché / dévoilé
Le thème du drapé est pour Eugénie Alméras un sujet de prédilection qu’elle analyse de manière privilégiée. Le drapé blanc de pudeur fréquent sur les représentations du Christ ou du Saint-Sébastien de Jean-Jacques Henner, se mue sous son pinceau en drapé rouge qui vole, comme un effet de rideau que l’on ferme ou que l’on ouvre. Rouge car le rouge, ainsi que Michel Pastoureau en a fait récemment la démonstration dans son ouvrage « Rouge », est la couleur par excellence.

Paysages « Trouver du beau dans le banal. »
L’oeuvre d’Eugénie Alméras, à l’instar de celle de Henner, est subtilement autobiographique. Ainsi, les paysages de son village familial des Pyrénées, Anères, dialoguent-ils avec les paysages alsaciens du peintre. Les deux artistes partagent le même amour du terroir. Ce qui pourrait sembler anodin prend alors tout son sens. À la mélancolie de Henner, Eugénie Alméras répond par celle des éléments éphémères ou nomades : des chapiteaux, des cabanes, des caravanes…

Rouge
Le rouge est au coeur du projet d’année d’Eugénie Alméras au musée Henner : les nus masculins roux, les chapiteaux et les linges étendus comme de grands drapés rouges… C’est une couleur de danger et de sensualité en même temps, de fascination et de crainte. Elle ne vient pas par hasard sur le pinceau, elle est un parti pris délibéré : celui de ne pas être neutre. Le rouge comme le roux sont chargés d'ambivalence, d'images et de préjugés. Au musée, le rouge fait vibrer les tableaux de Henner, souvent par un détail rouge qui attire le regard (médaille d'écolier, légion d'honneur, ruban, robe ou cocarde). Dans les réserves du musée, Eugénie Alméras a découvert les dessins de Henner sur lesquels la sanguine est la seule couleur. De Saint Sébastien, un des rares tableaux importants dépourvu d’orange ou de rouge, elle a retenu le linge blanc, si rapidement brossé par Henner pour un tableau exposé au Salon, mais en a changé la couleur pour du vermillon. Dans La Vérité, elle a regardé le geste gracieux de la femme qui tient ses cheveux roux et l’a fait apparaître sur le ventre d’un de ses nus qui a la même couleur de cheveux, créant deux fulgurances orangées dans la toile.