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“Alex Majoli” SCENE
au Bal, Paris

du 21 février au 28 avril 2019



www.le-bal.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 21 février 2019.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Alex Majoli, Chine, Shenzhen, 2017, Scene #1350. © Alex Majoli / Magnum Photos. Les employés d’un institut de beauté participent à une réunion de motivation avant de commencer leur travail.
2/  Alex Majoli, Londres, Angleterre 2017, Scene #8667. © Alex Majoli / Magnum Photos. Premier jour du Brexit au pub Jamaica Wine House, situé au coeur de la City.
3/  Alex Majoli, République du Congo, 2013, Scene #5370. © Alex Majoli / Magnum Photos. Rassemblement des élus locaux à Pointe Noire.

 


2643_Alex-Majoli audio
Interview de Diane Dufour, co-directrice du Bal et co-commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 21 février 2019, durée 8'10". © FranceFineArt.
(de gauche à droite : David Campany, Alex Majoli et Diane Dufour)

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaires de l’exposition : David Campany et Diane Dufour



« Nous ne voyons jamais les gens ni les situations « tels qu’ils sont » ; nous ne voyons que la lumière qu’ils réfléchissent, or la nature de cette lumière affecte la manière dont nous allons recevoir, interpréter et comprendre ce qui est devant nous. » David Campany

L’Europe, l’Asie, le Brésil, le Congo. Huit ans durant, Alex Majoli a parcouru le globe pour photographier des événements et des non-événements. Des manifestations politiques, des urgences humanitaires ou des moments paisibles de la vie quotidienne. Bien qu’hétéroclites, ces images semblent avoir en commun le même type de lumière ainsi qu’un certain sens de la théâtralité. Le sentiment que nous sommes tous acteurs, aux prises avec les différents rôles que l’histoire et les circonstances exigent de nous.

Les photographies de Majoli sont le résultat d’une action performée. En s’invitant dans une situation, son assistant et lui installent un appareil photographique et des lumières. Cette action est une sorte de spectacle en soi, auquel assistent ceux qui seront photographiés. Majoli se met au travail sans donner aucune consigne, ni échanger aucune parole avec ces individus qui se trouvent être en train de vivre un moment devant son objectif. La prise de vue peut durer vingt minutes, une heure, ou plus encore. Parfois, les sujets modifient leur comportement en anticipant l’image à venir et changent délibérément de posture. Il arrive souvent qu’ils soient trop occupés par l’intensité de ce qu’ils vivent pour y prêter attention. Dans les deux cas, la représentation du spectacle et le spectacle de la représentation finissent par ne faire qu’un.

La plupart des photographies de Majoli sont prises en plein jour [...]. Le flash n’est pas ici question de nécessité ; c’est un choix, un geste à valeur interprétative, tout comme les autres paramètres photographiques que sont le point de vue, le cadrage et l’instant choisi pour le déclenchement. Ce flash très puissant illumine ce qui est proche, mais plonge les alentours dans l’obscurité ou dans un clair de lune : tout semble se passer désormais, comme magnifié, à la tombée de la nuit.

L’approche d’Alex Majoli nourrit une réflexion profonde sur les conditions de la théâtralité en photographie, dans un monde que nous avons fini par percevoir comme étant à tout moment et sous toutes les coutures, photographiable. Si le monde s’attend à être photographié, cela sous-entend qu’il se tient perpétuellement dans un état de théâtralisation potentielle. Dans ces images, nous ne voyons pas des individus, nous voyons des individus ayant réalisé un potentiel « être photographié ». Ils nous apparaissant à la fois réels et fictifs. Réels car leur présence devant l’appareil a bien été enregistrée ; fictifs car l’appareil a créé un instant scénographié prélevé dans le continuum d’une histoire qui nous échappe.

L’illusionnisme de la photographie est donc inséparable de la contemplation de cette illusion. Ceci ne revient pas à nier le potentiel documentaire de l’image, mais implique que le document lui-même admette la théâtralité comme une condition intrinsèque de son émergence. Loin de dissiper les tensions entre œuvre et document, les images de Majoli les dramatisent au contraire, en leur permettant de coexister. Et de s’affirmer comme deux composantes essentielles de notre expérience du monde.

David Campany



Co-publié par LE BAL et MACK à l’occasion de l’exposition au BAL, Alex Majoli, SCENE rassemble les images emblématiques de la série SCENE du photographe italien Alex Majoli. Classées par zone géographique, les images sont accompagnées de deux textes inédits, l’un par David Campany « Le théâtre de la vie selon Alex Majoli » de David Campany et « Déphotographier » de Corinne Rondeau.