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“Valérie Belin” Reflection
à la Galerie Nathalie Obadia - Cloître Saint-Merri, Paris

du 6 février au 4 avril 2020 (prolongée jusqu'au 30 mai 2020)



www.galerie-obadia.com

 

© Anne-Frédérique Fer, visite de l'exposition avec Valérie Belin, le 6 février 2020.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Valérie Belin, Uptown Vision (Reflection), 2019. Tirage pigmentaire contrecollé sur Dibond et encadré sous verre antireflet (non traité UV). Encadrée : 175 x 132 cm. Edition de 6 + 2 EA. Courtesy de l’artiste et Galerie Nathalie Obadia Paris / Bruxelles.
2/  Valérie Belin, Crosby Display, Manhattan (Reflection), 2019. Tirage pigmentaire contrecollé sur Dibond et encadré sous verre antireflet (non traité UV). Encadrée : 175 x 132 cm. Edition de 6 + 2 EA. Courtesy de l’artiste et Galerie Nathalie Obadia Paris / Bruxelles.
3/  Valérie Belin, Fresh Cuts, Atlanta (Reflection), 2019. Tirage pigmentaire contrecollé sur Dibond et encadré sous verre antireflet (non traité UV). Encadrée : 175 x 132 cm. Edition de 6 + 2 EA. Courtesy de l’artiste et Galerie Nathalie Obadia Paris / Bruxelles.

 


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Interview de Valérie Belin,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 6 février 2020, durée 15'08". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Après China Girls en 2018 à Bruxelles, la Galerie Nathalie Obadia est très heureuse de présenter la quatrième exposition de l’artiste Valérie Belin, reconnue comme l’une des photographes les plus importantes de sa génération et qui bénéficie d’une forte visibilité à l’échelle internationale.

Révélée ici au public, la nouvelle série de l’artiste, intitulée Reflection et composée de onze images noir et blanc, a été réalisée dans le cadre de son exposition personnelle au Victoria & Albert Museum à Londres (22 octobre 2019 - 31 août 2020). A l’occasion de cette exposition, plusieurs oeuvres de cette série ont rejoint la collection de cette prestigieuse institution

Valérie Belin a travaillé en surimpression diverses photographies inédites de vitrines et devantures de magasins réalisées ces dernières années à Manhattan et dans différentes villes de l’État de New York. Elle revisite ainsi un thème récurrent dans son oeuvre depuis les années 1990. L’exceptionnel fonds photographique du Victoria & Albert Museum a constitué une ressource pour l’artiste, qu’il s’agisse des clichés de la firme américaine Worsinger Window Service, spécialisée dans la prise de vue de devantures et d’intérieurs de magasins à New York, ou de la série Street Level de Robert Brownjohn, axée sur les enseignes et éléments typographiques urbains. L’artiste se réfère aussi aux photographies d’Eugène Atget, de Walker Evans, le photographe par excellence de la culture vernaculaire américaine ou encore aux images de Lee Friedlander.

Une vitrine se présente comme un véritable petit théâtre urbain ouvert sur la rue où les marchandises sont exhibées et mises en scène sur fond de décor. La vitrine a toujours été une source d’inspiration pour Valérie Belin. Au début des années 1990, elle réalise tout d’abord des photographies de bijoux et d’objets de pacotille exposés dans différentes galeries marchandes. Viennent ensuite des photographies de vases en cristal et d’argenterie (séries Verres I et Verres II, 1993-1994), d’objets en verre et de miroirs réalisées dans plusieurs showrooms à Venise (Venise I, 1997), de mannequins (Mannequins, 2003), puis de devantures de magasins réalisées à Luxembourg (Vitrines Luxembourg, 2003).



« La vitrine est une surface transparente - et de manière paradoxale aussi un miroir. C’est le lieu où le paysage urbain apparaît fugitivement sous la forme d’un reflet, de manière variable selon l’heure de la journée, l’éclairement et la position du spectateur. Une photographie de vitrine contient en fait deux images qui se superposent de manière arbitraire ou erratique : l’image de ce qui se trouve derrière la vitre et l’image du paysage urbain qui se reflète dans la vitre. La vitrine est ainsi le lieu d’une superposition ou d’une accumulation de deux images, celle de l’intérieur et celle de l’extérieur.

Comme tous les photographes, je réalise quotidiennement des prises de vue et je constitue des archives dans la perspective d’une future utilisation. J’ai tout d’abord réalisé ces photographies avec l’intention initiale de les utiliser comme décor pour des séries de portraits. Après avoir consulté les collections de photographies du Victoria & Albert Museum, j’ai pris conscience que ces images pouvaient finalement acquérir, par la manipulation des signes véhiculés par les images, leur propre autonomie et raison d’être.

De manière métaphorique, je souhaite que les images capturées apparaissent comme ‘projetées’ sur la surface photosensible d’un écran, mais qu’au lieu de disparaître pour être immédiatement remplacées par d’autres (comme au cinéma), elles viennent s’y accumuler de manière rémanente. Le papier photographique a pour rôle de garder la trace de ces images qui apparaissent comme le spectre du paysage photographié dans les vitrines.

L’esthétique du cinéma expérimental des années 60 constitue une autre source d’inspiration. Je pense en particulier au film Notes on the Circus (1966) de Jonas Mekas, qui a été réalisé par montage direct ‘dans la caméra’, par surimpression de prises de vues réalisées à des vitesses différentes, ainsi qu’au film réalisé en Super 8 et en noir et blanc par Robert Franck pour la promotion de l’album Exile on Main Street des Rolling Stones en 1971, qui relève d’une esthétique similaire.

Cette accumulation spatiale et temporelle d’images sur la surface sensible devrait contribuer à la formation d’une sorte de paysage ‘mental’ ou ‘intérieur’, un paysage ‘de l’esprit’, imaginé en rêve, mais construit de manière conscience par le filtre de la perception et de la culture – par opposition à ce paysage ‘archaïque’, ‘trivial’ ou ‘primitif’ de l’espace public urbain qui se reflète dans les vitrines.
»

Valérie Belin