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“De l’immersion à l’osmose” Chaosmose #2
au Château de Rentilly (Parc culturel de Rentilly – Michel Chartier), 77600 Bussy-Saint-Martin

du 17 mars au 21 juillet 2019



www.fraciledefrance.com

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 15 mars 2019.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Minot – Gormezano, Antres VI, 1, 10, 20/09/1985. Tirage sur papier baryté au gélatino-argentique , 88 x 88 cm . Collection IAC, Villeurbanne/Rhône-Alpes. Photo Yves Bresson/Musée d’art moderne et contemporain de Saint-Étienne Métropole. © droits réservés.
2/  Daniel Steegmann Mangrané, Spiral Forest (Kingdom of All the Animals And All the Beasts Is My Name), 2013 – 2015. Film 16 mm couleur, muet, Durée: 11 min. Collection IAC, Villeurbanne/Rhône-Alpes. © Daniel Steegmann Mangrané.
3/  Sigmar Polke, Les Olgas, 1981. 11 tirages couleur à développement chromogène, chaque épreuve : 70 x 50 cm . Collection IAC, Villeurbanne/Rhône-Alpes. Photo Yves Bresson/Musée d’art moderne et contemporain de Saint-Étienne Métropole. © The Estate of Sigmar Polke, Cologne / Adagp, Paris, 2019.

 


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Interview de Nathalie Ergino,
directrice de l’IAC - Institut d’art contemporain - Villeurbanne, et commissaire de l'exposition,

par Anne-Frédérique Fer, à Bussy-Saint-Martin, le 15 mars 2019, durée 8'13". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaire de l’exposition : Nathalie Ergino, directrice de l’IAC, Villeurbanne



À partir de la collection de l’Institut d’art contemporain, Villeurbanne / Rhône-Alpes au frac île-de-france, le château / Parc culturel de Rentilly - Michel Chartier.

avec Dove Allouche, Maria Thereza Alves, Berdaguer & Péjus, Hicham Berrada, Michel Blazy, Ann Veronica Janssens, Joachim Koester, Daniel Steegmann Mangrané, Ana Mendieta, Minot – Gormezano, Dane Mitchell, Nicolas Momein, Giuseppe Penone, Sigmar Polke, Linda Sanchez, Bojan Šarčević.


De la perception à la fusion, de l’immersion à l’osmose, cette exposition interroge les bouleversements de notre inscription au monde, que l’on découvre dans un parcours expérimental et sensible fait de nombreux passages entre Terre et cosmos.

En convoquant la notion de « chaosmose » 1, cette exposition reconnaît la multiplicité du monde et des êtres et propose, par le biais du processus immersif, une vision non plus anthropocentrée du monde mais cosmomorphe. En étendant notre perception, les « oeuvres cosmomorphes 2 » ne font plus référence au sujet qui les conçoit mais deviennent des captations directes du monde. Sensibles à la co-activité du cosmos où tout est mouvement, elles s’affranchissent des limites entre corps et esprit, corps et espace, humain et non humain.

L’importance accordée à l’expérience - expérience de l’artiste, expérience du visiteur -, introduit ce parcours. Le Cabinet en croissance d’Ann Veronica Janssens traduit ce principe de l’expérience comme leitmotiv. En constante évolution, ce cabinet contient des projets, essais et tests de l’artiste dont les effets viennent troubler et développer la perception. Véritable matière première, l’espace est ici un outil d’expérimentation perceptuelle. À travers une expérience à la fois mentale et physique, les arbres de Berdaguer & Péjus offrent aux visiteurs une immersion intérieure, tout comme les films envoûtants de Bojan Šarcevic ou de Joachim Koester.

Par le biais de la spatialisation ou de la perte de repère, en immersion tant littérale que symbolique, c’est l’acuité perceptuelle qui est convoquée dans cette première partie de l’exposition, comme pour explorer le réel et cultiver la relation à soi et au monde. Ainsi, Voyage au centre de Michel Blazy nous fait passer de cet espace intérieur vers la matière organique.

De la perception de l’espace à la fusion avec l’environnement, les oeuvres rassemblées dans la deuxième partie du parcours interrogent les limites entre l’humain et le non humain. Avec Spiral Forest, Daniel Steegmann Mangrané fait muter notre perception en la décentrant de nous-même, menant de l’immersion à l’osmose, de la relation à soi vers la relation à la forêt, au cosmos. Sigmar Polke, comme Minot & Gormezano utilisent la photographie pour confondre formes humaines et minérales, alors que Giuseppe Penone s’empare du dessin à grande échelle pour mêler formes humaines et végétales.

Les artistes nous convient ainsi à ré-estimer notre rapport au monde et à la totalité des êtres visibles et invisibles de l’univers. Ils nous enjoignent à voir le monde comme relation, en dehors de toute dichotomie. Le monde cosmomorphe invite alors à entrelacer l’homme à la multiplicité des êtres qui le composent pour leur « redonner la parole », comme Linda Sanchez avec la goutte d’eau, dont elle observe et retranscrit finement la trajectoire.

Dans un univers en continuelle transformation, ces oeuvres-passages sont des outils d’exploration des pulsations du monde, en quête d’une possible continuité entre le proche et le lointain, entre passé, présent, futur. Ainsi, Aeromancy de Dane Mitchell ou les Désublimations de Dove Allouche cherchent à rendre perceptibles l’insaisissable de phénomènes naturels, l’indistinction des éléments et à capter le temps et la matière.

Ces artistes expérimentateurs, à l’instar d’Ana Mendieta qui renoue notre corps à la terre, sollicitent l’imaginaire pour dessiner des relations organiques entre l’Homme et le Cosmos, et tendre vers l’osmose avec notre environnement.

Nathalie Ergino



1. En résonance au chaosmos de James Joyce (mot-valise créé par Joyce dans Finnegans Wake, 1939) et par extension à la chaosmose de Felix Guattari (1992), et à Cosmogonies au gré des éléments sous le commissariat d’Hélène Guenin, MAMAC Nice, 2018. L’exposition fait acte d’une quête de continuité entre ordre et désordre dans un monde bouleversé par de permanentes mutations. Une première exposition Chaosmose a été présentée à l’Institut d’art contemporain à l’automne 2018, à partir d’une autre sélection d’oeuvres de la collection IAC.
2. Alternative au schéma anthropomorphe qui marque notre civilisation moderne occidentale, la pensée cosmomorphe se représente le monde comme relation, en dehors de toute dichotomie et catégorie. Elle se fonde sur la co-activité qui mobilise chacun des acteurs du cosmos, en décentrant et en élargissant notre perception. Un monde cosmomorphe est conduit par un processus en mouvement continu dont chaque terme est inséparable. Il entrelace ainsi l’homme à la multiplicité des êtres qui le composent, leur redonne la parole et repositionne l’humain comme acteur solidaire du milieu dans lequel il vit.