contact rubrique Agenda Culturel : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

“Histoire de corps” Le nu dans l’oeuvre d’Alberto Giacometti
à l’Institut Giacometti, Paris

du 22 juin au 6 novembre 2019



www.fondation-giacometti.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 21 juin 2019.

2756_Giacometti2756_Giacometti
Légendes de gauche à droite :
1/  Alberto Giacometti, Carnet vers 1963. 14,7 x 10,9 cm (carnet fermé). © Succession Alberto Giacometti. (Fondation Giacometti, Paris + ADAGP, Paris) 2019.
2/  Sabine Weiss, Alberto Giacometti dans son atelier, Paris, juillet 1954. Tirage argentique sur papier - 23,6 x 16,3 cm. Photographie : Sabine Weiss. © Succession Alberto Giacometti. (Fondation Giacometti, Paris + ADAGP, Paris) 2019.

 


2756_Giacometti audio
Interview de Michèle Kieffer,
attachée de conservation à la Fondation Giacometti et commissaire associée de l'exposition,

par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 21 juin 2019, durée 12'05". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

commissariat :
Commissaire : Catherine Grenier, Directrice de la Fondation Giacometti, Présidente de l’Institut Giacometti
Commissaire associée : Michèle Kieffer, attachée de conservation à la Fondation Giacometti




Privilégiant une approche thématique, l’exposition curieusement inédite, révèle la diversité et l’originalité du traitement des figures nues dans l’oeuvre d’Alberto Giacometti.

Dans ses sculptures, comme dans ses peintures, l’artiste s’est concentré durant toute sa carrière sur un motif quasi-unique : la représentation de l’être humain, et en particulier le nu féminin, qu’il considérait comme la raison d’être du geste artistique.

L’exposition réunit plus de 60 oeuvres de l’artiste parmi lesquelles un ensemble de sculptures du plus petit jusqu’au plus grand format, des peintures et des dessins inspirés de sa femme Annette. Deux des sculptures présentées figurent parmi les plus grands chefs-d’oeuvre d’Alberto Giacometti. Récemment restaurées, elles sont présentées au public parisien pour la première fois. « Objet invisible », oeuvre majeure des années 1934-1935, est l’une des sculptures les plus énigmatiques de la période surréaliste. « Grande Femme II », 1960, une sculpture monumentale en plâtre peint (258x32x57 cm), restaurée pour cette exposition, sera montrée au public pour la première fois depuis 1961.

Cette présentation permet de saisir l’évolution du traitement des figures nues dans l’oeuvre de l’artiste à travers ses différentes phases artistiques, des premiers dessins de nus des années 1920 jusqu’aux oeuvres les « Grandes Femmes » des années 1960.

Le catalogue co-édité par la Fondation Giacometti, Paris et FAGE éditions, bilingue français/anglais, richement illustré, accompagne l’exposition. Cet ouvrage qui comporte des textes d’auteurs inédits, se concentre sur les figures du nu féminin pour lesquels l’artiste cherche à établir un nouveau canon de représentation.






Extrait du catalogue - L’énigme de la figure nue – par Catherine Grenier

(…)
Initié dès son plus jeune âge à l’histoire de l’art par les ouvrages de la bibliothèque paternelle et doté d’une forte mémoire visuelle, l’artiste a mémorisé un très large catalogue d’images qu’il enrichira tout au long de sa vie. Plus tard, il témoignera de la façon originale dont toutes ces références s’actualisent dans son esprit, jusqu’à annuler tout sentiment de différence temporelle. « Tout l’art du passé, de toutes les époques, de toutes les civilisations surgit devant moi, tout est simultané, comme si l’espace prenait la place du temps. » Les classifications académiques et la hiérarchie qui les organise n’ont donc pas plus de sens pour lui que n’en a la vision téléologique de l’art. Giacometti, concentre l’essentiel de son oeuvre sur le Portrait et le Nu. (…)

Ce choix traduit sa certitude que le principe fondamental de l’art (et en particulier de la sculpture) est la représentation de l’humain – la représentation, dans son vocabulaire, étant inextricablement lié à la notion de compréhension. « La sculpture n’est pas, pour moi, un bel objet mais un moyen pour tâcher de comprendre un peu mieux ce que je vois, pour tâcher de comprendre un peu mieux ce qui m’attire et m’émerveille dans n’importe quelle tête. » De fait, sa sculpture se concentre sur un nombre très réduit de sujets, tous associés à la représentation humaine : la tête, le buste, la figure en pied, marchant, assise. Même dans les oeuvres de la période surréaliste, qui échappent au schéma de la représentation et confinent parfois à l’abstraction, la référence au corps humain est centrale.

Ce corps humain, Giacometti n’en cherche ni la diversité des formes, ni l’expressivité des postures. Après l’abandon du surréalisme et le retour à la figuration, la réduction et la répétition sont les caractéristiques les plus évidentes de son travail. Réduction des typologies, des modèles et des poses tout d’abord. Toutes les figures féminines debout sont nues. Toutes celles qui sont réalisées d’après nature le sont d’après un modèle unique, sa femme Annette. Les autres, beaucoup plus abstraites, sont inspirées de l’histoire de l’art.

Toutes, qu’elles soient exécutées d’après modèle ou non, ont la même attitude : immobiles, hiératiques, les bras serrés le long du corps et les pieds englués dans un socle massif. Les sculptures réalisées durant les séances de pose se succèdent comme les multiples déclinaisons d’une même représentation, l’artiste cherchant jour après jour à enregistrer les variations de son regard. La répétition du même n’est cependant pas la duplication à l’identique. « Le jour où l’on arriverait à comprendre totalement une certaine chose, on pourrait la refaire. Mais cela est impossible, parce que cette chose et moi sommes pris dans le mouvement et la mutation continuelle de la vie, qui ne peuvent être immobilisés. C’est une condition en même temps angoissante et joyeuse, surtout joyeuse. J’ai l’illusion d’avancer tous les jours, d’être chaque soir un peu plus avancé que ce que j’étais le matin. Donc chaque jour je vois différemment, je vois plus richement, donc le monde devient à mes yeux plus extraordinaire et plus intéressant » (…).