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“20 ans” Les acquisitions du musée du quai Branly – Jacques Chirac
au musée du quai Branly - Jacques Chirac, Paris

du 24 septembre 2019 au 26 janvier 2020



www.quaibranly.fr

 

© Pierre Normann Granier, présentation presse de l'exposition, le 23 septembre 2019.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Masque cérémoniel "kegginaquq": morse et caribou. Ethnie  : Yupik. Alaska (état), Amérique, début du 20e siècle. Matériaux et techniques  : Bois, poils, fibres végétales, pigments, 50 x 36 x 34 cm, N° inventaire : 70.2006.41.2. Usage de l'objet  : Cérémoniel. Les masques (kegginaqut) sont porteurs d’une vision ou d’un rêve d’un chamane. Ils étaient fabriqués, souvent par paire, en vue d’être associés à un récit accompagné par des chants et des danses aux tambours lors de cérémonies saisonnières. Ils rendaient visibles,le temps d’une cérémonie, les voyages intérieurs de l’angalkuq (chamane), intercesseur entre le monde des esprits, des animaux et des défunts. Les cérémonies avaient lieu principalement durant l’hiver dans le qasgiq, une vaste maison collective semi-souterraine réservée aux hommes. © musée du quai Branly - Jacques Chirac, photo Thierry Ollivier, Michel Urtado. Masque Yupik acquis grâce au soutien de la société des Amis du musée du quai Branly.
2/  Couronne radiale, 1960-1972. Ethnie  : Rikbaktsa, Mato Grosso (état), Amérique. Plumes, coton, fibres végétales, 58 x 51 cm. N° inventaire  : 70.2010.1.17. © musée du quai Branly - Jacques Chirac, photo Claude Germain.
3/  Crochet, 19e siècle. Ethnie  : Iatmul/Sawos, Océanie, Moyen Sepik. Bois, pigments, surmodelage, coquillages, cheveux, vannerie, fibres végétales, 126 x 41 x 30 cm. N° inventaire  : 70.2011.15.1. Légende : Personnage féminin sculpté en bois reposant sur un support en forme de crochet. La tête et le haut du torse sont couverts d'un surmodelage de terre et d'huile. Le sommet de la tête et le sexe comportent des cheveux. Les yeux sont faits d'une section de coquillage. Le haut du corps de ce personnage en pied, aux jambes fléchies, est couvert de scarifications. Son ventre bombé laisserait penser que la figure représentée est enceinte. © musée du quai Branly - Jacques Chirac, photo Claude Germain.

 


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Interview de Emmanuel Kasarhérou, directeur adjoint du département du Patrimoine
et des collections du musée du quai Branly – Jacques Chirac et commissaire de l'exposition,

par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 23 septembre 2019, durée 9'33". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaires de l’exposition :
Yves Le Fur, Directeur du département du Patrimoine et des collections du musée du quai Branly – Jacques Chirac
Emmanuel Kasarhérou, Directeur adjoint du département du Patrimoine et des collections du musée du quai Branly – Jacques Chirac




Vingt ans. Depuis la création du musée du quai Branly – Jacques Chirac, plus de 77 000 oeuvres, pièces historiques et contemporaines, ont intégré sa collection. Comment s’est-elle constituée, quels regards l’ont formée, quelle pensée critique l’a accompagnée ? 20 ans présente les acquisitions du musée de 1998 à 2018 : l’histoire d’une jeune institution et de ses coulisses se découvre ici, à travers près de 500 oeuvres iconiques.

Si le musée ouvre ses portes en 2006, il met en place, dès sa création en 1998, un important chantier de ses collections. L’enjeu est de photographier, renseigner et reconditionner les oeuvres héritées du Musée national des Arts d’Afrique et d’Océanie et du musée de l’Homme. Dans le même temps, l’institution développe sa propre politique d’acquisition visant à poursuivre les lignes de force qui font l’identité des collections héritées, tout en ouvrant de nouveaux axes de développement. Son aspiration, témoigner de la vitalité des créations d’Afrique, d’Océanie, d’Asie et d’Amériques, élargir la connaissance sur ces cultures vivantes, en transformation ou disparues.

La collection s’enrichit également et considérablement grâce à la générosité de donateurs – l’exposition leur rend hommage. En vingt ans, et à ce jour, 77 082 items ont été acquis – 15 857 objets et 61 225 oeuvres graphiques ou photographiques –, 60% proviennent de dons.

La collection du musée du quai Branly – Jacques Chirac, constituée du 16e siècle à nos jours, s’inscrit dans un temps long. Elle révèle les regards et sensibilités qui l’ont façonnée, complète et renouvelle les savoirs. Images de voyages et d’expéditions, objets des collections d’artistes et d’intellectuels qui ont contribué à la reconnaissance des arts extra-européens – Apollinaire, Matisse, Lévi-Strauss entre autres – documents d’archive, peintures et photographies contemporaines… les oeuvres, uniques par leur style, leur esthétique, leur rareté ou leur ancienneté, concourent à l’enrichissement d’un patrimoine mondial et à sa diffusion.

Autre enjeu de l’exposition, mieux comprendre la fabrique des collections nationales. Pour la première fois, 20 ans déroule les fils d’une politique d’acquisition et propose un discours inédit sur la constitution des savoirs autour d’une collection. Le parcours, pédagogique, présente les enjeux éthiques et juridiques à l’oeuvre dans le processus d’acquisition et la part d’humain, de subjectivité qui l’accompagne.

La parole est donnée aux conservateurs et professionnels de l’univers muséal ; des multimédias retracent les différentes étapes qui jalonnent la vie d’une œuvre – de sa présentation en commission à son entrée dans les collections, en passant par les analyses scientifiques. L’exposition aborde donc ce que le public ne peut d’ordinaire jamais voir, les rouages d’une institution, les métiers qui la compose, le travail de femmes et d’hommes qui oeuvrent dans l’ombre. En immersion, le visiteur découvre ici les coulisses d’un musée ; il est amené à le regarder autrement.

20 ans envisage les collections nationales comme un ensemble vivant, un héritage en mouvement. Garant de ce patrimoine actif, le musée du quai Branly – Jacques Chirac ouvre ici une réflexion critique sur le propre mode d’élaboration de sa collection et de fait, interroge son essence même, questionne ce que doit être son rôle à l’aune du 21e siècle.



Introduction par Yves Le Fur, directeur du département du patrimoine et des collections du musée du quai Branly – Jacques Chirac et commissaire général de l’exposition.

« Pourquoi acquérir ? » s’interrogeait déjà Germain Viatte qui fit le premier bilan des acquisitions du musée, en 2006 : « Il faut toujours se le demander en pensant à tous ceux qui doutent d’une telle nécessité au prétexte que tant d’objets et tant de documents de toutes sortes sont déjà et depuis si longtemps engrangés et parfois négligés et oubliés. » Autant nier à une bibliothèque de conserver des ouvrages anciens au prétexte qu’ils ne sont pas consultés tous les jours, et réfuter l’achat de nouveaux livres. Car un musée n’est pas seulement l’héritage poussiéreux d’une collection, nonobstant tous les amateurs de poussière et d’oeuvres oubliées, il est une formidable promesse de regards neufs, « de réveil de mémoire endormie » selon la belle expression de Mataliwan Kuliyaman, Amérindien Wayana, de combinaisons de savoirs renouvelés, d’agencements esthétiques imprévus que la sensibilité du siècle recrée. N’en déplaise aux esprits simples et chagrins qui pensent le musée comme chose morte, la collection est vivante. Elle s’enrichit de compléter des points de vue, des connaissances, des recherches. Elle est un héritage qui se transforme sans cesse, un patrimoine actif.