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“Degas à l’Opéra” article 2813
au Musée d'Orsay, Paris

du 24 septembre 2019 au 19 janvier 2020



www.musee-orsay.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 23 septembre 2019.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Edgar Degas (1834-1917), Dance Examination (Examen de Danse), 1880. Pastel sur papier, 62,2 x 46,5. Denver, Denver Art Museum: Don anonyme, 1941.6 Photo courtesy Denver Art Museum.
2/  Edgar Degas (1834-1917), La Classe de danse,1873. Huile sur toile, 85,5 x 75 cm. Paris, musée d’Orsay. Photo © Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt.
3/  Edgar Degas (1834-1917), Trois danseuses, 1879. Fusain et pastel sur papier, 47 x 61.9 cm. Washington, National Gallery of Art. © Image Courtesy National Gallery of Art, Washington DC.

 


2813_Degas-Opera audio
Interview de Marine Kisiel, conservatrice au musée d’Orsay et co-commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 23 septembre 2019, durée 12'21". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaires :

Henri Loyrette, commissaire général
Leïla Jarbouai, conservatrice au musée d’Orsay
Marine Kisiel, conservatrice au musée d’Orsay
Kimberly Jones, conservatrice à la National Gallery of Art de Washington




Tout au long de sa carrière, de ses débuts dans les années 1860 jusqu’à ses oeuvres ultimes au-delà de 1900, Degas a fait de l’Opéra le point central de ses travaux, sa « chambre à lui » pour parler comme son ami Mallarmé. Il en explore les divers espaces (salle et scène, loges, foyer, salles de danse), s’attache à ceux et celles qui les peuplent, danseuses (sur scène, au repos, s’exerçant), chanteurs, musiciens de l’orchestre, spectateurs, abonnés en habit noir hantant les coulisses. Si les autres sujets traités par l’artiste (portraits, paysages, scènes de courses, de maisons closes, de café-concert, modistes ou repasseuses…) n’apparaissent que de façon sporadique, l’Opéra est continûment présent. C’est que cet univers clos, qui ne laisse à travers les fenêtres voilées ou aveuglantes des salles de danse que de rares échappées vers l’extérieur, est un microcosme aux infinies possibilités, qui permet toutes les expérimentations : multiplicité des points de vue suscitant des cadrages inusités (vues plongeantes ou di sotto insu), contraste des éclairages, étude du mouvement et de la vérité du geste, dont la spontanéité apparente dissimule l’entraînement constant et l’étude patiente, rapprochement aberrant des corps qui provoque ces « belles grappes » qu’il appréciait tant… tout ce que pourvoit ce monde de « distance et de fard ».

L’Opéra est aussi un laboratoire propice aux innovations techniques : c’est avec Ludovic Lepic, habitué de l’Opéra pour lequel il créa des costumes, et sur le thème du Maître de ballet que Degas réalisa en 1876-1877 son premier monotype, en 1881, Petite danseuse de quatorze ans, statue de cire complétée d’accessoires véritables, révolutionne la sculpture. Depuis la grande rétrospective de 1988 (Paris, New York, Ottawa) qui a marqué le renouveau des études sur Degas, plusieurs expositions ont été consacrées au « peintre des danseuses » (notamment Degas and the Dance, Detroit et Philadelphie 2003 ; Degas and the Ballet ; Picturing Movement, Londres, 2011). Mais aucune n’a envisagé l’Opéra globalement, étudiant tout à la fois le lien passionné qu’il avait avec cette maison - « le manque d’opéra est une souffrance véritable » écrivait-il après quelques semaines seulement à la Nouvelle-Orléans -, ses goûts musicaux (son attachement au Grand opéra français et sa haine du wagnérisme), ses relations personnelles avec les directeurs successifs, les compositeurs (Auber, Reyer ou Chausson), le corps de ballet (Mlles Salle, Sanlaville, Van Goethem, Chabot, Biot, Mauri…), les chanteurs (Jean-Baptiste Faure, Rose Caron…), les abonnés (le milieu Halévy), mais aussi les infinies ressources de cette merveilleuse « boîte à outils ». Les premiers carnets de l’artiste, conservés à la Bibliothèque Nationale de France, montrent son intérêt précoce pour la scène. En 1860, il ouvre avec Petites filles spartiates provoquant des garçons à la lutte (Londres, National Gallery) un chantier de plus de vingt ans où les jeunes gens, s’exerçant dans l’aride plaine de Sparte, deviennent les prototypes des scènes de ballet à venir. Le Portrait de Mlle E(ugénie) F(iocre) à propos du ballet de « la Source » (New York, The Brooklyn Museum), exposé au Salon de 1868, L’Orchestre de l’Opéra (Musée d’Orsay, vers 1870) introduisent définitivement et sur des modes divers l’Opéra dans l’oeuvre de Degas. Des « exercices de précision » du début des années 1870 aux pastels et fusains à « gros traits » des années 1890 et 1900, Degas use des techniques et supports les plus divers, les déclinant en peintures de grand format, en « produits » ou « articles » destinés à la vente, en sculptures, en illustrations (La Famille Cardinal), en éventails, se limitant au noir et blanc ou se livrant à des « orgies de couleurs ».

Il explore ainsi tous les recoins, tous les usages et, entre observation réaliste et fantasmagorie - « J’en ai tant fait de ces examens de danse, sans les avoir vus, que j’en suis un peu honteux » écrit-il autour de 1880 - construit autour de l’Opéra son oeuvre.


Cette exposition est organisée par les musées d’Orsay et de l’Orangerie, Paris et la National Gallery of Art, Washington DC, à l’occasion du trois cent cinquantième anniversaire de l’Opéra de Paris. L’exposition est réalisée avec le concours exceptionnel de la Bibliothèque nationale de France.