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“Denis Brihat, photographies” De la nature des choses
à la BnF François Mitterrand, Paris

du 8 octobre au 8 décembre 2019



www.bnf.fr

 

© Pierre Normann Granier, visite de l'exposition avec Héloïse Conesa, le 7 octobre 2019.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Denis Brihat, Chrysanthème, 1986 Tirage argentique, sulfuration, pigmentation du fond, 50 x 40 cm BnF, Estampes et photographie. © Denis Brihat.
2/  Denis Brihat, Coeur de kiwi, 1990 Tirage argentique, virage au fer-vanadium, 40x50 cm BnF, Estampes et photographie. © Denis Brihat.
3/  Denis Brihat, Sables, 1998 Tirage argentique et sulfuration, 30 x 40 cm BnF, Estampes et photographie. © Denis Brihat.

 


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Interview de Héloïse Conesa,
conservatrice au département des Estampes et de la photographie - BnF, et commissaire de l'exposition,

par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 7 octobre 2019, durée 14'32". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissariat : Héloïse Conesa, conservatrice au département des Estampes et de la photographie, BnF



La Bibliothèque nationale de France met à l’honneur Denis Brihat, figure essentielle de l’histoire de la photographie en France. Photographe « alchimiste » dont le regard intense donne à voir l’infiniment grand dans l’infiniment petit, Denis Brihat a développé, en soixante-dix ans de carrière, une oeuvre extraordinairement sensible, empreinte de rigueur formelle et de lyrisme visuel. Promoteur de la photographie « créative » et acteur infatigable de la transmission des savoir-faire argentiques, il est aussi l’un des fondateurs des Rencontres d’Arles. S’il a, depuis les années 1970, régulièrement déposé des tirages à la BnF, l’artiste vient de faire don d’une centaine de pièces emblématiques – tirages d’expositions et d’études, portfolios, cahiers de recherche… - exceptionnellement présentées cet automne.


Un photographe engagé pour la reconnaissance de son art

Denis Brihat est né à Paris en 1928. Lauréat du prix Niépce en 1957, il ouvre la voie à une génération de photographes-auteurs en étant l’un des premiers, dès les années 1950, à militer pour que la photographie soit reconnue comme une expression artistique à part entière, grâce à des tirages soignés, numérotés à peu d’exemplaires et souvent de grand format.

Dès 1958, le photographe délaisse la capitale pour mener une vie frugale et proche de la nature dans le Luberon. Il y fait des rencontres marquantes à l’instar de Pablo Picasso ou de Fernand Léger avec lequel il participe au Groupe Espace, réunissant artistes et architectes dans une même ambition, celle de l’unité de l’art.

Régulièrement invité aux États-Unis, il est l’un des premiers photographes français exposés par John Szarkowski en 1967 au MoMA de New-York, avec ses amis Jean-Pierre Sudre et Pierre Cordier.

Denis Brihat est aussi un fervent partisan d’une valorisation démocratique de la photographie : il participe aux expositions de la galerie Agathe Gaillard, l’une des premières galeries de photographie à Paris, ouverte en 1975 ; il figure parmi les fondateurs du festival des Rencontres Internationales de la Photographie d’Arles avec Lucien Clergue et est aussi de l’aventure du Château d’eau à Toulouse avec Jean et Michel Dieuzaide.


Entre lyrisme visuel et rigueur formelle

Au fil des années, Denis Brihat développe son axe de recherche visuelle : l’étude attentive de la nature et plus particulièrement du monde végétal. Il voit notamment son jardin, qu’il cultive avec passion, comme une métaphore du monde. Nourri de philosophie et de littérature, l’artiste est fasciné par la musique de Jean-Sébastien Bach dont il transpose le système du « contrepoint » afin de créer à partir d’un même motif – un légume, une fleur, un arbre etc. - une vraie polyphonie dont témoigne par exemple le portfolio « Un Citron ».

Grand admirateur d’Edward Weston, proche des photographes américains Aaron Siskind, Paul Caponigro et Irving Penn, Denis Brihat photographie au plus près de son sujet d’étude – lichens, oignons, coquelicots etc. -, faisant de l’abstraction et du fragment sa syntaxe visuelle. Le passage du microcosme au macrocosme est aussi important chez lui que celui du noir et blanc à la couleur : ses étonnantes photographies, toutes tirées en noir et blanc et virées ensuite avec une multiplicité de métaux et pigments pour se rapprocher au plus près de la couleur naturelle, témoignent de son audace expérimentale. Denis Brihat affirme la matérialité du tirage et cherche l’excellence.

Passeur d’images et de savoir-faire, il fait rapidement école par son exigence technique : des photographes du monde entier viennent suivre dans sa maison-atelier de Bonnieux l’enseignement du maître, à l’instar du photographe Jean-Marc Bustamante, impressionné par l’originalité de Denis Brihat et la manière dont, très tôt, il choisit de mettre en valeur la qualité picturale et ornementale de la photographie.


Denis Brihat exposé à la BnF

L’exposition propose un parcours thématique autour des motifs plastiques majeurs de l’oeuvre de Denis Brihat : la délicatesse de la ligne, souvent caractérisée par le choix d’un noir et blanc sobre et graphique ; l’attention portée à la pureté des formes prélevées dans la nature ; la couleur, amenée par des virages complexes, qui rehausse l’approche naturaliste ; la sensualité des matières et les expérimentations photographiques qui en accompagnent la capture. Fascinante, l’oeuvre de Denis Brihat s’affirme entre réflexion engagée sur le médium photographique et méditation poétique sur le sens de l’existence.