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“Prix Marcel Duchamp 2019” Éric Baudelaire, Katinka Bock, Marguerite Humeau et Ida Tursic & Wilfried Mille
au Centre Pompidou, Paris

du 9 octobre 2019 au 6 janvier 2020



www.centrepompidou.fr

 

© Pierre Normann Granier, présentation presse de l'exposition avec Nicolas Liucci-Goutnikov, le 8 octobre 2019.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Ida Tursic & Wilfried Mille, Prix Marcel Duchamp 2019, © Manuel Braun, 2019.
2/  Katinka Bock, Prix Marcel Duchamp 2019, © Manuel Braun, 2019.
3/  Éric Baudelaire, Prix Marcel Duchamp 2019, © Manuel Braun, 2019.
4/  Marguerite Humeau, Prix Marcel Duchamp 2019, © Manuel Braun, 2019.

 


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Interview de Nicolas Liucci-Goutnikov,
conservateur au musée national d’art moderne et commissaire de l'exposition,

par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 8 octobre 2019, durée 13'55". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

commissariat : Nicolas Liucci-Goutnikov, conservateur, musée national d’art moderne



Créé en 2000 pour mettre en lumière le foisonnement créatif de la scène artistique française, le Prix Marcel Duchamp a pour ambition de distinguer les artistes les plus audacieux de leur génération et de promouvoir ainsi à l’international la diversité des pratiques aujourd’hui à l’oeuvre en France.

Ce partenariat fidèle entre l’ADIAF (Association pour la diffusion internationale de l’art français) et le Centre Pompidou a permis de distinguer 80 artistes depuis le lancement du Prix Marcel Duchamp, dont dix-huit lauréats. Depuis 2016, les quatre artistes nommés exposent ensemble avant l’annonce du lauréat, offrant ainsi aux visiteurs un instantané de la création artistique actuelle. Ces nouvelles modalités d’organisation du Prix Marcel Duchamp l’inscrivent résolument dans une volonté de mettre en valeur la scène française auprès du plus grand nombre.

Les artistes actifs sur la scène française sont largement représentés au Centre Pompidou, à travers la programmation de l’établissement (plus de trente monographies d’artistes français entre 2015 et 2019) mais aussi dans la présentation des collections permanentes régulièrement renouvelées, présentant elle-même un nombre croissant d’artistes français (34% en 2019). La politique d’acquisition du Musée national d’art moderne fait la part belle aux artistes de l’hexagone. Chaque année, depuis 2015, entre 20% et 30% des artistes ayant fait l’objet d’une acquisition sont français. Cette proportion est loin d’être négligeable dans un contexte de nécessaire mondialisation du patrimoine artistique national.


Pour sa 19e édition, le Prix Marcel Duchamp présente des projets aux fondements plastiques variés et reflète ainsi, grâce aux choix du comité de sélection de l’ADIAF, la diversité des pratiques coexistant aujourd’hui en France. Eric Baudelaire, cinéaste par prédilection, bâtit un dispositif d’exposition généreux à partir d’un film tourné au long cours avec des collégiens de Seine-Saint-Denis. Katinka Bock et Marguerite Humeau proposent quant à elles deux approches différentes de la sculpture. La première relit avec finesse l’héritage d’une sculpture contemporaine reposant sur une matérialité fragile. La seconde renoue avec la narrativité et promet, sur des prémisses scientifiques ancrées dans le présent, de nouveaux sujets mythologiques. Mais l’événement le plus singulier de cette édition est sans aucun doute le retour de la peinture, longtemps absente du Prix Marcel Duchamp, opéré grâce au projet espiègle d’Ida Tursic et de Wilfried Mille : le duo interroge avec une facétie sérieuse la possibilité même de peindre aujourd’hui.



Lundi 14 octobre 2019, le jury [composé de sept personnalités : Bernard Blistène, Gilles Fuchs, Joao Fernandes, Jean de Loisy, Afroditi Panagiotakou, Catherine Petigas et Akemi Shiraha] s’est réuni pour choisir le lauréat du prix Marcel Duchamp 2019 parmi les quatre artistes nommés pour cette 19e édition - Éric Baudelaire, Katinka Bock, Marguerite Humeau et Ida Tursic & Wilfried Mille - qui a été attribué à Éric Baudelaire. Ces délibérations ont fait suite à une présentation des artistes par leurs rapporteurs, soit respectivement : Philippe Mangeot, Katrina Brown, Alexandra Midal, Bernard Marcadé.



Eric Baudelaire

Ancré dans une tradition critique tenant à la fois de l’art conceptuel et du cinéma godardien, l’œuvre d’Éric Baudelaire cherche à « mettre en crise » les systèmes de représentation qui structurent les imaginaires contemporains. S’appuyant en large mesure sur sa formation première aux sciences politiques, Baudelaire s’attache à déplacer le regard porté sur différents faits politiques et sociaux, et renouvelle ainsi dans le présent les usages de la distanciation. Ses dispositifs d’exposition combinent au film, à la photographie et au texte imprimé, la possibilité du débat.

Le projet qu’il présente dans le cadre du Prix Marcel Duchamp 2019, « Tu peux prendre ton temps », s’articule autour d’Un film dramatique, long métrage dont la production a débuté il y a quatre ans. Vingt élèves du collège Dora Maar, situé à cheval entre Saint-Denis et Saint-Ouen, en sont à la fois le sujet, les auteurs et les acteurs. Questionnant la nature même du médium cinématographique à travers sa découverte par les collégiens, le film donne à voir la façon dont ces derniers se représentent, loin de tout cliché sur ce département dit « sensible ». Le dispositif construit par Baudelaire autour du film révèle les dents creuses de l’espace d’exposition. L’ensemble se prolonge hors-les-murs, à Saint-Denis, où Baudelaire a installé en référence au travail de Daniel Buren, au sommet de la tour Pleyel, un drapeau réalisé par l’une des collégiennes.

Artiste français né en 1973 à Salt Lake City aux Etats-Unis. Vit et travaille à Paris.
Représenté par les galeries : Greta Meert, Bruxelles / Barbara Wien, Berlin / Juana de Aizpuru, Madrid

Après des études en sciences politiques, Eric Baudelaire développe une pratique artistique ancrée dans un travail de recherche comprenant la photographie, l’estampe, la vidéo et le cinéma, qui occupe une place centrale dans son travail depuis 2010. Ses longs métrages Also Known As Jihadi (2017), Lettres à Max (2014), The Ugly One (2013) et L’Anabase de May et Fusako Shigenobu, Masao Adachi, et 27 années sans images (2011) ont été programmés dans de nombreux festivals à Locarno, Marseille, Toronto, New York et Rotterdam. En 2014, il réalise Lettres à Max dans le cadre d’une d’exposition plus large, « The Secession Sessions », consacrée à l’Abkhazie, état non-reconnu du Caucase. En 2017, au Centre Pompidou, le projet « A PRES » déploie un programme discursif quotidien autour du film, Also Known As Jihadi, qui revient sur les attentats de 2015. Baudelaire a récemment été exposé au Centre Pompidou (Paris), au Witte de With (Rotterdam), au Fridericianum (Kassel), au Beirut Art Center, à Gasworks (Londres) et au Hammer Museum (Los Angeles). Ses oeuvres sont conservées dans les collections du Centre Pompidou, du Reina Sofia, du MACBA, du MoMA et de M+.



Katinka Bock

Situé à la croisée de diverses pratiques, l’oeuvre de Katinka Bock propose une relecture précise et délicate d’une histoire de la sculpture dans un « champ élargi ». Prolongeant l’héritage post-minimal à travers différentes techniques traditionnelles, Bock soumet le processus créatif aux lois de la physique et met ainsi en valeur les qualités premières de la matière. Ses « mises en situation sculpturales » résultent de la définition préalable de paramètres simples, qui en déterminent le devenir. Elles se plient également au lieu dans lequel elles s’inscrivent, sur le mode de l’empreinte, du mesurage ou de l’infiltration.

L’ensemble sculpté que Katinka Bock propose pour le Prix Marcel Duchamp 2019 reflète les multiples facettes de son travail. Dans Landumland, la dimension in situ transparaît de diverses façons : l’oeuvre s’articule autour d’un damier de plaques de cuivres laissées à oxyder pendant plusieurs mois sur une des terrasses du Centre Pompidou, recouvertes d’un grand lé de tissus qui en porte désormais l’empreinte. Sur ce damier, est disposé un radiateur emprunté par Bock à un résident du quartier et mis en fonction grâce à un circuit hydraulique fermé. Landumland est également exposé à la dégradation des matériaux qui le constituent : ainsi, deux citrons attachés à une tige métallique modifient la flexion de cette dernière à mesure qu’ils se gâtent. L’aspect anthropomorphe ou zoomorphe des figures sculptées par Bock interroge une forme de « vivre ensemble ».

Artiste allemande née en 1976 à Francfort-sur-le-Main. Vit et travaille à Paris et Berlin
Représentée par les galeries : Jocelyn Wolff, Paris / Meyer Riegger, Berlin - Karlsruhe / Greta Meert, Bruxelles

Née en 1976 à Francfort-sur-le-main, Katinka Bock étudie à Berlin puis à l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Lyon. Elle vit et travaille à Paris. Son oeuvre a été exposée au Kunstmuseum Winterthur, au Mudam Luxembourg, à l’Institut d’art contemporain à Villeurbanne, aux Laboratoires d’Aubervilliers ou au Mamco à Genève ou à la Henry Art Gallery Seattle. Elle est représentée dans les collections du Centre Pompidou, du Musée d’art Moderne de la Ville de Paris, du Centre National des Arts Plastiques, de l’Institut d’Art Contemporain de Villeurbanne. En 2012, Katinka Bock est lauréate du Prix de la Fondation d’entreprise Ricard. La même année, elle devient pensionnaire à la Villa Médicis – Académie de France à Rome.



Marguerite Humeau

Marguerite Humeau place la narration au coeur de sa pratique. Entre contes merveilleux et dystopies contemporaines, elle compose des récits spéculatifs où s’entrelacent faits et fiction, engendrant ou ressuscitant des formes de vie disparues à partir de sources scientifiques variées, notamment la préhistoire et la biologie. L’imaginaire poétique mis en oeuvre par Humeau s’appuie sur une attention particulière portée aux matériaux innovants ainsi qu’aux technologies les plus avancées en matière de moulage et d’impression.

La trame narrative du projet High Tide présenté pour le Prix Marcel Duchamp 2019 émane d’observations éthologiques posant l’hypothèse de nouveaux comportements religieux adoptés par certains animaux en réponse aux bouleversements climatiques et aux extinctions de masse qui en résultent. Présentés au centre de l’espace, des « danseurs » - systèmes respiratoires de créatures marines - semblent subir l’empoisonnement des océans. Les poumons se gonflent et se dégonflent, et finissent par exécuter un rite collectif dansé en direction de la lune. Celle-ci, vénérée par les animaux depuis leur règne subaquatique, se meut en fonction de la force gravitationnelle exercée par l’astre céleste en ce point précis. Habitant les murs de la galerie, une créature inconnue se fait entendre, enveloppant le groupe animé dans une masse sonore.

Artiste française née en 1986 à Cholet. Vit et travaille à Londres
Représentée par la galerie C L E A R I N G , New York / Bruxelles

Marguerite Humeau étudie le design au Royal College of Art, à Londres, où elle réside actuellement. Son oeuvre a été exposé au Kunstverein de Hambourg, à la Tate, au Palais de Tokyo, au New Museum, sur la High Line de New York ou au Château de Versailles. Elle est représentée dans les collections du MoMA, de la Tate ou de la Fondation d’entreprise Lafayette. Son travail lui vaut plusieurs récompenses internationales dont le British Society of Sculptors Award en 2014 et le Zurich Art Prize en 2017.



Ida Tursic & Wilfried Mille

Tursic et Mille se livrent à une exploration jubilatoire de la condition du médium pictural à l’ère post-historique. Découpés, superposés, placés contre les cimaises, accrochés à des structures, fichés sur des socles, leurs tableaux-objets occupent l’espace et nient avec facétie le primat de la bidimensionnalité en peinture. Dans une veine picabiesque, Tursic et Mille contestent aussi la pertinence du style. Rejouant le mythe de l’artiste-démiurge, ils s’adonnent volontiers à l’abstraction gestuelle, sans renoncer pour autant à la figuration. Centrale dans leur oeuvre, celle-ci repose sur l’appropriation de l’imagerie produite par la « société du spectacle » : abolissant toute forme de hiérarchie entre les sujets et les sources, leur entreprise de recyclage traite indifféremment de motifs pornographiques ou domestiques, puisés sur internet ou dans les films d’auteur.

Dans la proposition réalisée pour le Prix Marcel Duchamp 2019, la découpe préalable du support pictural tient une place prédominante. Le contour du support en bois vient redoubler celui des objets représentés – des chiens de salon rescapés d’un passé néo-pop, un jeune éphèbe plus grand que nature ne portant rien d’autre qu’un chapeau, mais également des taches de peinture exagérément agrandies, éléments fétiches de la mythologie du peintre et de son atelier. Les uns sur les autres, jouant sur les effets d’échelle, ces tableaux-décors forment comme une scène où se jouerait joyeusement le « drame » de la peinture contemporaine.

Nés en 1974, respectivement à Belgrade et Boulogne-sur-mer. Vivent et travaillent à Dijon
Représentés par les galeries : Almine Rech, Paris - Bruxelles - Londres - New York – Shanghai / Max Hetzler, Berlin – Londres / Alfonso Artiaco, Naples / Pietro Sparta, Chagny, France.

Après avoir tous deux étudié à l’Ecole des Beaux-Arts de Dijon, Ida Tursic (née en 1974, à Belgrade) et Wilfried Mille (né en 1974, à Boulogne-sur-mer) commencent à travailler ensemble en 2000. Leur oeuvre a fait l’objet de plusieurs expositions au FRAC Auvergne, au Musée des Beaux-Arts de Dôle, à la Fondation d’entreprise Ricard à Paris ou encore à la Fondation pour la Promotion de l’Art à Weidingen en Allemagne. Ils sont représentés dans les collections du Centre Pompidou, du FNAC, du Consortium, de la Fondation Bredin-Prat et de la Fondation LVHM ainsi que de différents FRAC, du Musée Berardo à Lisbonne et de la K11 Foundation à Hong Kong. En 2009, Tursic et Mille sont lauréats du Prix de la Fondation d’entreprise Ricard.