contact rubrique Agenda Culturel : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

“Calais-témoigner de la jungle” Bruno Serralongue | Agence France-Presse | Les habitants
au Centre Pompidou, galerie de photographies, Paris

du 16 octobre 2019 au 24 février 2020



www.centrepompidou.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 15 octobre 2019.

2842_Calais2842_Calais2842_Calais
Légendes de gauche à droite :
1/  Bruno Serralongue, Chemin à l'aube 1, Calais, juillet 2006, 2006-2018. Ilfochrome collé sur aluminium, 126 x 157 cm. © Bruno Serralongue - Air de Paris.
2/  Bruno Serralongue, Citrons, "bidonville d'Etat" pour migrants, Calais, 25 mars 2016, 2006-2018. Epreuve à jet d'encre, 51 x 63 cm. © Bruno Serralongue - Air de Paris.
3/  Zeeshan Haider. © Zeeshan Haider.

 


2842_Calais audio
Interview de Florian Ebner, conservateur,
Chef du service du cabinet de la photographie au Musée national d’art moderne et commissaire de l'exposition,

par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 15 octobre 2019, durée 16'44". © FranceFineArt.
(de gauche à droite : Alpha Diagne, Pierre Fernandez [AFP], Florian Ebner et Bruno Serralongue)

 


extrait du communiqué de presse :

 

commissariat :
Florian Ebner, Conservateur, Chef du service du cabinet de la photographie, Musée national d’art moderne.
Assisté de Lise Tournet-Lambert et Andreas Langfeld avec la participation de Katharina Zimermann.




L'exposition Calais – témoigner de la « jungle » est conçue comme une expérience et une approche comparative d’une imagerie de notre temps, celle de la migration. Elle aborde plus précisement la situation des réfugiés et des exilés installés dans un camp situé aux abords de la ville de Calais, surnommé la « jungle », avant son démantèlement en octobre 2016.

À travers trois approches, l’exposition explore les différentes fonctions, rôles et statuts de l’image : celle de l’artiste Bruno Serralongue et son projet documentaire Calais (2006- 2018), les clichés de l’Agence France-Presse diffusés par les médias et les témoignages des anciens habitants de la « jungle ».


Bruno Serralongue

En 2002, la fermeture du camp de Sangatte entraîne le repli et l’installation des migrants cachés dans les forêts. C’est à partir de 2006 que Bruno Serralongue suit l’investissement secret de ces lieux et leurs métamorphoses. À l’aide d’une chambre photographique, il capte les différents moments de la vie des exilés et leurs premiers campements provisoires. Il documente leurs tentatives pour rejoindre l’Angleterre, l’installation du « bidonville d’État » jusqu'à son démantèlement en 2016. Ses tirages s’inscrivent dans une temporalité lente et se caractérisent par une approche décalée dont l’objectif est d’instaurer une distance avec l’événement. Ainsi, ses photographies proposent une alternative aux images médiatiques tout en s’inscrivant dans une tradition visuelle, plus particulièrement celle du tableau d’histoire.

L’exposition a été conçue avec Bruno Serralongue, dont une partie des oeuvres exposées sont issues d’une acquisition récente du Musée national d’art moderne.


L'Agence France-Presse

Les publications imprimées et en ligne des photographes de l’Agence France-Presse offrent un autre exemple du rôle de la photographie. La fonction de l’image médiatique semble au premier abord évidente, elle se cible plutôt sur les événements que sur la vie quotidienne puisqu’elle doit informer et se faire remarquer dans un environnement où saisir l’attention du public devient de plus en plus une compétition. Ces clichés sont porteurs d’une double intention, il s’agit tout autant de condenser une importante quantité d’informations que d’être à l’initiative d’une image iconique qui échappe aux stéréotypes propres au sujet. Ainsi, une dialectique s’instaure entre la masse des publications qui donne de l’importance à la portée humanitaire et la présence médiatique qui tend parfois à aveugler. Cette section, produite en coopération avec l’Agence France-Presse, contient des entretiens avec des acteurs de l’AFP, entre autres, le photographe Philippe Huguen, Olivier Morin, le rédacteur en chef photo France, et Virginie Grognou, rédactrice en chef adjointe du service vidéo, mais également avec d’autres personnalités du monde des médias, comme Nicolas Jimenez, directeur photo du journal Le Monde, Isabelle Grattard, éditrice photo pour Libération, Louis Morice, rédacteur photo pour l’Obs ou encore la journaliste britannique Sally Hayden. L’historien d’art allemand Tom Holert, la philosophe Marie-José Mondzain ainsi que des figures du monde associatif, comme Lola Schulmann et Katia Roux, chargées de plaidoyer auprès de Amnesty International France, font aussi entendre leurs voix. Ces témoignages sont réunis dans une série de films de l'artiste allemand Andreas Langfeld.


Les habitants

Les témoignages des réfugiés, des exilés et migrants proposent une autre lecture des événements et conditions de vie des habitants de la «jungle ». Dans cette troisième partie de l’exposition, leurs photos et vidéos montrent une autre réalité à rebours de celle présentée par les médias. Elles mettent en avant l’importance d’un outil existentiel, leur téléphone portable, qui sert non seulement de moyen de communication avec leur famille, d’instrument de navigation sur la route mais aussi de caméra. Les photographies présentées ne sont pas uniquement celles d’amateurs mais aussi d’artistes et professionnels de l’image qui le sont devenus parfois par la force des choses. Parmi eux, se trouvent Shadi Abdulrahman, Riaz Ahmad, Alpha Diagne, Zeeshan Haider, Ali Haghooi, Fadi Idris, Babak Inanlou et Arash Niroomand. Ce dernier volet montre, à côté de ses photographies, le nouveau film du jeune auteur iranien Babak Inanlou dédié à la réflexion sur les images de la « jungle », réalisé avec la participation d'Ali Haghooi. La fin du parcours présente les cyanotypes de plusieurs réfugiés, projet mené par l'association Art Refuge UK et une nouvelle action participative de Séverine Sajous et Julie Brun qui ont initié à Calais, en 2015, un workshop intitulé « Jungleye ». Leur nouveau projet, avec le soutien d’Emmaüs-Solidarité, fait le lien entre Calais et Paris, et rappelle que « la jungle » de Calais n’était qu’une configuration d’un phénomène qui reste d’actualité : l’exil et la migration.



Parallèlement à l’exposition, le Centre national des arts plastiques et le Centre photographique d’Ile-de-France à Pontault-Combault consacrent également une exposition aux photographies de Calais, des tirages qui entrent en complémentarité avec ceux présentés au sein de la Galerie de photographies du Centre Pompidou.

En coopération avec le département Culture et création du Centre Pompidou, des projections de films et conférences abordant les problématiques de la « jungle de Calais » seront programmées durant la période de l'exposition.


Soutiens et collaborations

Pierre Fernandez,
Agence France-Presse
Sophie Dupont, Nicolas Jimenez, Le Monde
Isabelle De Lagasnerie, La Croix
Bénédicte Dumont, Isabelle Grattard, Libération
Louis Morice, L'Obs
Corinne Squire, The University of East London La Galerie Air de Paris
Hisham Aly, Le Secours catholique de Calais
Gabrielle De Préval, Emmaüs-Solidarité, Paris
Judith Depaule, Association des artistes en exil
Lola Schulmann, Katia Roux, Amnesty International France
Doris Lanzmann
Franziska Kunze



Contextes géographique, politique et social de la « jungle » de Calais


La situation géographique de Calais, sur la côte nord de la France et proche de l’Angleterre, est à la fois enviable et dangereuse, tant par la distance de 30 kilomètres de mer qui sépare les deux pays que par la sécurité renforcée depuis 2015. La ville constitue un lieu de passage qui attire depuis le début des années 1990 des réfugiés provenant de pays pauvres ou en conflit : d’abord d’Ex-Yougoslavie et du sud-est de l’Europe, puis du Moyen-Orient et d’Afrique. Ils s’installent dans des squats ou des bidonvilles le long des autoroutes et des côtes françaises et attendent d’obtenir un droit d’asile français ou de tenter de passer la frontière en se cachant dans des camions traversant la Manche.

Successivement, les États français et britannique, puis belge ont pris des mesures visant à contrôler les entrées et sorties du territoire par un premier protocole signé en 1991 à Sangatte et renforcé en 2003 par le traité du Touquet.

L’installation des réfugiés à Calais est complexe : un premier hangar est ouvert en 1999 par l’État dans la commune limitrophe de Sangatte, mais il ferme définitivement le 31 décembre 2002. Les migrants se replient alors au nord-est de Calais dans une zone industrielle proche d’un bois. Cette première « jungle » – terme provenant du pashtoun djangal, désignant un coin de forêt – est détruite à l’automne 2009. En avril 2015, les migrants sont déplacés vers un nouveau site appelé « bidonville d’État » ou « New Jungle ». Il comprend un camp d’État constitué de containers de 1500 places, le centre Jules Ferry avec un service de jour et un lieu d’accueil des femmes et enfants de 400 places et des bidonvilles. Ce terrain est constitué d’une décharge de gravats, d’une étendue sableuse, d’une zone broussailleuse et d’une butte construite par la municipalité. Le site s’érige progressivement en une ville informelle regroupant en septembre 2016 plus de 10 000 personnes. Sur place, de nombreuses associations s’organisent afin de soutenir les migrants : La Belle Équipe (fondée en 1994), Salam (2003), L’Auberge des Migrants (2008), mais aussi des ONG telles qu’Amnesty International ou des militants de No Border.


Quelques dates clés :
1999 :
ouverture du Centre d’hébergement et d’accueil d’urgence humanitaire (CHAUH) de la Croix-Rouge à Sangatte
31 décembre 2002 : fermeture du centre de Sangatte
2002 : installation de la première « jungle »
4 février 2003 : Traité du Touquet
22 septembre - 7 octobre 2009 : destruction des campements de la « jungle » de Calais
Avril 2015 : ouverture de la « New Jungle »
24 octobre 2016 : évacuation et démantèlement de la « jungle »