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“Points de rencontres” article 2855
au Centre Pompidou, Paris

du 23 octobre 2019 au 27 janvier 2020



www.centrepompidou.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, visite de l'exposition avec Frédéric Paul, le 31 octobre 2019.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Agnès Geoffray, Pliure II, 2019. 52 x 41 cm (déplié : 41 x 60 cm), issu de la série Pliures. Ensemble de 9 foulards imprimés sur soie, dimensions variables. Promesse de don du Fonds de dotation Centre Pompidou Accélérations, 2019. © Centre Pompidou, Audrey Laurans.
2/  Bruno Serralongue, Parc essieux,12 février 2019. 22 x 28,5 cm. © Bruno Serralongue.
3/  Camila Oliveira Fairclough, Agneau, 2018. Acrylique sur toile, 97 x 130 cm. Promesse de don du Fonds de dotation Centre Pompidou Accélérations, 2019. © Simon Rayssac.

 


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Interview de Frédéric Paul, conservateur au Musée national d’art moderne - Service des collections contemporaines et commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 31 octobre 2019, durée 23'06". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

commissaire de l’exposition :
Fréderic Paul, conservateur au service des collections contemporaines, du Musée national d’art moderne




Le Centre Pompidou accueille l'exposition Points de rencontres, fruit de la première saison du Fonds de dotation Centre Pompidou Accélérations. Le Fonds de dotation est né en 2018 d’une rencontre avec 7 entreprises qui ont décidé de s’engager dans un dialogue original avec le monde artistique, les équipes et les publics du Centre Pompidou. Ces entreprises partagent la conviction qu’il faut, pour imaginer le monde de demain, s’engager et dialoguer avec la création artistique d’aujourd’hui. Dans ce cadre, une série de résidences d’artistes au sein des entreprises s'est déroulée durant plusieurs semaines au cours du premier semestre 2019. Ce dialogue entre la création artistique et le monde économique a été organisé comme un échange singulier entre les artistes, les entreprise et leurs équipes :

Hubert Duprat, en résidence chez l’entreprise Teréga, a imaginé une sculpture creusée dans une substance incolore suggérant l’immatérialité du gaz.

Lionel Estève, en résidence chez Cdiscount, a développé trois projets en lien avec la question des flux de marchandises et des transactions.

Alexandre Estrela, en résidence chez Orange, a déjoué la perception en soumettant l’Intelligence Artificielle à la question et en intégrant ses réflexes.

Agnès Geoffray, en résidence chez Neuflize OBC, a trouvé avec étonnement dans la salle des coffres de la banque un conservatoire des souvenirs les plus intimes.

Jonathan Monk, en résidence chez Axa, est revenu sur la notion de risque après plusieurs entretiens où il a tenu le rôle de futurologue.

Camila Oliveira Fairclough, en résidence chez Tilder, a poursuivi son travail de peintre avec le souci d’y introduire de nouveaux « éléments de langage ».

Bruno Serralongue, en résidence chez Ermewa, s’est plongé dans la micro-société d’un atelier de fabrication et de réparation de wagons de marchandises.


L'exposition Points de rencontres, élaborée par Frédéric Paul, conservateur au service des collections contemporaines du Musée national d’art moderne (MNAM), qui a en amont présenté les sept artistes à ces entreprises, présente les oeuvres produites par les artistes en résidence, en dialogue avec des œuvres de la collection du MNAM (Brassaï, Man Ray, Sonia Delaunay, Joseph Albers, Paul Klee, Marc Chagall, Jackson Pollock...).

Parmi les près de 120 000 oeuvres de la collection du Centre Pompidou, plus d’une centaine ont été sélectionnées en lien avec la thématique de la première saison du Fonds de dotation Centre Pompidou Accélérations : l'émotion. Certaines oeuvres incontournables, comme le programmatique Lomolarm, de Klee ou The Deep de Pollock dialogueront avec les oeuvres créées pendant les résidences et feront appel à une riche palette d'émotions : du rire aux larmes, de l’amour à la détestation, de Josef Albers à Yuri Albert, de Ian Wilson à René Zuber, des artistes anonymes aux plus consacrés, de 1905 à nos jours. Le parcours de l'exposition sera aussi rythmé par des face-à-face inattendus : Chagall avec John de Andrea, Feininger avec Gonzalez, On Kawara avec Roland Sabatier, Roland Barthes avec Réquichot ou encore Fontana avec Zobernig. Ces oeuvres de la collection, qu'elles soient modernes ou contemporaines, offriront un cadre de référence aux oeuvres nouvelles de Hubert Duprat, Lionel Estève, Alexandre Estrela, Agnès Geoffray, Jonathan Monk, Camila Oliveira Fairclough et Bruno Serralongue, nés entre 1957 et 1979, artistes aux sensibilités et champs d’investigations multiples.

Les oeuvres produites lors des résidences seront acquises par le Fonds de dotation Centre Pompidou Accélérations et proposées sous forme de don au Centre Pompidou pour être intégrées au sein des collections, sous réserve de l’avis favorable de la commission d’acquisition du Musée National d’Art Moderne.






Les artistes en résidences


Hubert Duprat

L’artiste français Hubert Duprat, né en 1957, aime à mêler des domaines que l’on tient traditionnellement pour fort éloignés : connaissances scientifiques, métaphores mythologiques, allusions historiques, références littéraires, savoir-faire artisanaux les plus divers. Ces associations inédites, qui s’opèrent aussi bien sur le plan formel que conceptuel, lui permettent de donner naissance à des objets matériellement et/ou formellement ambigus. Ainsi renverse-t-il volontiers l’usage courant d’un matériau, par exemple en composant de la marqueterie à partir de contreplaqué. Le travail d’Hubert Duprat se définit donc par son caractère protéiforme, chaque oeuvre étant le fruit d’une expérience spécifique à travers laquelle il rompt provisoirement avec l’acte de production artistique précédent. Le caractère hétéroclite de ses oeuvres se trouve d’autant plus renforcé qu’il procède souvent à des réemplois ou délègue la fabrique des objets à des spécialistes, ses réalisations remettant en question la sacralisation du geste de l’artiste.


Lionel Estève
Né à Lyon en 1967 et installé à Bruxelles depuis plus de vingt ans, Lionel Estève est un plasticien dont les sculptures et installations soulignent et dessinent un espace qui se veut méditatif et stimulant à la fois. À chaque exposition, il reconfigure son corpus : en effet, son travail agglomère les projets successifs et en apparence déconnectés les uns des autres. S’il est un point commun que l’artiste revendique pour ses oeuvres, il est à rechercher dans la combinaison d’une multitude de techniques et de matériaux récupérés et recyclés tels ses cailloux recouverts de filets délicats ou ses feuilles d’arbres brodées à la main. En général inspirées de motifs trouvés dans la nature comme dans le monde urbain, ses oeuvres cherchent simplement à provoquer l’émerveillement et à transporter le spectateur vers un univers énigmatique, le mystère étant selon l’artiste l’aspect le plus séduisant de l’art. Jouant avec le chatoiement des couleurs et le contraste des matériaux ou des techniques, avec une prédilection pour les effets de transparence, son travail revendique sans complexe/ ouvertement la recherche d’un plaisir visuel.


Alexandre Estrela
Né au Portugal en 1971, Alexandre Estrela explore depuis plus de vingt ans la nature et la portée de l’image et, plus particulièrement, le rapport fructueux entre l’image fixe et l’image en mouvement. Il est diplômé de la School of Visual Arts de New York ainsi que de la Faculdade de Belas-Artes de Lisbonne où il est initialement formé à la peinture et où il a enseigné. Son travail, entre arts visuels et cinéma expérimental, se distingue par la superposition d’une multitude de références et thèmes, de la science-fiction aux théories sur la perception en passant par les arts plastiques. Leitmotiv de son iconographie et de ses dispositifs techniques, le mouvement ou la rotation permet à Estrela d’approfondir les frontières apparentes entre bidimensionnalité et tridimensionnalité, entre figuration et abstraction, entre vivant et inanimé, entre le son, l’image et la matérialité. Employant l’expression de « machines de perception » pour désigner ses oeuvres, l’artiste cherche à perturber notre ouïe, notre vision, notre rapport aux objets mais aussi à l’espace : une ambition d’ordre synesthésique, revisitée dans chacune de ses installations.


Agnès Geoffray
Diplômée de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Lyon et de Paris, l’artiste plasticienne, Agnès Geoffray a été en résidence à la Rijksakademie van Beeldende Kunsten à Amsterdam (2002-2003) et pensionnaire à la Villa Médicis à Rome (2010-2011). À la croisée de la photographie, de la sculpture et des installations, telle une iconographe, Agnès Geoffray sonde, élabore et réactive les images Par le biais de mises en scène, de réappropriations ou d’associations photographiques, elle révèle un univers de tensions, latentes et mystérieuses. S’élaborant souvent au départ de sources d’archives, ses propositions résultent d’un processus de reconstruction fictionnalisée et interrogent l’idée de réminiscence. Ces images que l’on assimile malgré nous, qui s’ancrent dans nos mémoires, et véhiculent l’idée d’une intimité collective, d’un référent commun. Réactiver ce sentiment est une des modalités privilégiées de sa pratique. Son travail interroge le pouvoir évocatoire des images. À la lisière entre le poétique et le politique, elle rejoue et réinvente les images qui nous environnent quotidiennement, invitant le spectateur à reconsidérer sa mémoire.


Jonathan Monk
Né en 1969 à Leicester en Angleterre, Jonathan Monk démystifie depuis les années 1990 la création artistique en combinant contexte personnel et histoire de l’art. Il réemploie aussi bien des photographies ou documents issus d’archives familiales que des principes hérités de l’art minimal et conceptuel – cette démarche d’appropriation se fonde d’ailleurs souvent sur le remaniement d’oeuvres iconiques. S’instaure ainsi un dialogue entre l’oeuvre source – souvent contemporaine ou presque – et la nouvelle création, dialogue principalement basé sur le mode du décalage, de l’humour et de la dérision. Au-delà de la simple citation, c’est un esprit d’ordre conceptuel qui anime ses oeuvres, d’où l’absence d’unité stylistique caractéristique. Il ne se limite au demeurant pas à la dimension endogène de l’art conceptuel en intégrant volontairement des paramètres extérieurs : ainsi en est-il lorsque qu’une de ses oeuvres, par exemple, se contente d’indiquer les horaires d’ouverture de la galerie la commercialisant et s’expose à perdre tout sens une fois déconnectée de ce lieu.


Bruno Serralongue
Diplômé de l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles en 1993 et de la villa Arson de Nice en 1995, l’artiste photographe Bruno Serralongue travaille à Paris ainsi qu’à Genève où il enseigne depuis 2004 les arts visuels à la Haute École d’Art et de Design. Dès les années 1990, il s’interroge sur les processus et procédures de production et de diffusion de l’image médiatique contemporaine en tournant son attention vers les périphéries de l’information. Pour réaliser ses photographies – à l’aide, systématiquement, de l’encombrant dispositif de la chambre grand format –, il recueille puis trie les données diffusées par les médias – radio, télévision, journaux, Internet – pour ensuite proposer un témoignage différent de l’annonce qui a été faite d’un événement ou retourner sur les lieux médiatisés après qu’ils aient cessé d’être le centre de l’attention. En instaurant cette distance critique par rapport à l’événement, il questionne d’une part le pouvoir informatif de l’image et, d’autre part, remet en cause l’objectivité de son médium de prédilection, tout en s’interrogeant sur la responsabilité du photographe dans sa façon de rendre compte d’une situation.


Camila Oliveira Fairclough
De Rio de Janeiro, sa ville de naissance, à l’Afrique du Sud où elle a vécu quelques années à partir de 1999, en passant par Paris où elle a obtenu le diplôme de l’École nationale supérieure des beaux-arts en 2005, la peintre Camila Oliveira Fairclough a fondé sa pratique artistique sur son assimilation progressive de divers codes culturels et sur la conception du langage qui en a découlée. Selon elle, le langage est un réservoir de signes avant d’être porteur de signification, celle-ci lui paraissant secondaire tant elle est dépendante d’une fiction collective et contextualisée. Elle privilégie ainsi des formes connotées, déjà saturées de sens, et empruntées à la culture visuelle quotidienne et environnante : la flèche curseur d’une souris d’ordinateur, le graphisme d’une lettre recommandée, les motifs isolés d’une chemise hawaïenne… Sa peinture n’est cependant pas à être lue ou décryptée pour être comprise : lettres et signes deviennent des motifs graphiques essentiels, au même titre que les autres éléments formels de ses compositions. L’artiste joue ainsi à déconstruire l’opposition factice entre figuration et abstraction pour s’interroger sur la relation entre visible et lisible, entre signification, graphie et sonorité des mots