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“Figures du siècle de Louis XIV” Portraits gravés de Robert Nanteuil (ca. 1623-1678)
au Cabinet d’Arts Graphiques - Domaine de Chantilly

du 19 octobre 2019 au 23 février 2020



www.domainedechantilly.com

 

© Anne-Frédérique Fer, voyage et visite presse, le 14 novembre 2019.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Robert Nanteuil, Denis Talon (1628-1698), président à mortier du Parlement de Paris, 1669, 1er état. Inscriptions autour du portrait : DIONY. TALON COMES CONSISTO. ET ADVOCATVS CATHOLICVS ; au verso, au crayon : 229 – 2 état / 6900 with the devices. Signé en bas : R. Nanteuil ad viuum ping. sculpebat et excud. cum privilegio Regis. 1669. Marque de collection au verso, estampée à l’encre : HRS [Holford, Robert Stayner (Westonbirt, 1808 – Londres, 1892), collectionneur d’art ; L. 2242]. Burin ; H. 51,1 cm ; L. 43,5 cm. RN 45, GSH II.
2/  Robert Nanteuil, Armand Jean du Plessis, cardinal duc de Richelieu (Paris, 1585-1642), 1657. Robert Nanteuil, d’après Jean Morin (Paris, v. 16051659) et Philippe de Champaigne (Bruxelles, 1602 – Paris, 1674). Inscriptions au verso, au crayon : D 218 1er Etat. Signé en bas : Champaigne Pinxit Nantueil sculpebat 1657. Burin ; H. 34,7 cm ; L. 27 cm. RN 229, t. IV.
3/  Robert Nanteuil, Henri II de La Tour d’Auvergne (Sedan, 1611 – Sasbach, 1675), vicomte de Turenne, 1665. Inscriptions autour du portrait : HENRICVS DE LA TOVR DAWERGNE PRINCEPS ET VICECOMES DE TVRENNE &c. ; au verso, au crayon : Vente Behague / D 233, 2e état 1323. Signé en bas : R. Nanteüil ad viuum Pingebat Sculpebat et excudebat. Cum privilegio Regis. 1665. Burin ; H. 50,9 cm ; L. 43,4 cm. RN 46, GSH II.

 


2851_Robert-Nanteuil audio
Interview de Nicole Garnier,
conservateur général du Patrimoine, chargée du musée Condé et commissaire de l’exposition,

par Anne-Frédérique Fer, à Chantilly, le 14 novembre 2019, durée 13'02". © FranceFineArt.com

 


extrait du communiqué de presse :

 

commissariat : Nicole Garnier-Pelle, conservateur général du Patrimoine chargée du musée Condé



Pastelliste, dessinateur et graveur, Robert Nanteuil est l’un des portraitistes les plus recherchés du siècle de Louis XIV. Outre les portraits du roi et de sa famille (sa mère Anne d’Autriche, son fils le Grand Dauphin, son frère Philippe d’Orléans, etc), Nanteuil a fait les portraits des plus grands personnages de son temps : le Grand Condé, Turenne, Richelieu, Mazarin, Fouquet, etc. Qu’ils soient princes du sang, puissants ministres, parlementaires, prélats ou hommes de lettres, toute la société du siècle de Louis XIV est représentée avec une grande justesse psychologique par Nanteuil. D’une simplicité classique, d’une grande sobriété, au-delà du rendu précis des traits d’un visage, les portraits de Nanteuil révèlent la personnalité et les traits de caractère du modèle. Souvent de grandes dimensions, réalisées avec une technique d’un brio exceptionnel, ces gravures au burin sont à l’apogée de la gravure de portrait en France.

Grâce au duc d’Aumale (1822-1897), donateur de Chantilly à l’Institut de France, le musée Condé de Chantilly possède une exceptionnelle collection de plus de 360 épreuves gravées sur cuivre, provenant pour l’essentiel de la vente après décès en mai 1854 à Paris d’Armand Bertin (1801-1854), le rédacteur en chef du Journal des Débats. Le duc d’Aumale écrit le 3 mai 1854 : « Quoique je ne veuille pas me mettre à collectionner les estampes et que je ne les recherche que par occasion et pour certaines spécialités, je suis très séduit cependant par cette admirable collection de Nanteuil et par son caractère historique. » Grand collectionneur, impressionné par la technique époustouflante de Nanteuil, le duc d’Aumale a acquis plusieurs états différents d’une même gravure, provenant parfois de grands amateurs comme Pierre Mariette au XVIIe siècle, ou Alcide Donnadieu au XIXe siècle.

L’exposition présente 50 oeuvres réparties en cinq salles qui proposent un parcours chronologique retraçant la carrière de Nanteuil. Né à Reims vers 1623, fils d’un marchand de laine, élevé loin des milieux artistiques, il fait des études classiques et se forme à la gravure dans sa ville natale auprès de Nicolas Regnesson dont il épouse la soeur. Installé à Paris sans doute vers la fin de 1646, il réalise de nombreux portraits d’écrivains destinés à l’illustration de livres, recevant les conseils du flamand Philippe de Champagne, maître du portrait peint, et collaborant avec Abraham Bosse, professeur de perspective à l’Académie royale de Peinture et Sculpture. Son style subit alors l’influence du célèbre graveur Claude Mellan.

Nommé dessinateur et graveur ordinaire du roi en 1658, Nanteuil exécute 13 portraits gravés du cardinal Jules Mazarin dont une magnifique représentation du cardinal-ministre assis dans sa galerie de tableaux et d’antiques. Il travaille aussi pour le chancelier Séguier et réalise les portraits gravés des principaux acteurs de la Fronde.

Devenu dès lors le portraitiste en faveur à la cour, proche des beaux esprits de l’époque, il fait poser le roi Louis XIV qu’il peint au pastel à plusieurs reprises et qu’il grave jusqu’à douze fois, nous permettant ainsi de suivre l’évolution physique du souverain.

Propriétaire de Chantilly au XVIIe siècle, le Grand Condé est bien sûr présent avec ses attributs militaires ainsi que son cousin Turenne ou le maréchal de La Meilleraye, autres grands chefs de guerre du Grand Siècle. Autour de Condé, figurent son fils Henri-Jules, son neveu Orléans-Longueville et les écrivains qui fréquentent la cour de Chantilly tel Bossuet.

A côté du ministre Louvois, une large place est consacrée à Colbert, le tout-puissant Surintendant des Bâtiments, Contrôleur général des Finances, originaire de Reims comme Nanteuil qui le grava six fois. L’exposition s’achève sur le chef-d’oeuvre du maître, le Portrait de Jean-Baptiste Colbert (1619-1683), superbe pastel, ici confronté à la gravure qu’en tira Nanteuil en 1676 peu avant sa mort. L’exposition souligne une évolution notable chez l’artiste qui exécute ses gravures les plus tardives dans de très grands formats, donnant ainsi un réalisme et une vie extraordinaire à ces portraits au naturel grâce à une analyse psychologique du modèle.

Au total, l’oeuvre gravé de Nanteuil comprend plus de 200 portraits des membres de la cour et des dignitaires du royaume, mais seulement huit femmes (trois sont présentes dans l’exposition). Il grava douze fois le portrait de Louis XIV, deux fois celui d’Anne d’Autriche, treize fois celui de Mazarin, six fois celui de Colbert, et fit aussi le portrait de la reine Christine de Suède. Avec Nanteuil, le pastel devient un art à part entière.