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“Latifa Echakhch” Prix Marcel Duchamp 2013
au Centre Pompidou, Paris

du 8 octobre 2014 au 26 janvier 2015



www.centrepompidou.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, visite de l'exposition "L'air du temps“ avec l'artiste, Latifa Echakhch, le 6 octobre 2014.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Latifa Echakhch, La dépossession, 2014. Toile de théâtre apprêtée, peinture, tube acier et sangles. Dimensions variables. Toile : 1000 x 1000 cm. Vues de l’exposition. « All around fades to a heavy sound », kamel mennour, Paris, 2014. © Latifa Echakhch. © Photo. Fabrice Seixas. Courtesy the artist and kamel mennour, Paris.
2/  Latifa Echakhch, Tour de Babel, 2010-2011. Bois. Dimensions variables. Vues de l’exposition « Von Schwelle zu Schwelle », Museum Haus Esters, Kunstmuseen, Krefeld, 2011. © Latifa Echakhch. © Photo. Volker Döhne. Courtesy the artist, kamel mennour, Paris and Dvir Gallery, Tel Aviv.
3/  Latifa Echakhch, À chaque stencil une révolution, 2007. Papier carbone A4, colle, alcool à brûler. Dimensions variables. Vues de l’exposition « Speakers’ Corner », Tate Modern, Londres, 2008. © Latifa Echakhch. © Photo. Latifa Echakhch. Courtesy the artist, kamel mennour, Paris and kaufmann repetto, Milan.

 


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Interview de Latifa Echakhch,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 6 octobre 2014, durée 10'20". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

commissariat : Jean-Pierre Bordaz,
conservateur au musée national d’art moderne, service des collections contemporaines.




Le Centre Pompidou présente, une proposition de Latifa Echakhch, lauréate du Prix Marcel Duchamp 2013, à l’Espace 315.

Latifa Echakhch conçoit pour le Centre Pompidou un projet spécifique qui s’inscrit à la suite des expositions « Latifa Echakhch. Goodbye Horses » au Kunsthaus Zurich, « The scene takes place » à la galerie Eva Presenhuber en 2013, et « All around fades to a heavy sound » à la galerie kamel mennour cette année. Dans ces dernières expositions, Latifa Echakhch proposait une certaine idée du cirque, du spectacle, devenus spectacles fantômes, désertés par le public et les performers à la suite de "on ne sait" quels événements, quels désastres...

Pour l’Espace 315, l’artiste place de nouveau au centre de ses réflexions les notions de scène, de décorum et de trace. Composée de plusieurs éléments sculpturaux, l’exposition s’impose comme un ensemble. L’artiste s’attache à bâtir une scène dramatique. En jouant sur l’envers du décor, l’ensemble propose un panel de significations et d’interprétations, allant d’une matérialité décevante à des images de paysages mentaux. Entre ciel et terre, Latifa Echakhch transforme le lieu en un paysage dense et onirique, figé entre chien et loup.

Au fil de ses déambulations, le visiteur découvre alors différents fragments d’histoire, des objets presque dérisoires, des souvenirs d’enfance puisés dans les tréfonds d’une mémoire et plongés dans l’encre noire.

« Le jury a été sensible à la manière dont Latifa Echakhch sait activer le potentiel de l’espace qu’elle investit en faisant appel à des éléments aisément reconnaissables, a précisé Alfred Pacquement, président du jury. Son oeuvre entre surréalisme et conceptualisme questionne avec économie et précision l’importance des symboles et traduit la fragilité du modernisme. L’artiste ne force pas à une lecture obligée de ses oeuvres qui gardent une signification ouverte, sans dogmatisme. »

L’artiste a été récompensée pour l’ensemble de son parcours qui a été présenté au jury du Prix Marcel Duchamp par son rapporteur, Rein Wolfs, Directeur du Art and Exhibition Hall of the Federal Republic of Germany à Bonn. Elle succède au duo Dewar&Gicquel, lauréats du Prix Marcel Duchamp 2012. Latifa Echakhch est représentée par la galerie parisienne kamel mennour et plusieurs galeries étrangères : kaufmann repetto à Milan; Dvir Gallery à Tel Aviv et Galerie Eva Presenhuber à Zurich.



Latifa Echakhch par Rein Wolfs

Avec ses oeuvres précises et minimales, Latifa Echakhch construit des associations signifiantes. Dans sa praxis de l’exposition, Latifa Echakhch conçoit la plupart du temps l’espace muséal dans sa globalité tel un bloc qu’elle peut soit investir avec une grande oeuvre installative dont chaque élément est interdépendant, soit transformer en une narration singulière grâce à des gestes aussi personnels que précis. Souvent, à partir des matériaux les plus simples et d’agencements minimaux, elle réussit à aménager dans l’espace des oeuvres dont la puissance formelle ne s’encombre pas de références humaines ou poétiques, émotionnelles ou politiques, historiques ou interculturelles. Au contraire,une réelle plus-value d’interprétations et d’associations surgit à chaque fois en connectant de manière différente les pièces d’une exposition. L’artiste charge souvent ses oeuvres de significations politiques cachées, qu’elles soient historiques ou actuelles. De temps à autre, ses origines marocaines jouent un rôle, mais il est en général plutôt limité. Si Latifa Echakhch est née en 1974 à El Khnansa, au Maroc, elle a grandi dans les Alpes françaises.Après un long séjour à Paris, elle vit et travaille aujourd’hui de nouveau, depuis plusieurs années, dans la région alpine – cette fois-ci du côté suisse. Les significations politiques peuvent apparaître au sein de son travail lorsqu’elle se confronte, par exemple, sous un angle poético-onirique, à l’histoire du conflit entre Israël et les territoires palestiniens. Ou encore, à la Biennale de Venise, lorsqu’elle simule la lutte pour l’identité nationale au sein des pavillons nationaux avec des forêts de mâts (porte-drapeaux) sans drapeaux (Fantasia [Empty Flag], 2011). Ou enfin, lorsque, sous le titre À chaque stencil une révolution (2007), elle habille les murs d’un espace d’exposition en les recouvrant entièrement de papier carbone et qu’elle laisse s’échapper, des murs vers le sol, grâce à l’utilisation d’un diluant agressif, des coulures bleues issues du calque carbone. Echakhch combine ici la révolution bleue d’Yves Klein à la valeur historique des tracts appelant à des bouleversements politiques. Echakhch lie différentes expériences sensorielles les unes avec les autres de façon synesthésique, en s’inscrivant également dans une tradition romantique et surréaliste. La musique est suggérée par le biais d’une gamme engendrée au moyen de systèmes permettant d’accrocher des images à différentes hauteurs, à l’instar d’une partition (Morgenlied, 2012) ; la numérotation des innombrables résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies est détournée de sa mission première par une musicienne, d’après la technique des douze tons élaborée par Schönberg dans une composition pour piano enveloppant l’espace (Résolution, 2009 - in progress). La manière de travailler de Echakhch est associativo-raisonnée et poético-perturbante. Sitôt que semble s’imposer partout une beauté inconditionnelle, un élément perturbateur est intégré ; et quand un système risque de devenir facilement prévisible, elle introduit dans le jeu une stratégie permettant de le contrer. Par celle-ci, elle assène toujours à son art l’empreinte de son obstination, ce qui incite à une réception attentive.

L’art de Latifa Echakhch est simplement précis et segmenté, minimal et émotionnel, esthétique et profond.