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Livres

 

“Jour blanc” dessins d'Alexis Gallissaires

Editions Allia

 

https://www.editions-allia.com/fr/livre/809/jour-blanc

 

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légendes de gauche à droite
1/ Couverture de Jour Blanc, dessins d’Alexis Gallissaires. © Editions Allia, Paris, 2018.
2/ Portrait d’Alexis Gallissaires. © DR.

 


texte de Julie-Marie Duro, rédactrice pour FranceFineArt.

 

Moi qui ne connais rien au dessin, voilà que me vient l’idée d’écrire sur le dernier livre d’Alexis Gallissaires, l’homme qui s’était donné pour ambition de dessiner une rivière. Ses traits fins et veloutés m’attirent tout autant qu’ils me repoussent. L’histoire m’intrigue. Elle a l’air sombre. J’ai l’objet dans les mains. Il est lourd, difficilement manipulable. Le texte est coupé en deux par le pli du papier ; impossible de le lire ailleurs que sur une table. Loin d’être une succession d’images autonomes, les tableaux s’enchaînent en une fresque unique et circulaire de près de dix-sept mètres de peurs et d’angoisses en gris presque trop clair. On plonge ainsi petit à petit dans les entrailles rongées du narrateur – voire, qui sait, de son auteur. « Je ne voulais pas qu’il y ait de blanc. Mon travail ça doit être une cocotte-minute ! Il n’y a dans la peur aucune place pour de l’oxygène. J’ai envie que ça prenne au ventre. »

Le dessin d’Alexis Gallissaires est minutieux, demande du temps et appelle à une certaine exigence de lecture, exigence que l’artiste s’impose d’abord à lui-même dans un processus créatif lent et en continuel mouvement. « Je n’aime pas vraiment dessiner et c’est pourtant ce que je fais toute la journée. C’est ma façon à moi de me confronter à ce qui se passe dans ma tête. » Dessiner est pour le jeune artiste une manière de s’adapter aux réalités du monde, de créer de nouveaux territoires de pensée. Une plaine de jeux où les erreurs sont acceptées. « En dessinant, il y a quelque chose qui t’échappe. Et c’est là que tu apprends. »

Jour Blanc est un mélange de contrôle et de lâcher-prise avec pour trame de fond un questionnement sur la liberté dans ce qu’elle a de plus effrayant. C’est la peur des possibles et de ce qu’on fait vraiment. C’est l’angoisse de la vie de tous les jours et de ses objets qui prennent de plus en plus d’ampleur, se démultiplient et nous envahissent de peurs. Jour Blanc, c’est la paranoïa du quotidien, le scénario qui sert à justifier l’angoisse où même les hamsters deviennent une menace.

Julie-Marie Duro

 


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3/ 4/ 5/ Dessins d’Alexis Gallissaires, extraits de Jour Blanc. © Editions Allia, Paris, 2018.