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Tailler n’est pas sculpter…
Ma première rencontre avec Pauline Genty, jeune femme de 26 ans, tailleur de pierre, s’est passé l’hiver dernier sur le chantier de restauration du Pavillon Central et de la Façade Nord des Invalides.
Par l’aspect historique des Invalides, corps de bâtiment situé au cœur de Paris et construit au 17e siècle sous le règne de Louis XIV par Libéral Bruand et Jules Hardouin-Mansart, j’avais une idée très imaginée du tailleur de pierre.
Dans mes souvenirs de lecture, par le roman historique de Ken Follett, Les Piliers de la terre, ma vision du tailleur de pierre était purement masculine et complètement liée à la construction des cathédrales, à la prouesse et à la force de l’homme, à l’imagerie des pierres dentelées de la période gothique… Dans mon ignorance du métier, j’englobais plusieurs métiers sous le même intitulé de tailleur de pierre, alors que dans la réalité, le monde de la pierre est très compartimenté. Il y a donc le tailleur de pierre, qui taille la pierre mais en fonction de la nature de la pierre, le métier est différent. Pour le marbre, vous êtes marbrier, il travaille la pierre en tranches et non en volume. Il y a aussi l’ornemaniste qui taille des ornements, l’imagier fait des sculptures en ronde-bosse, le sculpteur crée des formes selon son imaginaire, figuratives ou non, l’appareilleur prépare les panneaux et les gabarits pour le tailleur de pierre, le poseur lui est responsable de la pose de la pierre dans l’édifice. Le métier de tailleur de pierre est donc bien différent de mon imaginaire, et je mélangeais tailler et sculpter. Le tailleur de pierre construit l’édifice lorsque le sculpteur le décore.
Au 21e siècle, la réalité du métier de tailleur de pierre est toujours aussi compartimenté mais il a évolué. D’abord, on ne construit plus en pierre, trop cher, trop long… Le tailleur de pierre a donc développé de nouvelles missions dont l’une des principales est la restauration de bâtiments classés Monuments Historiques. Ensuite, la main de l’homme, toujours présente et essentielle, est assistée par la technologie, des machines de découpes, des ordinateurs. Et puis le métier se féminise… Pauline Genty n’est pas une exception, lors de ma visite à l’atelier de l’entreprise Lefèvre où elle exerce son métier, même si ses collègues sont majoritairement des hommes, elle n’est pas la seule femme. Ce jour-là, elles étaient 2. Et si on regarde l’organigramme de la formation du brevet professionnel tailleur de pierre des monuments historiques supervisée par le GMH (groupement des entreprises de restauration des monuments historiques) sur les 23 étudiants actuellement en formation, 3 sont des femmes.
Mais pour revenir à ma rencontre avec Pauline Genty, dans la fraîcheur de ce métier qu’elle pratique depuis peu, elle obtient son brevet professionnel tailleur de pierre des monuments historiques en septembre 2016, elle nous dévoile ses motivations et sa vision du métier de tailleur de pierre.
Anne-Frédérique Fer
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