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“Saint-Louis de Vincennes” les métiers du patrimoine, épisode n°12
Restauration d’un monument historique

 

vincennes-saint-mande.catholique.fr/accueil/paroisses/saint-louis-de-vincennes/histoire-de-leglise-de-st-louis-de-vincennes
 
www.fondation-patrimoine.org/les-projets/eglise-saint-louis-de-vincennes
 
monumentum.fr/eglise-saint-louis-vincennes-pa00133019.html

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Légendes de gauche à droite :
1/  Vue intérieure - nef unique, en forme de croix grecque [détail avec focus sur fresques de Maurice Denis] - Saint-Louis de Vincennes. Photographie © Jean-Marc Facchini.
2/  Vue intérieure - baies de pavés de verre coloré conçues par les architectes Jacques Droz & Joseph Marrast et réalisées par la société Saint-Gobain, et orgue - Saint-Louis de Vincennes. Photographie © Emmanuel du Bourg.
3/  Vue intérieure - nef unique, en forme de croix grecque - Saint-Louis de Vincennes. Photographie © Jean-Marc Facchini.

 


Classé monument historique en 1996, l’histoire de l’église Saint-Louis de Vincennes commence en 1912 quand les architectes Jacques Droz (1882-1955) et Joseph Marrast (1881-1971) remportent le concours pour l’édification de ce bâtiment religieux. Dès le départ, les deux architectes décidèrent d’en faire un espace d’expression artistique de premier ordre et interdisciplinaires où en intégrant différent corps de métiers comme des ferronniers, des céramistes mais aussi des peintres et des sculpteurs, ils inscriront le bâtiment dans le renouveau de l'art chrétien de la première moitié du XXe siècle.

Dans sa chronologie de construction, les travaux commencèrent en 1914, ils seront interrompus par la Première guerre mondiale, pour reprendre en 1919 et se terminer en 1924.

L’inscription de Saint-Louis de Vincennes dans le renouveau de l'art chrétien est également dû à une innovation technologique du milieu du XIXe siècle avec le ciment armé, où le premier brevet de ce matériau est déposé en 1867 par Joseph Monier (1823-1906), horticulteur qui avec ce mélange, un système à base de fer et de ciment-calcaire, d'argile et de sable, confectionne des bacs à fleurs.

Dès la fin du XIXe siècle, ce nouveau matériau révolutionnaire, par la rapidité de sa mise en place et de sa structure, sera abondement utilisé pour la construction d’immeubles. Jacques Droz et Joseph Marrast, dans l’idée d’une architecture simplifiée, feront le choix d’utiliser le béton armé pour la construction de l’église, et notamment pour sa structure avec ses deux paires d’arcs, ancrés dans le sol, coupant perpendiculairement et délimitant une nef unique, en forme de croix grecque.

Par cette construction en plan centré d'inspiration byzantine qui est l'un des premiers exemples d'architecture religieuse exploitant les possibilités constructives du béton armé alliant modernité et recherche de la simplicité de l'église primitive, Saint-Louis de Vincennes poursuit dans l’innovation et la modernité avec des décors incrustés à même la structure du béton.

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4/ 5/ 6/  Maurice Denis, détail fresque de Saint-Louis de Vincennes - Le roi Louis IX rendant la justice dans la forêt de Vincennes, 1923-1927. Photographie © Clément Guillaume.

 

Ce décor de qualité exceptionnelle est réalisé en partie par des artistes des Ateliers d'Art Sacré créés par Maurice Denis en 1919. Les peintures seront réalisées par Maurice Denis, avec notamment la grande fresque historique de l’abside représentant la glorification de Saint-Louis, ainsi qu’Henri Marret pour le chemin de croix. Maurice Dhomme réalisera l’ensemble des décors en céramique notamment le maître-autel et la chaire. Raymond Subes réalisera les grilles en fer forgé à l’entrée et devant les statues, ainsi que les portes des chapelles latérales et du tabernacle et les grilles de la table de communion. Et quant à Carlo Sarrabezolles, spécialiste de la sculpture sur béton, il réalisera la statue de Saint-Louis.

Si en 1912, début du projet de l’église Saint-Louis de Vincennes, le béton armé est un matériau innovant, plus de cent ans après son édification, on constate l’apparition de nombreuses dégradations importantes qui pourraient amener l’édifice à être en péril. C’est pourquoi, après plusieurs travaux d’urgence démarrés en 2012, 2018 est le commencement d’un vaste chantier de sauvetage, de rénovation et de mise en valeur, qui sera mené par Pierre Antoine Gatier, architecte en chef des monuments historiques.

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7/ et 9/  Maurice Dhomme, détail de la chaire de Saint-Louis de Vincennes, céramique. Photographie © Clément Guillaume.
8/  Maurice Dhomme, maître-autel de Saint-Louis de Vincennes, céramique. Photographie © Clément Guillaume.

 

Au moment du lancement des recherches de financement, le grand enjeu de la restauration de Saint-Louis de Vincennes est de redonner vie au grand rêve fondateur de Droz et Marrast, à cette association intime entre l’architecture et son décor, où selon Pierre Antoine Gatier, pour respecter la cohérence de l’édifice, il va falloir traiter tout à la fois, donc réaliser un projet global. De ce constat, l’architecte en chef des monuments historiques compare l’église à une coquille d’oeuf, à une sorte de grand vide qui est limité par une paroi mince périphérique. Cette paroi, façade à l’extérieur, est également, à l’intérieur, le support d’une peinture murale. C’est donc cette coquille, que la campagne de restauration va devoir traiter, consolider, étanchéifier pour qu’il n’y est plus de désordre à l’intérieur, sur les peintures murales.



Pour mieux cerner les enjeux de cette restauration, FranceFineArt a rencontré Monseigneur Michel Santier, évêque de Créteil, mais surtout Pierre Antoine Gatier, architecte en chef des monuments historiques. Nous vous invitons à écouter leurs entretiens.

Anne-Frédérique Fer

 

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Interview de Monseigneur Michel Santier, évêque de Créteil,
par Anne-Frédérique Fer, à Vincennes, le 11 octobre 2018, durée 6'41". © FranceFineArt.

 


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Interview de Pierre Antoine Gatier, architecte en chef des monuments historiques,
par Anne-Frédérique Fer, à Vincennes, le 11 octobre 2018, durée 11'00". © FranceFineArt.

 


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10/  Henri Marret, fresque de Saint-Louis de Vincennes – numéro VIII des quatorze stations du chemin de croix, 1921. Photographie © Clément Guillaume.
11/  Henri Marret, fresque de Saint-Louis de Vincennes – numéro XIII des quatorze stations du chemin de croix, 1921. Photographie © Clément Guillaume.
12/  Henri Marret, fresque de Saint-Louis de Vincennes – numéro II des quatorze stations du chemin de croix, 1921. Photographie © Clément Guillaume.